Cette modeste contribution au débat lancé par Madame Salhi Safia que je remercie et salue, avec ma gratitude à notre cher Si Abdelkader Dehbi, le veilleur, toujours debout au milieu des ruines.

Tout l’article de Boukrouh trahit son « oubli » de l’enseignement de Bennabi.

Avant même de commencer sa réflexion sur la société musulmane, Bennabi a d’abord réglé le problème primordial de l’authenticité de l’islam et du Coran.

Il a donc écrit le « Phénomène Coranique« .

Bennabi a mis toute son énergie à établir et prouver qu’il n’y a pas mieux que l’islam, qu’il n’y a pas mieux que le Coran.

Et il a réussi, et surtout il nous a transmis sa passion pour la religion du Prophète (S). Dans les années 1930, il a prononcé sa première conférence publique, dont nous avons perdu le contenu, mais dont nous avons gardé le titre : « Pourquoi sommes-nous musulmans ?« .

Ce titre à lui seul résume aussi la problématique qui est celle de la société musulmane actuelle. Si nous ne savons pas pourquoi nous sommes musulmans, si nous n’avons pas assez de motivations pour rester musulmans, c’est que nous sommes faibles, c’est que nous avons été atteints par les tirs de la lutte idéologique, thème important de la pensée bennabienne.

Après avoir écrit le « Phénomène Coranique« , Bennabi n’est plus jamais revenu sur le sujet de la vérité coranique et de la mission du Prophète (S).

Méthode et rigueur scientifique s’il en fut.

Désormais c’est sans complexe que Bennabi va entreprendre sa mission de philosophe de l’histoire de l’islam et de la société musulmane.

Il ne mettra plus en cause que les hommes et les institutions.

Boukrouh a « oublié » tout cela. A force de fréquenter le pouvoir dont il dénonça jadis l’incurie et le khéchinisme. Il a goûté au fruit défendu. Pas besoin de parler de trahison à son propos. Ce serait lui attribuer une dangerosité qu’il n’a pas.

Il ne nuit qu’à lui-même.

Première intervention de la « Némésis des idées trahies » : son article a été repris et publié dans un site internet qui proclame clairement son rejet de la Sharia. Ne pas réagir à cela relève de l’inconscience, de l’ignorance. Pas besoin d’ajouter : de la lâcheté.

C’est la preuve que son écrit a intéressé non pas des musulmans, mais les détracteurs du Coran. Il ne fleure pas bon l’islam : il n’attire que les mouches.

Ce serait encore accorder une importance à la personne de Boukrouh qui s’empêtre dans un filet dont il a lui-même tissé les mailles.

Il est le premier à subir les effets de sa propre lâcheté.

S’il avait un petit grain de ghayra pour l’islam, s’il savait ce qu’est la Sharia pour les musulmans, il aurait aussitôt écrit aux responsables du site pour exiger d’eux qu’ils retirent immédiatement son article, pour ne pas s’impliquer dans le complot anti-islamique.

Toute l’œuvre de Bennabi a consisté à séparer le problème de l’authenticité de celui de l’efficacité. C’est le B, A, Ba de Bennabi.

Penser qu’en réorganisant l’ordre des sourates, on pourrait améliorer le sort des musulmans ou rendre l’islam plus accessible aux non-musulmans, c’est proclamer qu’on n’a rien compris à Bennabi. D’ailleurs Boukrouh a-t-il jusqu’ici étudié exhaustivement le Coran, dans sa version actuelle, pour s’autoriser à réclamer une modification du Coran ?

Le problème de Boukrouh consiste simplement en la faiblesse de son caractère, faiblesse qu’il partage avec beaucoup d’autres intellects-tueurs « musulmans ». Ils rêvent d’occuper un poste haut placé.

Ils ont perdu la foi. Et ils veulent le crier aux Occidentaux dans l’espoir d’obtenir d’eux quelque faveur.

Mais faire ça en 2015, c’est le comble ! Ne voyez-vous pas qu’en dépit de toute notre faiblesse matérielle, notre religion intéresse encore plus les occidentaux.

Boukrouh est devenu comme ces « nationalistes » algériens qui allaient quémander en France, ce qu’ils pouvaient prendre de force chez eux.

Boukrouh n’est pas vraiment intéressé par la vérité ou la fausseté d’une idée. Il n’est pas dans un débat d’idées. Comme tant d’autres, il me semble qu’il est dans la séduction, dans l’art d’attirer l’attention sur sa pauvre personne. A son insu peut-être, il fait partie de ceux que seule intéresse la récompense dans ce monde : va-t-on lui reconnaître enfin ses mérites pour le recaser comme ministre ou ambassadeur, lui qui ronge son frein depuis qu’il ne tète plus à la mamelle haram du pouvoir.

Mais trouvera-t-il preneur ? That is the question!

Boukrouh est le symbole du dernier post-almohadien, pire que le za’îm post-almohadien qu’a décrit Bennabi, et qui parvenait au « sommet » (monticule) du pouvoir par quelque zerda en vendant des promesses. Il veut innover en testant une idée neuve : faire des promesses aux puissances de ce monde, à l’œuvre en Algérie, pour qu’elles lui dénichent un passe-temps plus profitable que celui qu’il vit en ce moment. En échange, il est prêt à participer au complot contre le Coran ; aucun post-almohadien ne l’avait encore fait.

Tomber si bas pour si peu et en ce moment où certes le danger est le plus grand, mais où aussi le salut est le plus proche, comme l’a dit quelqu’un !

Tous les musulmans ont compris que l’Occident n’a plus rien à donner, ni poste ni largesses.

Il faut être aveugle pour espérer obtenir de lui quelque chose dans son état actuel.

Autre point : les Occidentaux sont en train de rentrer dans l’islam, et tout ce qui se fait comme manipulations dans leurs pays ne vise qu’à retarder cette islamisation lente mais inéluctable, pas à l’empêcher.

Et c’est le moment que choisissent des « musulmans » qui ont perdu la foi pour aller proposer leur service à des sites dont les lecteurs principaux sont eux-mêmes des Occidentaux en quête de vérité sur l’islam.

Je comprends que la lutte idéologique fasse rage. Je sais que les attaques contre l’islam sont devenues si impitoyables qu’il y a lieu d’avoir peur. Je comprends que certains soient tentés de déserter leurs postes de combat.

Il faut cependant garder sa foi, ne pas douter.

« Croyez-vous qu’on vous laissera dire : ‘je suis croyant’, sans que vous soyez mis à l’épreuve ? » (sourate 29, l’Araignée, verset 2)

Des forces s’emploient à rendre l’islam de plus en plus illisible. Tous les jours, on invente un truc nouveau pour le dénigrer et le rendre incompréhensible en ajoutant de la confusion…

Mais il est dommage que Boukrouh qui a pourtant lu et édité Bennabi ait complètement oublié la « La Lutte idéologique », principal thème de sa pensée. Il participe avec ferveur à cet obscurcissement.

Au lieu de relever le défi, de tenter d’apporter un éclairage à ses coreligionnaires, d’éclaircir la situation pour renforcer notre foi, il préfère faire partie de ceux sont prêts à fuir le bateau de l’islam qui est pourtant l’arche de Noé, l’arche de salut. Il voudrait attacher sa barquette au porte-avion de l’Occident.

Avant de mourir, Bennabi avait laissé une note où il disait qu’il avait porté le lourd fardeau de l’islam dans son cœur et espérait que d’autres le porteront plus loin.

De quoi as-tu peur Boukrouh ? Pourquoi refuses-tu de souffrir un peu pour Dieu en échange de l’éternité au Paradis ? Pourquoi refuses-tu de porter la part de charge qui te revient, d’autant plus que c’est la charge la plus honorable qui soit donnée aux hommes et aux femmes : servir Dieu et Son Prophète (S). De quoi as-tu peur ?

Tout cela n’est qu’épreuve. Il s’agit d’un examen !

Tu seras noté.

Pourquoi fuir ? Où fuir ? C’est l’heure cruciale.

Relis le Coran, tant qu’il est écrit dans son ordre actuel. A qui veux-tu faire plaisir à écrire tes inepties ?

Au pire, observe le silence.
 
Il y a des traditions selon lesquelles le temps viendra où continuer à se dire musulman équivaudra à porter une braise dans la paume de la main.

Où est le courage de la foi ?

Comment lâches-tu l’islam au moment même où sa vérité devient de plus en plus éclatante ?

Nous entrons dans une nouvelle phase héroïque de l’islam. Sachons en bénéficier, en témoignant pour notre foi.

Non, les musulmans ont de graves problèmes avec eux-mêmes, pas avec l’ordre des sourates ni avec la disposition des versets. Et les sources de leur religion, le Coran et le Hadith, sont les plus authentiques qui soient, surtout quand on les compare aux sources des autres religions actuelles qui voudraient passer pour plus authentiques que l’islam.

Tout le monde le sait, surtout en Occident.

Nous n’avons pas de problème avec le Coran qui est le Livre révélé le plus indiscutable au monde, sur lequel ne pèse aucune espèce de doute.

Si Dieu nous le permettait, nous aurions pu fouiller les autres écritures dites révélées et les tourner en dérision. Mais notre morale nous l’interdit.

Nous faisons face au problème de l’ignorance de notre élite dont tu as failli faire partie. Ignorance de notre jeunesse manipulée, abandonnées aux loups, et ne bénéficiant d’aucune protection des boucliers des adultes, occupés eux aussi aux combines du tma3 qui les minent, tous presque sans exception.

Une jeunesse à qui on fait croire que la Sharia équivaut au fiqh. C’est cette confusion dans les esprits entretenue par les maîtres de la lutte idéologique avec la complicité de tes semblables qui fait le bonheur des Occidentaux. Quand un prédicateur saoudien veut nous démontrer que la terre ne tourne pas, il ne sait pas qu’il est en train de piétiner la Sharia. Mais lui a l’excuse d’être un ignorant.

La Sharia est la Loi divine telle qu’elle est en Dieu. Les déductions et interprétations plus ou moins justes que font les fuqaha et les simples musulmans n’engagent qu’eux. Elles ne sont pas la Sharia.

La Sharia contient toutes les lois universelles, y compris celles de la physique et de la chimie, parce qu’elles ont été déterminées et fixées par Dieu.

La science divine étant hors d’atteinte de nos esprits, il nous est demandé quand même de faire un effort pour en saisir une infime partie (qalîlan). Cet effort est appelé ijtihâd et celui qui le fait est un mujtahid. Cela n’a rien de sorcier. C’est ce que font tous les savants quand ils échafaudent des théories pour expliquer les phénomènes de l’univers. L’Occident a produit de grands mujtahids qui ont apporté énormément au savoir des hommes. Mais cela n’empêche pas que d’autres hommes travaillent à tenter de remettre en cause les théories, de les corriger. Parce que la science humaine ne sera jamais un calque conforme de la science divine, mais seulement une pâle imitation.

Imiter (taqlîld) un ancien faqih sans l’examiner de fond en comble, c’est s’accrocher à un état du savoir qui pouvait avoir cours à une époque donnée et qui est totalement dépassé. C’est comme tenter de maintenir la géographie de Ptolémée contre vents et marées.

Lorsqu’une théorie ou un savoir est disqualifié et dépassé par un autre savoir, il faut le mettre au placard.

La science est une. Il n’y a pas une science musulmane et une science chrétienne ou communiste. Le travail que chaque homme accomplit profite à tous les hommes. C’est une lumière de plus pour l’humanité qui avance dans l’obscurité.

Dans le cas particulier du fiqh qui s’occupe de déterminer des qualifications juridiques conformes à l’enseignement coranique et prophétique, la règle est la même : il faut sans cesse examiner si le point de vue d’un ancien a gardé sa validité ou s’il n’pas été dépassé par le développement du savoir des hommes.

Il y a un principe général du droit et de la droiture en islam : tout ce qui est conforme à l’intelligence, à la raison est conforme à la Sharia, et inversement tout ce qui est conforme à la Sharia est conforme à l’intelligence et à la raison.

Par conséquent, si les esprits musulmans ne fonctionnent pas suffisamment à notre époque, ce n’est pas la faute de l’islam, mais des musulmans qui ne produisent pas grand-chose dans toutes les disciplines, pas seulement dans le fiqh.

Si la science moderne établit de façon définitive que fumer est la cause directe de la mortalité, fumer devient haram, interdit. C’est aussi simple que cela.

C’est cela le lien indissoluble entre la science et la Sharia.

C’est pour cette raison que nous revendiquons la Sharia, pas ses applications bêtes et méchantes par des ignorants qui la confondent avec leur compréhension limitée et aveuglément imitative des anciens.

Nous faisons face à l’ignorance de notre jeunesse qui détruit des statues millénaires que des générations de savants musulmans ont côtoyé sans jamais ordonner leur destruction, et qu’un imbécile enturbanné vient casser comme de simples cailloux. Ils s’imaginent faire œuvre de défense de l’islam.

Ils ne savent pas qu’en détruisant les « preuves du passé », on s’en prend au Coran lui-même qui nous ordonne de méditer sur les vestiges des civilisations anciennes.

« Allez par la terre, et méditez sur les vestiges de ceux qui vous ont précédés » (sourate 30, les Romains, verset 42)

Il n’a pas dit : allez et détruisez tout !

A-t-on vu des gens s’attrouper pour adorer ces statues et leur rendre un culte ? Sinon, au nom de quoi ils s’autorisent à les abattre ?

Alors allez détruire les montagnes, les grottes, détourner les rivières, les volcans parce que ce sont des beautés de la nature qui ont toujours inspiré les hommes.

C’est le Coran qui nous invite (et nous ordonne) à méditer sur les circonstances et la manière dont les hommes ont construit ces œuvres, et cela comme une quête du savoir.

Il ne s’agit que de pierres, d’argile et de plâtre mais qui ont une valeur universelle, que nous devons préserver pour les générations futures.

En décrivant une scène bucolique, le Coran nous parle de la beauté du monde :

« Ils (vos troupeaux) vous paraissent beaux quand vous les ramenez, le soir, et aussi le matin quand vous les relâchez pour le pâturage. » (sourate 16, les Abeilles, verset 6)

Est-ce du shirk que de contempler la beauté de la nature ?

Vous confondez le fait que le Prophète (S) a détruit les idoles de la Kaaba, parce qu’elles étaient encore agissantes dans les cœurs de certains arabes. Il fallait leur donner la preuve que ces objets ne pouvaient rien faire par eux-mêmes. Et c’est pourquoi, il en a ordonné la destruction pour purifier le Temple sacré de la Kaaba.

Mais par la suite, des générations de musulmans sont passées devant les pyramides d’Egypte. On y a vu la grandeur, mais personne n’a jamais songé à les adorer pas plus qu’à adorer les Bouddha de l’Afghanistan.

La Sharia est toute débordante de bonté divine infinie, rahmat Allah al-wâsi’a, et d’amour. Nos « islamistes » trompés et déçus par des dirigeants incapables et inféodés à l’Occident, ont voulu en faire un instrument de vengeance et une doctrine de la violence. S’ils se remettaient dans le droit chemin, ils verraient que la voie du dialogue est de loin plus productive que toutes les armes conventionnelles et atomiques.

Le problème de l’islam, ce n’est pas le Coran. C’est toi-même et les autres déserteurs ! Pauvres de vous tous, qui au lieu de travailler à éclairer, ajoutez de l’obscurité aux esprits !

Rattrape-toi tant qu’il est encore temps.

Il n’y a pas de plus grand honneur que d’être musulman.

al-islâm ya‘lû wa lâ yu‘la ‘alayhi
الاسلام يعلو ولا يعلى عليه

Izoran
5 mars 2015

Plaidoyer pour une réforme de l’Islam, Nour-Eddine Boukrouh

3 commentaires

  1. Abdelkader Dehbi on

    RE: Pour l’honneur de l’islam
    [rtl] » »إنـــهـــا لا تـــعـــمـــى الأبـــصـــار ولـــكـــن تـــعـــمـــى الـــقـــلوب الـــتـــي فــي الـــصـــدور » »[/rtl]

    Tout d’abord, je voudrais dire à l’auteur – Izoran – combien j’apprécie son tact, pour avoir choisi d’écrire sous pseudonyme, probablement pour ne pas heurter de front, une vieille amitié ou une vieille camaraderie qui le liait à un M. Boukrouh, qu’il semble si bien connaître…
    Ensuite renouveler l’hommage du lecteur que je suis, à la vigilante et fracassante réaction de Madame Safia Salhi contre cette espèce de « zindiq » baignant dans sa misérable suffisance.
    Du reste, il semble bien que dans notre actualité d’aujourd’hui, ce sont plutôt les femmes de ce pays qui se mettent au pantalon, je veux dire qu’elles s’approprient à bras-le-corps, leur temps de parole dans la société déboussolée qu’est devenue la nôtre. Et en disant clairement ce qu’elles pensent, des hommes et des choses, comme l’a déjà fait Mme Safia Sahli.
    Et comme vient de le faire aussi, à travers une magnifique algarade cette femme de In-Salah, délivrant, depuis la place de la contestation contre le Gaz-de-Schiste, pertinemment baptisée – صـــامـــدون – « Samidoune » (nous faisons front), un message de ras-le-bol du petit peuple, à l’adresse d’un pouvoir illégitime, corrompu et asservi aux intérêts pétro-gaziers des grandes multinationales prédatrices, comme TOTAL et autres Halliburton.

    https://www.facebook.com/pages/Non-%C3%A0-lexploitation-du-gaz-de-schiste-en-Alg%C3%A9rie/641700909257923?pnref=story

  2. Mohamed Jnsplu on

    Ce que dit un Rabbin.
    اهل العلم ولو لا
    للاسلام يقرون به والزنادقة ولو اعلنوا انتسابهم لهلا ينصفون [url]https://www.facebook.com/photo.php?fbid=332374230293050&set=a.272158089647998.1073741828.100005614265611&type=1[/url]

  3. Mohamed Jnsplu on

    RE: Pour l’honneur de l’islam
    Désolé je me suis trompé de lien voici le bon [url]https://www.facebook.com/MohamedJnsplu/posts/332388363624970[/url]

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