Première partie : la période révolutionnaire

Dans cette réponse, il ne s’agit pas, pour moi, de m’ériger en donneur de leçons. Mais, en lisant les articles de Ramdane Redjala, il me parait nécessaire d’intervenir en vue de clarifier certaines choses. A son encontre, je vais, hélas,  utiliser un langage peu conventionnel. Car, ce plumitif, en mal de notoriété, cherche, comme dans la fable de « Wejlala », un charlatan comme lui qui a chié dans la place publique –Thala –, à ce que les gens en parlent de lui. Pour y parvenir, il s’appuie sur le journal en ligne « Le Matin », dont la haine de son directeur pour Hocine Ait Ahmed n’est plus à démontrer, pour déverser tout son venin.

Ainsi, du 7 au 12 octobre 2014, le journal électronique ouvre son espace à ce plumitif irresponsable. Mêlant la haine, la malhonnêteté et la pusillanimité, en vue d’attenter à l’image respectable dont jouit Hocine Ait Ahmed dans l’opinion, ce terroriste de la plume emploie un langage nauséabond. En fait, pour avoir parcouru la série de contributions de ce sieur, à vrai dire un réquisitoire d’un « homme » submergé par la haine, on découvre à quel point le jugement peut-être faussé quand l’auteur est dépourvu de valeurs humaines. Du coup, sur une dizaine de pages format A4, il ne trouve aucun point positif à la riche carrière politique de l’un des pères fondateurs de la révolution algérienne, Hocine Ait Ahmed. Peut-on, dès lors, accorder le moindre crédit à la description de ce charlatan ? Son jugement est semblable à celui d’Hitler parlant des Juifs ou de Netanyahou parlant des Palestiniens.

Cependant, bien que le parcours de Hocine Ait Ahmed soit reconnu par les observateurs sérieux, je tenterai en me basant sur les archives consultables par tout le monde de démonter les arguments de cet écrivaillon enragé, Ramdane Redjala. En fait, mêlant la mauvaise foi, les interprétations personnelles et l’occultation volontaire de la vérité, ce voyou ne recule devant rien. Alors que les historiens s’accordent sur le rôle capital de Hocine Ait Ahmed, le plumitif le présente comme le plus grand manipulateur que l’histoire de l’humanité n’ait jamais connu. Et pourtant, pour résumer l’apport de Hocine Ait Ahmed, voila ce qu’écrit l’historien américain, Matthew Connelly, auteur du livre « l’arme secrète du FLN. Comment de Gaulle a perdu la guerre d’Algérie » : « Avant même le déclenchement de la guerre avec la France en 1954, les nationalistes algériens avaient une vision internationale du conflit qu’ils voulaient mener. L’homme qui développe cette stratégie s’appelle Hocine Ait Ahmed. »

Hélas, malgré ces œuvres historiques faisant de Hocine Ait Ahmed un élément clé dans le déclenchement de la révolution algérienne, Ramdane Redjala réduit ce rôle à néant. De toute évidence, ce n’est ni le journal de Benchicou, ni les adversaires de Hocine Ait Ahmed, dont l’éthique est, pour eux, un concept superflu, qui vont nous apprendre la vérité. Pour ceux qui sont à la quête de cette dernière, ils pourront la trouver dans les œuvres des historiens de métier, à l’instar de Mohamed Harbi, Gilbert Meynier, Benjamin Stora, etc. Quant à la méthode de Redjala, il va de soi que sa démarche haineuse ne peut –et c’est le moins que l’on puisse dire –s’approcher de la norme scientifique. Son cœur est tellement noir qu’il n’est pas capable d’admettre la moindre évidence. En effet, dans ses trois premières contributions sur la période révolutionnaire, il ne parle ni du rapport de Zeddine en 1948, ni de la participation de Hocine Ait Ahmed à la conférence de Rangon, en Birmanie, en 1953, ni de ses contacts avec Messali en vue de reconstituer l’OS (organisation spéciale) après sa dissolution par le comité central du PPA-MTLD, mais il s’attarde longuement sur son conflit avec Ali Yahia Rachid à l’époque où ils étaient lycéens. De la même façon, en ce qui concerne la crise berbériste, il ne précise pas que la Kabylie n’a pas suivi largement le mouvement lancé par Ali Yahia Rachid et ses amis. Mais, si la crise le touchait à ce point, pourquoi ne dénoncerait-il pas la chasse aux berbéristes, en Kabylie même, lancée par Krim Belkacem et Fernane Hanafi ? Visiblement, les faits historiques ne l’intéressent guère.   

Quoi qu’il en soit, le rôle de Hocine Ait Ahmed se limite, selon lui, à une participation timide à la conférence de Bandoeng en avril 1955. Dans la foulée, ce dernier se fait arrêter –et il raconte cette période décisive 1954-1956 en deux lignes –en octobre 1956 en compagnie de quatre chefs historiques. Or, qu’il en déplaise à ce charlatan, l’histoire associe le nom de Hocine Ait Ahmed à ceux qui ont donné naissance à la diplomatie algérienne. Ainsi, ignorant volontairement les œuvres de Hocine Ait Ahmed, telles que l’ouverture du bureau du FLN à New York, son soutien indéfectible aux résolutions de la Soummam –le seul d’ailleurs des chefs historiques emprisonnés –, les rapports qu’il a envoyés au CCE (comité de coordination et d’exécution) en vue de créer le gouvernement provisoire, il passe directement à la crise de l’été 1962. Pour ce plumitif, depuis la libération des cinq chefs historiques, le rôle de Hocine Ait Ahmed se résume au sous-titre de sa deuxième contribution : « 18 mars -27 juillet : de l’expectative à la démission. » Là encore, ce voyou de la plume se livre à une description mensongère. Que Dieu maudisse les menteurs.

Pire encore, dans sa démarche machiavélique, le plumitif oppose les chefs historiques en chargeant à chaque fois Hocine Ait Ahmed. Ainsi, tantôt, il oppose Hocine Ait Ahmed à Krim Belkacem, tantôt, celui-là à Mohamed Boudiaf. Parfois, il l’oppose aux deux. Or, bien que l’on puisse critiquer un choix ou une orientation politique, les Algériens, dans leur ensemble, n’ont jamais été jusqu’au point de dénigrer un des chefs historiques. Mis à part ce voyou, cette approche est inédite. Bien qu’on puisse condamner un coup d’État et tous ses conspirateurs, il n’en demeure pas moins que l’on ne peut pas s’attaquer à un homme qui n’a pas gouverné, ni cherché à parvenir au pouvoir en dehors de la volonté populaire. Cela dit, pour revenir à cette histoire consistant à opposer les chefs historiques, cette méthode est dégueulasse. Car, ayant chacun d’eux un caractère propre à lui, ces trois figures de proue du mouvement national ont eu des approches différentes.

Ainsi, en 1956, Hocine Ait Ahmed et Krim Belkacem étaient pour les résolutions de la Soummam, alors que Mohamed Boudiaf en était contre. En 1962, bien qu’ils soient tous contre le coup de force de l’état-major général (EMG), dirigé par Houari Boumediene, Hocine Ait Ahmed n’a pas souhaité l’affrontement entre le groupe de Tlemcen et le groupe de Tizi Ouzou. Pour lui, le seul recours qui permette de transcender la crise est de remettre le pouvoir au peuple algérien. D’ailleurs, au congrès de Tripoli, fin mai-début juin 1962, à ceux qui suggèrent que le bureau politique (BP) soit confié aux cinq chefs historiques, Hocine Ait Ahmed et Mohamed Boudiaf sont sur la même longueur d’onde. Rapportant leur position commune, Mohamed Harbi écrit : « Nous n’étions pas d’accord entre nous en prison, nous ne le sommes pas non plus entre nous aujourd’hui. Alors, pourquoi proposer une liste dont les membres ne s’entendent pas au départ. » Voilà donc un exemple où l’on a Ait Ahmed et Boudiaf soutenir le même choix, alors que Krim Belkacem croit à l’idée de siéger avec Ben Bella au BP. Par ailleurs, le 2 aout 1962, Mohamed Boudiaf et Krim Belkacem trouvent un accord avec le groupe de Tlemcen –Boudiaf devient alors responsable des affaires extérieures au sein du nouveau BP –, alors Hocine Ait Ahmed se rapproche des syndicats, et ce, après sa démission de tous les organismes dirigeants. Mais cela n’a pas  créé des ruptures irréversibles entre ces trois chefs. On sait que dans leur clandestinité, les contacts n’ont jamais cessé entre eux.

Hélas, ce plumitif fait sa propre lecture. D’ailleurs, il s’attaque sans vergogne à tous les dirigeants, tels que Ben Khedda, pouvant se trouver sur la même ligne que lui. En effet, étant un défenseur de la légalité, donc du côté du GPRA contre l’EMG, Hocine Ait Ahmed est du côté de Ben Khedda. Or, ce voyou s’attaque de façon éhontée à ce dernier.  Bien qu’il n’y ait aucune archive consultable faisant allusion au fait que Ben Khedda veuille interdire à Zbiri de voter, cet écrivaillon le descend en flamme pour faire passer son message : Hocine Ait Ahmed a failli à son devoir de protéger le GPRA. Tout ça pour dire que ce qui est arrivé à Ben Khedda et au GPRA était de la faute de Hocine Ait Ahmed. Honte à toi. Et pour ceux qui veulent connaitre cet épisode,  voici la version largement partagée par les historiens. Lors des travaux en plénière à Tripoli, Ben Khedda explique que les procurations dont dispose Zbiri ne peuvent pas être prises en compte. Car, selon les statuts du FLN, un colonel peut suggérer une liste de trois commandants le secondant dans la gestion de sa wilaya, mais ce choix doit être entériné par le GPRA. Or, cette liste, selon Ben Khedda, n’a pas été transmise auparavant au GPRA. D’où le clash entre Ben Bella, vice-président du GPRA et son président. Et c’est cela qui a provoqué l’abandon des travaux du congrès.

Enfin, ce que ne peut pas nier ce sieur Redjala, c’est que Hocine Ait Ahmed n’a jamais rompu avec la légalité. Jusqu’au mois de juillet, il est resté ministre du GPRA, soit presque deux mois après la rupture entre le GPRA et l’EMG. Mais, quand l’option militaire est devenue inéluctable, Hocine Ait Ahmed a pris naturellement ses distances avec les deux groupes antagonistes, Tlemcen et Tizi Ouzou. Pour éviter l’affrontement, il s’est adressé aux forces de l’avant-garde, dont les syndicats, pour faire entendre raison aux deux groupes. Et c’est sans doute cet appel qui a contribué à la mobilisation des Algériens à sortir dans la rue en criant : « sept ans, ça suffit ». Du coup, qu’il en déplaise encore une fois à ce plumitif, l’histoire retient et retiendra pour l’éternité que Hocine Ait Ahmed a été de tous les combats pour que le peuple algérien recouvre son indépendance et retrouve sa dignité bafouée.

Boubekeur Ait Benali
29 novembre 2014

Articles de Ramdane Redjala :

– Hocine Aït Ahmed : un nationaliste au destin contrarié (I)

– Hocine Aït Ahmed et la crise de l’été 1962 (II)

– Aït Ahmed : du palais Zighout Youcef au maquis de Kabylie (III)

– Le FFS relance la lutte armée en février 1964 (IV)

– Aït Ahmed : une évasion réussie ! (V)

– Aït Ahmed : de l’exil subi à l’exil choisi (VI)

2 commentaires

  1. Kamel Bouras on

    RE: Réaction aux contributions au vitriol de Ramdane Redjala contre Hocine Ait Ahmed
    Il ne nous reste alors qu’à dire Ait Ahmed SAAWS ! Peut-être que Redjala a écrit des sottises, mais est-ce nécessaire de se mettre à son niveau, et même définitivement en dessous, pour le dénoncer ? Franchement, j’ai lu bien pire sur Le Matin, par exemple la semaine passée, une « contribution » de Méziane Ourad, « Les Gaulois sont définitivement fous ! ». Un petit extrait:

    « Charles Martel, dit-on, aurait arrêté les « Arabes » à Poitiers. Ça ne me gêne pas. Mieux, j’aime. Sans ce travail de résistance, ce beau pays se serait couvert d’un voile sombre et serait passé à côté de Brassens, de Brel, de Ferré et des années folles. La France aurait raté le Front populaire et la libération. ».

    J’aurais beaucoup plus apprécié une levée de boucliers contre ce genre de venin…

  2. Kamel Bouras on

    RE: Réaction aux contributions au vitriol de Ramdane Redjala contre Hocine Ait Ahmed
    Il ne nous reste qu’à dire Ait Ahmed SAAWS ! Peut-être que Redjala a écrit des sottises, mais est-ce nécessaire de se mettre à son niveau, et même définitivement en dessous, pour le dénoncer ? Franchement, j’ai lu bien pire sur Le Matin, par exemple la semaine passée, une « contribution » de Méziane Ourad, « Les Gaulois sont définitivement fous ! ». Un petit extrait:

    « Charles Martel, dit-on, aurait arrêté les « Arabes » à Poitiers. Ça ne me gêne pas. Mieux, j’aime. Sans ce travail de résistance, ce beau pays se serait couvert d’un voile sombre et serait passé à côté de Brassens, de Brel, de Ferré et des années folles. La France aurait raté le Front populaire et la libération. ».

    J’aurais beaucoup plus apprécié une levée de boucliers contre ce genre de venin….

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