«A ce roseau resté un astre voilé dans la pénombre, sans horizons ni ligne de fuite!
Que doit-on dire à la raison si ce n’est que notre raison est coincée dans un gigantesque dédale?
Pétrie, bousillée et abandonnée dans ses chimères!
Une carcasse empilée dans le fracas du silence, projetée contre le mur tell une poupée de chiffon!» (Poète anonyme)
     
Avant de changer le titre de cette chronique, j’en ai choisi un autre «cette violence-Bulldozer!» Un Bulldozer, ça signifie beaucoup de choses : puissance, gigantisme et destruction! Et si la violence en possède un de ces qualificatifs, c’est qu’elle est en premier lieu «destructive». Je crois que le parallélisme est évident! Mais pourquoi y-a-t-il tant de violence dans la société algérienne d’aujourd’hui? Pourquoi y-a-t-il tant de haine envers nous-mêmes et envers les autres? Pourquoi en est-on arrivé là? L’amour ne peut-il pas faire son entrée dans cette lexicographie du pessimisme qui infeste ces dernières décennies les cerveaux des algériens? Serait-ce l’effet des guerres (anti-coloniale et civile) comme nous l’expliquent certains alors que celles-ci sont finies il y a plus de 50 ans pour la première et presque 15 pour la seconde? De la nature soi-disant «impulsive» de l’algérien comme le pérorent les autres alors que celui-ci a prouvé à travers son histoire son sens de l’hospitalité et surtout son pacifisme, accueillant 7 civilisations sur terres même s’il les aurait toutes farouchement combattues? Où en est donc le problème? La réponse ne relève plus désormais de la litote, elle est plus vraie que jamais : c’est que l’on néglige l’éducation civique, que  l’on marche sur nos têtes, que l’on déconne à pleines tubes dans les choses sérieuses,  que l’on se moque pas mal des autres et de nous-mêmes, que l’on ne sait pas ce que l’on fait de nos jeunes, ces bourgeons d’avenir qu’on a élagués, voire brisés avant qu’ils n’aient pu donner leurs fruits, qu’on a fait fuir ailleurs ou que l’on laisse souvent traîner dans les rues sans aucun autre bagage que «leguia», le spleen et le mal-être! Une besace pleine à craquer de rouille et de fiel, de ressentiments et de m…! Et quand ceux-ci se mettent à bouger les lèvres pour nous recracher  leur  désarroi, on les comble des cadeaux empoisonnés de l’A.N.S.E.J (Agence Nationale Soutien Emploi de Jeunes), les matraque de promesses aussi irréalistes qu’inutiles lors de ces feuilletons électoraux marathoniens où le mensonge à la fois télévisé, téléguidé et télémanipulé se conjugue sur toutes les bouches pour régler leurs «petites méninges» à l’heure de la médiocratie et de la corruption! Néanmoins, on ne plaide jamais leur cause, on les entend certes crier mais on ne les écoute pas hélas! Et quand par un auguste hasard on feint «ouf!» les comprendre, on ne les consulte que pour les gruger, que pour les arnaquer, que pour castrer toute logique dans leur raisonnement ou simplement émasculer l’énergie de leur effort, et puis, on décide, ironie du sort, de ce que sera fait leur lendemain sans les faire participer à notre conclave à huis-clos, esquive leur voix et les jette sous le boisseau du silence! Pauvre jeunesse, le parti dissous de l’Algérie des mirages!

Tout se passe au vrai comme si nous étions entrés de plain-pied dans l’ère des tutelles et des tutorats que l’on exerce sur des êtres majeurs qui ne savent ni se prendre en charge ni s’auto-déterminer, encore moins réfléchir ou penser. L’algérien est un robot programmé, tantôt il est nationaliste à outrance,  jusqu’à l’épiderme, tantôt il est dénationaliste à l’envi, jusqu’à la nausée!  Et entre ces deux états d’esprit, plutôt ces deux boutons rouge et noir parce qu’il n’y a pas, semble-t-il, de relatif chez nous, épique et hyperpossessif pour le premier, récessif et hystérique pour le second, on trouve ce mariage contre-nature entre le paysan bas de gamme du «dechra» ou du «douar» et le citadin décervelé de la ville, baignés qu’ils sont, dans «le chloroforme de l’orgueil» d’un passé «capsule spatiale» faisant ses navettes à travers tous les temps, trempant de surcroît dans un islamisme de pacotille aux mille et une facette-référence! Or, justement ce temps-là passe et nous, en revanche, sommes restés scotchés à ses petites nostalgies éparpillées ça et là, tantôt épris d’un discours triomphaliste  et en «arabe» fait par un Boumédiène fier et altier à la tribune de l’O.N.U, tantôt emportés par la joie d’un match gagné contre l’Allemagne qu’on n’oublie jamais, parfois attendris par cette «main tendue» d’un Boudiaf exilé-patriote,  président à jamais dans les mémoires et les cœurs ou émus par les standing-ovation dédiés à un Morceli-champion perché sur le podium olympique et essuyant des chaudes larmes sous les intonations de l’hymne national à une époque où l’algérien est pourtant craint, décrié et haï partout! L’actualité est triste! D’une part, ceux qui gouvernent s’en foutent,  s’en foutront peut-être pour toujours, d’autre part, tout s’enchaîne ; tout se confond ; tout se complique et tout devient problématique pour le jeune d’aujourd’hui, c’est-à-dire ce jeune qui vit d’expédients, se distrait discrètement, reste célibataire ou se marie sans goût et travaille avec peine, la volonté au creux de l’estomac parce qu’attaqué de partout par une nasse de problèmes à laquelle il n’y peut rien  (logements, salaires, notion de famille partie en éclats, «le generation-gap»…etc)!

De nos rues à nos stades, de nos écoles à nos mosquées, de nos foyers à nos universités, tout bout de rage et d’incompréhension de ce qu’il nous arrive, tout respire le désordre et l’improvisation, tout se ramène au blasphème et à l’impulsivité. Je me souviendrai toujours de ce vieux loquace, typique de l’Algérie d’antan volontaire et débonnaire, touché par une calvitie naissante, tiré aux quatre épingles et maniant la langue de Molière à la virgule près. On était fin 2007, au siège du M.A.E, la matinée était plutôt ensoleillée quoiqu’aux alentours un petit nuage survolait le ciel! Déjà, de longues queues se formaient devant presque tous les guichets et une atmosphère lourde pèse sur les visages là-bas présents, la plupart d’entre eux sont des jeunes universitaires venus pour l’authentification de leurs diplômes, procédure parfois exigée pour les demandes de visa à l’étranger. Parlant à un ami d’apparence plus jeune que lui, le vieux lâche à brûle-pourpoint «j’ai tout fait afin que mes deux enfants restent à mes côtés, ma femme ne supporte plus cette vie en solitaire mais le destin en a voulu autrement! Ils sont partis en France et on est obligé de sacrifier notre petite pension-retraite et les suivre là-bas, je n’ai jamais imaginé qu’en quittant définitivement la terre d’exil à la fin des années 80, j’y retournerai  prochainement pour finir mes jours, c’est un drame !» «mais essaie de les convaincre de revenir au pays après leurs études!» rétorque l’autre avec énergie «ils n’y reviendront pas, ils m’en parlent amèrement, ils en ont marre!»  «A tout malheur il y a une solution quand même!» relativise l’autre, la voix cette fois-ci aussi résignée que son ami «tu sais, je peine à me réveiller le matin, je peine à rêver, je ne sais pas pourquoi nos responsables n’ont plus cure de nos jeunes à qui on n’a offert que de l’angoisse?» Peste-t-il attristé pendant qu’un jeune, tout heureux qu’il est, passe en vitesse à ses côtés et lui susurre ironiquement et à haute voix à l’oreille «Hadj! avec ça «ditha fifty-fifty!» (il lui montre les diplômes authentifiés), à 50 % le visa sera en poche!» et c’est à cet instant-là que ce dernier réagit presque violemment à son encontre «dans mon quartier, presque tous les jeunes lettrés sont en Europe, l’Algérie enseigne et perd de l’argent par pelletées pour former des jeunes comme toi et les autres en moissonnent les récoltes, pauvre Algérie qui régresse!»

Quiconque lit ce  passage dira bien sûr que mes propos sont alarmants quoique de mon point de vue ils ne soient que la manifestation infinitésimale de ce qui se mijote en coulisses dans la marmite algérienne. De retour en Hexagone, ex-étudiant algérien rentré au pays après une dizaine d’années de séjour outre-mer me mitrailla aussitôt qu’il m’aurait vu et à chaud de sa déception «blédarde» «on dirait que je suis étranger là-bas, il y a un grand marasme, j’y étouffe!» «mais tu travailles à la fac et tu gagnes bien ta vie parmi ta famille et les tiens, qu’en veux-tu de plus?» lui ai-je riposté un tantinet persuasif afin de bien sonder son opinion « le problème est plus profond qu’il n’y paraît mon ami! Ce n’est pas l’argent qui manque, mais c’est la perception irrationnelle et dévoyée de la société qui dérange! Partout, je me sens foudroyé par des regards désapprobateurs, démotivés et incompréhensibles, je n’ai pas un chez-moi intime et l’intrusion dans mon pré carré se fait chaque fois plus indiscrètement, voire intempestivement (à l’amphi, en classe, à la cour, dans la rue). Les sacro-saintes valeurs de l’algérien d’hier (honneur, horma, nif, bravoure) sont perdues, on se soucie des autres comme d’une guigne, l’argent a pollué les relations sociales, l’éducateur ou l’enseignant est déclassé, le corrompu est vu comme un roi, on le respecte et même parfois celui-ci va à «la «oumra» (pèlerinage à la Mecque) et devient un hadj (pèlerin) pour purifier ses os avec l’argent du contribuable, tout en étant un corrompu, j’en connais même un qui y est allé alors que c’est son fils gérant d’un dépôt de boissons alcoolisées qui lui en a payé le voyage, tu imagines! Où va-t-on?» S’emporte-t-il indigné «mais tu t’en fous des autres! Vis ta vie à toi!» ai-je tenté de relativiser pour lui tirer encore des vers du nez «mais tu n’as pas vu toi-même des algériens bardés de diplômes, sans-papiers en France et qui refusent de rentrer au bercail, préférant un exil-précaire à un climat délétère, quoique parmi les leurs? Tu ne peux pas pas tenir droit dans la tourmente d’une société à bout de souffle où tout croule sous la maladie de la routine et de la vieillesse. Pas de week-end, pas de vacances, pas de repos de famille, pas de tranquillité, pas de loisirs et le jour «j» on s’étonne que la société soit violente, c’est normal qu’on en arrive-là, on peut même s’attendre, qu’à Dieu ne plaise, au pire!». Pour un ex-médersien du lycée franco-musulman de Ben-Aknoun (Alger), il n’y a aucune autre cellule de crise capable à ses yeux de mettre un terme à la violence à part l’école. Or, celle-ci est la première victime à laquelle il faudrait en urgence une cellule de crise! «A défaut d’aller aux cinémas qui n’existent presque plus d’ailleurs en Algérie ou quasiment transformés en pizzerias, nos jeunes sont devenus eux-mêmes de véritables acteurs, c’est terrible!» Regarde bien le comportement du public algérien lors du Mondial et tu en feras une idée! La F.I.F.A aurait même menacé la F.A.F (Fédération Algérienne du Football) en cas de récidive  d’incivilités et de mauvais agissements pareils dans d’autres tournois internationaux de suspension, c’est un signal fort en symboles que les autorités n’ont pas voulu saisir au vif ni décrypter!» et de poursuivre, le regard absent et la voix enrouée «il y a incompétence, nos responsables ne savent gérer les foules que lors des opérations de rétablissement de l’ordre ou de répression. Tout est à l’abandon, les chantiers sont mal-finis, les vacataires impayés, les administrations désorganisés, les délais non-respectés,  la ponctualité est rare, le sérieux est une anomalie, l’informel est formel et le formel est informel! Beaucoup de gens en sont tombés malades, les établissements psychiatriques en sont pleins, la société vit dans la crispation et l’hystérie! L’algérien est presque réduit à la mendicité, il faut agir vite, il faut éviter l’explosion, il faut avoir de la volonté, la  foi et l’intention de changer les choses,  arrêter de jouer à la démagogie, donner de l’emploi à la jeunesse et réserver un petit peu de temps à ce peuple, le regarder, le soigner, le consoler avant qu’il soit tard, il souffre trop!»

Kamal Guerroua
11 septembre 2014

9 commentaires

  1. Journalistique
    L’auteur nous propose un portait au vitriol de l’algérien contemporain écrit d’une plume rageuse. Il est fort juste quoique un peu forcé, pour des raisons pédagogiques sûrement. Kamal Guerroua et s’est pas contenté d’un article journalistique pour constater des faits sociologiques mais il fait des incursions historiques et nous livre par hasard le fond de sa pensée sur l’identité algérienne sans se rendre compte qu’il participe au mal algérien.
    En parlant des sept civilisations « accueillies » en contrée algérienne, il fait sienne la vison ethniciste des nationalismes européens du XIX ème siècle magnifiant un mythique peuple existant de toute éternité. Un grand historien allemand a écrit que plus que les peuples font l’évènement ce sont les évènements qui font les peuples. Bien sûr ces évènements sont ceux qui ont une profonde répercussion sur le psychisme des peuples tels la lente introduction du bouddhisme en Chine, la progressive christianisation de l’Empire romain puis celles des tribus germaniques ou la rapide islamisation et arabisation de l’Afrique du Nord. Ce sont des peuples nouveaux qui, au fond, n’ont plus rien à voir, avec leurs ancêtres sauf des gènes communs.Or c’est le psychisme et les affects qui transcendent totalement la biologie. Quand Kamal Guerroua met « arabe », il en dit long sur l’attaque frontale contre l’identité de l’Algérien. Aux heures les plus sombres de l’occupation française, les Algériens, de toutes les régions sans aucune exception ont tout sacrifié pour éduquer leurs enfants dans leur seule langue de communication, l’arabe, et pour leur enseigner les bases de la religion islamique. Ce n’est pas la guerre de libération qui a créé la violence en l’algérien car elle n’était qu’une réponse à la violence du colonialisme français qui niait et combattait par tous les moyens l’identité algérienne articulée par la langue arabe et la religion musulmane.

  2. Kamal Guerroua on

    Anthropologique
    Bonjour,

    Il m’a été donné de constater à travers votre commentaire que vous mélangez le journalistiuqe, l’historique et l’anthropologique! L’article dont il est question traite d’un phénomène (la violence) qui, d’une façon ou d’une autre, perturbe la société algérienne dans son ensemble. Si j’ai fait des « incursions’ historiques, c’est pour mettre en évidence mes arguments. Vous me parlez de la vision « ethniciste » européenne, sachez bien que je ne m’en inspire en aucune façon, déjà je déteste cette vision européo-centriste qui en quelque sorte se permet de dire qu’elle est « le foyer de la science ». En revanche, si l’on revient à l’anthropologie, toute l’Afrique du Nord est berbère et ce n’est pas vous ou un autre qui venez aujourd’hui infirmer ce postulat. Or, ce que vous dites est une « thèse »! Ce qui vous a dérangé, c’est lorsque j’ai cité « arabe » parmi les civilisations envahissantes. Or, c’est la réalité historique d’abord qui le confirme, puis, sociologique car le berbère est devenu berbéro-arabe, puis arabo-berbère (revenir à l’invasion « barbare » des Banu Hilla et Banu Soleim qui habitaient le Delta du Nil, envoyés par le Royaume Fatimide afin de s’en débarasser et punir en même temps les Zirides de leur non-allégeance à l’Egypte Fatimide) , c’est à cette époque là que le berbéro-arabe (celui qui a, quoique l’on en dise adopté l’Islam comme sa religion) est devenu par la force arabo-berbère (contrairement à la première étape le mélange ici est fait par la force, les Koutamas et les Zénètes ont été obligés à se révolter (référence Abu Yazid « l’homme à l’âne »). Suivant votre analyse, l’Algérie sera donc turque (les turcs « musulmans » sont restés aussi en Algérie pendant 3 siècles et nous ont laissé « le beylik », les français un siècle et demi. L’algérie est algérienne car l’anthropologie tue l’historique lorsque parfois les fausses valeurs ou données de celui-semblent pourtant l’emporter sur le premier. A votre avis qui a planifié la révolution algérienne, ce furent des algériens francophones (les 5 historiques ont ramené dans l’avion Mostéfa Lacheraf parce qu’il était prof d’arabe et leur servait de traducteur, les nationalistes alagréiens ne connaissaient pas la langue arabe mais ils étaient algériens et ont combattu le colonialisme). Cher Monsieur, je n’ai pas vraiment le temps de vous faire des digressions pour des sujets dépassés par le temps, le thème de l’article est la violence, mon but c’est de voir les jeunes de mon pays heureux dans leur pays, travailleurs. Ma joie serait de voir des usines et des centres culturels sur la terre algérienne, que l’on ne construise par une mosquée, la plus grande du monde à coups de miliards de dollars (par les chinois, les canadiens et les allemands) pour faire « la prière alors que les enfants de mon pays meurent HARRAGAS dans les océans. Après que tout cela se réalise, pensez ce que vous voulez de moi,ça ne me dérange pas.

    Fraternellement

    Kamal Guerroua

  3. Postulat
    Il n’était nullement dans mes intentions de pousser Kamal Guerroua à illustrer sa thèse à travers sa personne. Je ne souhaite qu’engager un débat courtois loin de toute violence verbale.
    Il est vrai que je n’ai réagi qu’à ses présupposés. Il nous parle de postulat sans se douter que ce dernier est à prendre comme vérité indiscutable. Il peut se réclamer du berbère comme il peut se revendiquer de l’homo erectus. Mon propos est clair, le berbère est une catégorie historique qui n’existe plus depuis l’islamisation et l’arabisation du Maghreb. C’est l’autochtone lui-même qui a signé sa disparition sans aucune contrainte extérieure. Tout comme l’autochtone égyptien, irakien, andalou ou originaire du Cham ont signé la leur. L’historiographie coloniale dans sa volonté de couper le Maghrébin de sa profondeur géopolitique lui a inventé un destin singulier que rien ne justifie. L’évènement primordial qu’a forgé Sidi Okba a eu pour résultat la naissance d’un nouveau peuple, le peuple maghrébin, d’expression arabe et de conviction islamique. La division de ce peuple en trois pays est factice et relève des vicissitudes historiques.
    Quant aux exemples historiques que nous présentent Kamal Guerroua ils sont des plus confus. Il nous cite les Kotamas,les Zénètes et Abu Yazid. Or justement cette période du X ème siècle montre sans ambiguïté que toutes les forces du Maghreb sont parties prenantes de l’Empire arabo-musulman. Les Kotamas avec leur chef Abou Abdallah, le « Yéménite », soutiennent le fatimide « syrien » Obeidallah pour détruire l’émirat sunnite des Aghlabides d’Ifriquiya qui englobait les actuelles Tripolitaine, Tunisie et Est algérien. Le zénète Abu Yazid va réagir en tant que kharédjite pour s’opposer au fatimide.
    Comparer l’adhésion pleine et entière des Maghrébins à la civilisation arabo-islamique à l’occupation française est une vaste fumisterie que même ses tenants, l’historiographie coloniale ne soutient plus.
    Quant à la période ottomane du Maghreb, elle lui a permis par son incorporation voulue à l’Empire ottoman d’échapper à la destruction programmée du Maghreb par les Espagnols.
    Pour terminer, si effectivement peu d’Algériens étaient éduqués en langue arabe, ce n’était que la conséquence de la volonté de dépersonnalisation des Algériens par l’occupant français. Mais de toutes les régions du pays, la volonté unanime du peuple algérien exigeait la récupération de sa langue à travers les zaouias et les écoles libres de l’emprise coloniale.

  4. RE: Pourquoi l’algérien est-il violent?
    Partant du fait que ce sont les événements qui font les peuples et non le contraire. Dans ce cas, l’identité algérienne souffrirait d’un grand déphasage entre les régions faisant partie du Royaume de Tlemcen et ceux qui leur sont mitoyens jusqu’à 100 à 200 Km et toute les partie intégré par la France au fur et à mesure de sa pacification de l’Algérie dans sa dimension géographique actuelle. Les différentes régions (Nord et Sud), n’ont pas eu le même destin et donc pas la même histoire.
    L’Algérie du Royaume de Tlemcen ou celle de l’empire ottoman faisait environ le huitième (300 000 Km²) en superficie de l’Algérie actuel (française) qui fait 2,2 millions de Km². Donc, pensez vous que l’histoire différentes de ces communautés, ayany vécu dans des espaces socioéconomiques et politiques différents, pourrais un jour engendrez une réconciliation définitive aidant à l’émergence d’une identité algérienne solide ?

  5. Evènements
    Permettez-moi, ya si Lemlaic, de précisez ma pensée. Il ne s’agit pas de n’importe quels événements, mais de ceux qui modifient radicalement le psychisme collectif d’une communauté, d’un peuple. Or les événements historiques que vous citez n’en sont pas et n’occasionnent au fond que de faibles dissemblances qu’une véritable union ferait disparaître. Je pense qu’il n’existe qu’un seul peuple de l’Atlantique à la frontière égyptienne et des dirigeants conscients de son intérêt supérieur ont tout intérêt à faire émerger une identité maghrébine solide.

  6. Kamal Guerroua on

    Thèse
    Bonjour,

    D’abord, je tiens à affirmer que mon propos n’est pas du tout allé dans le sens de la violence verbale, encore moins de l’excès langagier. A mon humble avis, vous dites que l’autochtone a disparu avec l’islamisation et l’arabisation du Maghreb, sachant bien que le mot autchtone voulait dire dans ton propos « berbère ». Or, la langue de celui-ci « le berbère » a survécu à toutes les invasions étrangères et est encore utilisé aujourd’hui par toute la population de l’Afrique du Nord même si aucun moyen n’est mis pour consolider sa pérennisation, c’est ce que Daryush Sheygan appelle « le syndrome de l’éphémère ». Autrement dit, l’anthropologie de la population ne s’est pas laissée dompter, voire dominer par les vicissitudes d’une histoire imposée. En conséquence, le berbère n’a pas disparu mais a changé de morphologie d’existence au contact des influences diverses, c’est tout. le berbère n’est pas une page blanche à laquelle se mélangent toutes les couleurs mais en lui même est une page coloriée qui s’enrichit de d’autres couleurs qui le rendent un arc-en-ciel (c’est ce que l’on appelle en peinture le chromatisme ». Vous me parlez de l’historiographie coloniale, exactement là je vous contredis formellement, en disant que les français ont utilisé l’étude anthropologique (le centre d’Aix-en- Provence) à Marseille pour étudier la population algérienne dans sa diversité et pouvoir la dominer (ce qui leur a permis de rester dans notre pays durant 132 ans). Or, les nôtres, très intelligents (sic trop bêtes) ont interdit l’anthropologie au motif qu’elle est d’origine coloniale et nous ont importé en milliers des cooéparnts du Moyen-Orient pour nous dire que l’Algérie est arabe et pour qu’un certain Ahmed Ben Bella, lui-même issu de la descendance du Royaume Abdelwaddids (Royaume berbère) affirme que l’Algérie est arabe, arabe, arabe alors que de l’autre côté, il réprime les Ulémas les accusant de ne pas soutenir la guerre de libération! Vous voyez Monsieur, les égyptiens nous ont toujours trompé à travers les nôtres. Vous me dites que le Maghreb est divisé (oui j’en suis d’accord, mais la cause n’en est pas l’unité arabe mais la négation des principes de l’étoile nord-africain (je vous rappelle que ce parti n’est pas fondé en Egypte mais en France en 1926)par l’immigration algérienne. Ironie du sort, en 1962, des troupes venues de l’Est et de l’Ouest, n’ayant jamais fait la guerre de leur vie « une troupes de planqués » sont venues à la hâte accaparer le pouvoir et nous fabriquer une identité de substitution. Une identité qui fait que les égyptiens sont frères alors que les marocains sont ennemis, qu’est-ce que cette histoire?

    Merci

  7. Arabe
    Si vous le permettez je m’en tiendrai uniquement à l’identité arabe du Maghreb. Cette identité n’a rien d’ethnique mais est linguistique et culturelle. D’ailleurs les Arabes sont le peuple qui a le plus une fusion charnelle avec sa langue. Est considéré comme arabe celui qui fait de cette langue la sienne même s’il ne la fait que comme langue de communication.
    Ce sont les Maghrébins eux-mêmes qui, par amour de la langue du Coran, se sont volontairement arabisés tout comme l’ont fait les Andalous majoritairement d’origine ibère, les Égyptiens majoritairement d’origine copte, les Syriens majoritairement d’origine byzantine, les Irakiens majoritairement d’origine persane,les Libanais majoritairement d’origine phénicienne (une remarque sur cette région où même les chrétiens européens venus dans le sillage des Croisades se sont entièrement arabisés). Pourquoi voulez-vous que les Maghrébins majoritairement d’origine berbère échappent à cette lourde tendance générale.
    Vous citez les ilots où un parler berbère existe. Voyez sur une carte et vous ne verrez que des régions montagneuses qui sont restés en marge des circuits de communication. Vous verrez même que des villes comme Béjaïa ou Dellys parlaient uniquement arabe pour leur partie résidente et c’est l’exode rural de l’après indépendance qui a changé la situation. Vous verrez que c’est au Maroc que le nombre de locuteurs berbères est le plus important à cause de son relief montagneux plus prononcé que dans le reste du Maghreb. Puis vient loin derrière l’Algérie, puis un peu la Libye avec le Djebel Nefoussa. Quant à la Tunisie, il n’en reste presque plus, Djerba a cédé face à l’affluence touristique.
    Avant l’indépendance, la revendication berbériste n’a été portée que par quelques lycéens et étudiants issus de l’école française et tournant le dos à la tradition de leur région natale.
    Le reste, représentant la presque totalité des régions où un parler berbère existe ont à l’instar de toutes les régions d’Algérie réclamaient haut et fort leur identité arabe en se sacrifiant pour financer les écoles arabes que l’Administration coloniale essayaient d’étouffer.
    Je vous mets au défi de me sortir une seule revendication d’ordre culturelle berbère en Algérie avant le complot dit berbériste qui a éclaté au sein du PPA-MTLD et qui au fond relevait plus de l’ambition politique de certains natifs de la région de Tizi Ouzou voulant avoir plus de poids dans le mouvement national.
    En politique, on a le droit de tout revendiquer le meilleur comme le pire mais gare à ceux qui veulent faire du charlatanisme comme le fumeux an berbère, invention d’esprits dérangés et animés d’un complexe d’infériorité, car ils seront ensevelis dans le ridicule.

  8. KAMAL GUERROUA on

    Berbère.
    Bonjour,

    Je commence là où vous avez terminé, en vous confirmant que le parti de l’Etoile Nord-Africaine est constitué en majorité de contingents de l’immigration kabyle en France, c’est un fait historique que personne ne peut nier. En plus, je vous ajoute que Amar Imache et Hadj Ali Abdelkader ont intronisé Messali (qui n’a de Raspoutine que la barbe comme dirait Ait Ahmed dans ses mémoires) par tactique, c’est-à-dire en usant de son image et de sa bonne rhétorqiue en arabe afin d’attirer beaucoup de sympathisants. Donc, me mettre au défi pour sortir une revendication berbère avant 1949 revient à dire que vous êtes tombés dans le piège d’éthniciser le problème d’un pays qui n’est autre qu’algérien. L’Algérie est algérienne, elle est anthropologiquement berbère comme l’Egypte est copte et la France gauloise! Point, c’est tout. Je me rappelle bien qu’un jour feu Abdelkader Hachani parle de « djazâra » (algérianisme) en parlant de l’islamisme algérien. Ce point de vue je le partage sous son angle identitaire, c’est-à-dire l’Algérie est ce qu’elle est. Elle n’est pas une importation extérieure mais une production nationale pur jus. La nôtre à 100%. En conséquence, il ne faut pas attendre un match de footbal en 2009 pour se rendre compte qu’on n’est « enfin » pas arabe. Il faut des études. Mainteant pourquoi la revendication berbère n’a pas été posée de façon solenelle et directe, je crois qu’il y a comme dirait Harbi « un unanimisme de façade » dont on subit aujourd’hui les répercussions. Le problème de l’Algérie est identitaire, purement identitaire, pas linguistique. Moi personnellement, j’écris en arabe et en français avec la même passion, et je m’initie à écrire en Tamazight ma langue maternelle et la langue originelle de mes compatriotes, tous sans distinction. Pour vortre question sur le pourquoi de la non-revendication des coptes, des libanais ou des irakiens de leur langue originelle, je crois que vous mélangez les choses, c’est comme si je vous parle de Newton et que vous me parlez de la pomme. Certes l’identité n’est jamais fixe, elle est une construction constante mais il n’en demeure pas moins que le danger se présente lorsque nous nous focalisons sur son mouvement, en en oubliant l’origine, terrible! Ce n’est pas du tout pareil à mon avis de lancer un ballon à partir des 18 m ou près de la cage du gardien pour atteindre les filets, il faut y penser. Nous en Algérie, on tourne en rond et l’on veut jamais poser sur la table ce problème. Par intérêt pour les uns, par malice pour les autres, par inconsience pour une majorité à je ne vous souhaitepas d’appartenir.

    Merci.

  9. Arabes culturels
    Je vois que notre ami Kamal Guerroua fait de terribles confusions. Bien sûr qu’il existe des Algériens ayant une langue vernaculaire autre que l’arabe dialectal. Mais ce qu’il est loisible de constater est que tous les Algériens, comme tous les Maghrébins ont un attachement viscéral à la langue du Coran et qu’ils ont en fait leur unique langue de communication. Qu’il se rassure, la parenthèse coloniale de l’occupation française, se referme lentement malgré des personnes qui ne sont pas identifiées à une région donnée, qui par paresse ou ignorance, freinent cette fermeture. Les Arabes éternels ont cette immense générosité de reconnaître comme leurs tous ceux qui font de l’arabe leur langue de communication. Je laisse à ceux que cela intéresse la lecture d’Ibn Khaldoun sur les différentes strates des Arabes culturels.
    Le fait que les premiers Algériens obligés de s’exiler soient de grande Kabylie, à cause de la pauvreté de la région, la pression démographique et la proximité d’Alger, et que le mouvement national soit né chez eux montre d’une manière parfaite la grande unité des Algériens. Le mouvement national est un mouvement nationalitaire arabo-musulman et personne ne pourra affirmer le contraire. Le mouvement national s’est abreuvé à l’identité algérienne formulée par Ben Badis, religion musulmane, langue arabe et patrie algérienne. C’est avec respect qu’il faut saluer le choix de Messali Hadj par nos compatriotes algériens issus de grande Kabylie car ils ont estimé qu’il était représentatif de l’identité algérienne tel que je viens de la souligner.
    Le reste n’est que littérature et falsification historique.

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