La dernière sortie médiatique d’Amara Ben Younès, président du MPA, ne peut étonner que ceux qui croient à la bonne foi du régime. À vrai dire, son refus de prendre part à la conférence nationale de consensus est une suite logique aux réponses du FLN et du RND. Bien qu’il donne l’impression de décider en toute autonomie –son autonomie au régime est proportionnelle à celle de l’esclave par rapport à son maître –, les observateurs savent qu’Amara Ben Younès a vendu son âme depuis belle lurette.

Cela dit, s’il existe une initiative qui met mal à l’aise le régime, et ce, depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, c’est bien celle du FFS. Et pourtant, cette initiative est pensée pour que des scénarios vécus en Afrique du Nord ne se répètent pas. À ce moment-là, rappelons-nous,  la réaction du régime invoquait l’apaisement. On entendait même des dirigeants dire que l’Algérie avait fait sa révolution en octobre 1988. Et si jamais il y avait un quelconque mal-entendu, il faudrait le résoudre pacifiquement. Pour couronner le tout, le chef de l’État a déclaré, à Sétif le 8 mai 2012, que sa génération devait céder sa place à la nouvelle génération. Hélas, dès que le danger est passé, le régime renoue avec ses anciens réflexes.

Néanmoins, le régime ne s’attend pas à ce que le FFS le pousse dans ses derniers retranchements. En fait, s’il est facile de dénigrer une certaine opposition appelant au coup d’État ou à une élection présidentielle anticipée, il n’en est pas de même quand il s’agit d’une initiative pacifique plaçant l’intérêt de l’Algérie au-dessus de tout calcul politicien. Du coup, pour ne pas participer, les représentants du régime avancent des arguments farfelus tels que la définition de l’ordre du jour, la présidence de la conférence ou les noms des acteurs qui pourraient y participer.

Ainsi, pour éviter de parler des vrais problèmes de l’Algérie, Amara Ben Younès évoque  l’éventuelle présence de certains acteurs politiques, à l’instar des anciens de l’ex-FIS.  Parmi ces derniers, on cite souvent Madani Mezrag. Or, bien que ce dernier soit l’interlocuteur privilégié du pouvoir –le numéro 2 du DRS en 1997 s’était rendu au maquis pour négocier avec lui et Ahmed Ouyahia l’a invité à la présidence en tant que personnalité nationale –, les représentants du régime peuvent renier facilement leurs amitiés en vue d’empêcher ou de contrarier d’autres initiatives.

Enfin, est-ce que ces défections vont-ils remettre en cause la tenue de la conférence nationale ? La réponse est évidemment non. Toutefois, celle-ci ne peut pas être consensuelle dans la mesure où ni le pouvoir réel, ni même ses relais à l’intérieur ou à l’extérieur du sérail ne prendront part à la rencontre. Mais, cela ne doit pas empêcher les autres organisations de se réunir en vue de débattre librement des maux de l’Algérie.   

Boubekeur Ait Benali
15 mars 2015

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