Dans la situation qui prévaut actuellement en Algérie, il ne pourrait pas y avoir de solution miraculeuse à la crise. Et surtout, il ne faut pas s’attendre à ce que le salut vienne, du moins dans la première phase de transition, de ceux qui ont usurpé le pouvoir depuis 1962. En fait, entre un pouvoir qui ne pense qu’à sa survie, une opposition qui peine à porter le renouveau et une population tétanisée, l’espoir semble fuir cette terre qui a payé un lourd tribut pour sa libération. Cela dit, si ces deux dernières catégories ont leur part de responsabilité pour avoir notamment abandonné le pays aux prédateurs, celle de l’inamovible régime est totale.

De toute évidence, et dans l’état actuel des choses, l’urgence n’est pas d’incriminer tel ou tel dirigeant. Et pour cause ! La crise qui menace les fondements de l’État est telle que les efforts doivent converger vers le sauvetage du pays. Une solution qui ne peut-être trouvée qu’en associant toutes les strates de la société. Et ceux qui pensent que le régime doit être écarté en tant qu’acteur, au même titre que l’opposition et la société civile, se trompent de diagnostic.

Bien que le régime fasse tout son possible pour rester le seul maitre du jeu, il faudrait laisser de coté les démarches revanchardes et placer l’intérêt de l’Algérie au dessus de toutes les considérations. Mais, dans cette quête de la solution, le régime ne doit pas être ménagé. Il faudrait qu’il sache que la crise actuelle est due à son entêtement à exclure le peuple algérien de la gestion de ses affaires.

Ainsi, en s’ouvrant au dialogue, l’opposition et la société civile parviendront à isoler, dans l’intérêt du pays, les manœuvriers et les comploteurs qui empêchent que le changement ait lieu en Algérie. Car, bien qu’ils aient réussi à faire réélire un homme grabataire à la tête de l’État, dont les capacités physique et mentale sont anéanties par la maladie, face à la mobilisation générale, ils ne feront pas le poids. Ainsi, la sagesse populaire sauvera le pays de la crise, conséquence de la gestion catastrophique du régime.

Toutefois, pour y parvenir, le changement effectif –certains se focalisent sur l’après Bouteflika –devra mettre en échec les prédateurs de tout acabit. Pour cela, estime le doyen des militants des droits de l’homme, dont il est inutile de citer le nom, « il est du devoir de l’opposition d’agir dans l’urgence pour refuser la fatalité du pouvoir considéré comme un legs, afin d’épargner à notre pays meurtri par plus de 10 ans de sang et d’instabilité la tragédie libyenne, l’impasse égyptienne ou le drame syrien. »

Tout compte fait, si la société civile et l’opposition n’interviennent pas, la succession se fera en catimini et surtout au détriment des intérêts de l’Algérie. Et si les Algériens ne se rendent pas compte de cette urgence à sauver le pays, ils n’ont qu’à dresser le bilan du régime depuis l’indépendance. Ils constateront que celui-ci œuvre dans l’intérêt du groupe lui permettant d’assurer sa pérennité.

Enfin, qu’ils le veuillent ou non, ceux qui réclament l’application de la l’article 88 [la destitution du président] donnent au régime l’occasion d’organiser la succession en dehors du peuple. C’est peut-être le rôle que veut jouer une certaine opposition, un rôle qu’elle maitrise si bien pour avoir secouru le régime dans les moments difficiles, comme en janvier 1992.

Pour conclure, il va de soi que l’Algérie ne peut pas se permettre le luxe d’attendre des années en vue de concrétiser le changement tant espéré par plusieurs générations. Cela dit, il ne faudrait pas que cela se fasse dans l’exclusion d’une quelconque partie. En ce sens, la démarche de la CNTLD risque de créer une confusion. En effet, en excluant le pouvoir, il faudrait qu’ils imposent ensuite leur solution. Hélas, ce n’est pas sûr que le régime admette son départ sans livrer une bataille féroce.  En revanche, en réunissant tous les acteurs autour d’une même table –ne faudrait-il pas que l’opposition montre qu’elle fédère les forces nationales en vue d’un changement pacifique –, cela évitera à l’Algérie les scénarii catastrophiques.

Boubekeur Ait Benali
26 avril 2015

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