Dans les pays où l’intérêt national constitue la principale préoccupation de la classe politique, la solution préconisée par le FFS, consistant à créer les conditions d’un consensus sur les questions fondamentales, est le dénominateur commun entre toutes les formations politiques. En Algérie, force est de constater que la classe politique ne parvient pas à s’entendre sur ce minimum politique requis. En fait, entre un pouvoir faisant de l’Algérie sa propriété privée et la CNTLD invoquant la déposition de Bouteflika par un coup d’État militaire –donc, elle ne souhaite pas la fin du système militaire –, la voie prônée par le FFS est perçue comme une initiative attentatoire à leurs intérêts.

Alors qu’elle se réclame de l’opposition, la CNTLD, dont certains de ses membres ont fait partie de l’alliance présidentielle jusqu’à mars 2014, rejette dans le fond et dans la forme la démarche du FFS. Cela rappelle étrangement la réponse des éradicateurs aux propositions de sortie de crise en 1995, contenues dans la plateforme de Sant Egidio. Pour les amnésiques, faut-il rappeler, encore une fois, que les actuels membres de la CNTLD et le régime n’en faisaient qu’un même groupe à l’époque.

Quoi qu’il en soit, bien que ces acteurs se soient séparés sur des malentendus secondaires –Ali Benflis ne rêve ni plus ni moins qu’à remplacer Bouteflika –, le régime ne change pas un iota de sa stratégie. En un mot, celle-ci se résume au mépris du peuple algérien. Sinon, comment expliquer qu’en 13 ans, les révisions de la constitution sont taillées pour satisfaire l’égo du monarque Bouteflika. Pour accomplir ces sales besognes, un nom revient tel un leitmotiv, Ahmed Ouyahia. Ainsi, après avoir vendu le projet constitutionnel en 1996, en tant que « premier ministre », où il a vanté les mérites de la limitation des mandats présidentiels à deux, le même Ouyahia est revenu, en novembre 2008, pour soutenir le contraire. En 2015, il propose carrément l’inverse de ce qu’il a soutenu en 2008, c’est-à-dire ce qu’il avait défendu en 1996. Ainsi, dans l’histoire contemporaine de notre pays, les dirigeants algériens ne défendent une cause que pour trahir une autre.

Cependant, malgré le climat hostile, l’espoir n’est pas pour autant mort, pour reprendre l’expression de Hocine Ait Ahmed. Car, depuis deux ans, le FFS ne lésine pas sur les efforts en vue d’instaurer une pratique politique faisant défaut au pays depuis belle lurette : le dialogue. Malheureusement, les dirigeants ne sont pas prêts à sacrifier leurs intérêts au profit de la stabilité du pays. Dans ce cas, que doit faire le FFS ? Après les refus des partis du pouvoir, va-t-il tirer les leçons de ces blocages ou va-t-il continuer, comme si de rien n’était, dans la même voie. C’est à toutes ces questions que les animateurs du meeting du 18 avril vont peut-être répondre. Mais, faut-il aussi admettre que du temps où Hocine Ait Ahmed était à la tête du FFS, on était jamais à se poser ce genre de questions.

Pour conclure, il va de soi que la solution à la crise politique que vit le pays ne peut être que pacifique. Toutefois, si le régime se maintient par des élections truquées, il faudra créer une dynamique citoyenne pour pousser le régime à restituer le pouvoir au peuple. Du coup, la réussite du meeting du 18 avril devra en appeler d’autres meetings dans les autres wilayas du pays, seul moyen de créer un rapport de force en vue d’un changement pacifique en Algérie.

Boubekeur Ait Benali
12 avril 2015

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