Des militaires algériens seront présents aux festivités du 14 juillet 2014 (qu’ils défilent ou pas, cela n’a aucune importance), pour honorer les victimes de la première guerre mondiale.

Le gouvernement algérien a rendu officielle cette nouvelle par la bande. Glissée subrepticement entre f’tour et s’hour.

Devant le tollé qui montait d’un peu partout, il a bien fallu que nos « dirigeants » réagissent. D’abord les Affaires Etrangères, manifestement ennuyé.

«Le peuple algérien honore ses propres contributions à la liberté à travers le monde. L’Algérie participera dans le même format et dans les mêmes conditions que quatre-vingts autres nations dont des citoyens sont tombés sur les champs de bataille de la 1ère guerre mondiale, à la manifestation prévue à Paris à cet effet», déclare dimanche 06 juillet le ministre des Affaires étrangères, M. Lamamra.

Du baratin pour demeurés.

Comme cela ne calmait pas le bon peuple, le secrétaire général de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), Said Abadou y est allé de son dissentiment, déclarant à TSA: : «Je suis contre cette participation. Les moudjahidine sont contre cette participation et on l’a déjà fait savoir».

Qu’est-ce que c’est que ce bazar ?

Quand on n’est pas d’accord, particulièrement quand il s’agit de ces questions de principes, on démissionne, on ne bavarde pas. Il est vrai que lorsque l’on est à la tête d’une armée de faux Moudjahidine qui siphonnent copieusement la rente, et cela jusqu’à la énième génération…

Que dit le Grand Mamamouchi ? Que dit le vice-ministre de la défense ? Que disent nos généraux étoilés qui paradent à Paris, alors que le 05 juillet devient de plus en plus un non-événement ?

Il faut pourtant expliquer à la nation le sens de ce geste ! Sa portée historique. Sa dimension politique.

Qu’est-ce que nos armées font dans cette galère ?

Naguère des Maghrébins et des Africains défilaient sur les Champs-Elysées. Des supplétifs d’une métropole coloniale qui occupait et exploitait leur pays. Des « Indigènes » en costumes grand-guignolesques qui paradaient pour la gloire de l’Empire français.

Au cours des deux dernières guerres « mondiales », des Algériens avaient été enrégimentés contre leur gré pour donner leur sang dans des guerres qui ne les concernaient pas, pour participer à des conflits qui n’étaient pas les leurs.

Une saga cinématographique de mauvaise qualité se répète aujourd’hui avec des clowns en uniformes, des étoiles de pacotilles accrochées à leurs plastrons.

En 1870, 1918 ou 1939, nos soldats n’avaient ni uniformes ni décorations. Ils avaient choisi l’insoumission et se sont réfugiés dans nos djebels d’où notre nation s’était soulevée pour la libération du pays.

Je rappelle à ces amnésique qui nous gouvernent et aux plumitifs qui les soutiennent que seuls les soldats européens « de souche » étaient autorisés à défiler sur les Champs-Elysées lors de la libération de Paris en 1945. Les Sénégalais, Ivoiriens, Camerounais, Algériens, Marocains, Kanaks, Cambodgiens, Vietnamiens… étaient tenus loin des festivités pour ne pas exhiber la chair à canon qui contribua à leur libération.

Pour ne pas avoir à reconnaître la dette que l’Europe doit aux « peuples inférieurs » (Jules Ferry dixit).

Bouteflika a déjà commis deux grossières erreurs (je laisse le soin à d’autres de recenser ses autres bévues). Il est honteux qu’il en commette une troisième, en notre nom à tous :

1.- En mars 2003, Chirac a débarqué avec une charretée de harkis à Alger pour « rentabiliser » son opposition à la guerre américaine à l’Irak. En cette occasion Chirac est venu avec un « cadeau » empoisonné. Ce que personne n’a relevé à l’époque. Notre distingué président a accepté une bague appartenant à Dey Hussein alors que ce présent devrait revenir à la muséologie de la Sublime Porte.

« Le retour de ce symbole de souveraineté à l’Etat algérien vient dans mon esprit sceller les retrouvailles entre nos deux pays et entre nos peuples, ce nouvel élan dans nos relations », avait dit M. Chirac, bombant le torse d’autosatisfaction. Le président français était un imbécile mal conseillé. Etait–il nécessaire d’avaler cette couleuvre pour lui faire plaisir ?

Hussein pacha n’a jamais été un Algérien, mais bien que musulman, c’était un occupant comme les autres qui nous a abandonné et allé en Italie, 8 ans plus tard achever le reste de sa triste vie à Alessandria (dans le Piémont).

Alors qu’il y avait bien d’autres biens algériens encore détenus par la France qu’il devait réclamer. Et nos archives nationales viennent en tête de liste (1).

2.- Le 15 août 2004, dans la rade de Toulon, à l’occasion de la commémoration du 60ème anniversaire du débarquement de Provence, il a accepté de parader aux côtés des autres représentants des Républiques bananières (Ben Ali, Moubarak… enfin tous ces grands démocrates soutenus par l’Occident et que leur peuples a gratifiés comme on sait), sur le pont d’envol du Charles de Gaulle. Suprême humiliation, notre président de l’époque où il tenait à peu près debout, a accepté qu’Alger soit décorée « à titre exceptionnel » de la Légion d’Honneur en tant que « Capitale de la France combattante » et accessoirement la capitale du colonialisme dans notre pays.

« Ce rôle si crucial et si singulier d’Alger méritait, à l’évidence, d’être reconnu. C’est pourquoi j’ai décidé, à titre exceptionnel et unique, de conférer aujourd’hui à la ville d’Alger, en tant que capitale de la France combattante, la croix de la Légion d’Honneur. » (Chirac au large de Toulon, 15 août 2004).

Devinez où un digne patriote algérien qui récapitule 132 ans d’occupation coloniale de son pays et qui se souvient comment l’armée française le 08 mai 1945 a remercié les Algériens pour leur « contribution » à la libération de la France, accrocherait ce titre de gloire ?…

3.- Inutile de revenir sur un Traité d’amitié que les tenants de l’Algérie française qui désormais gouvernent à Paris (que ce soit sous la droite sarkozienne ou sous le socialisme hollandien) ont tout fait pour torpiller.

Il n’y avait encore que les petits bricoleurs soucieux de leurs « investissements » à Lutèce (produits de détournements divers) pour miroiter le mythe de l’amitié algéro-française et consolider ainsi des liens d’intérêt très privés.

Comment peut-on célébrer le 14 juillet, venir se faire soigner au Val de grâce (alors que les Algériens souffrent d’une santé publique indigente) et en même temps brocarder la politique française (certes, beaucoup moins maintenant, et pour cause : après ce qui est arrivé à Kadhafi – l’ami intime de Sarko et Berlusconi-, la prudence s’impose) ?

Et il n’y a pas que Boutef pour solliciter la médecine hexagonale… Toute l’« élite » parasite hypocondriaque algérienne y vient pour accoucher ou se faire expertiser les orifices.

Toute la famille Le Pen s’esclaffe et s’indigne…

Comment et qui le lui reprocherait ?

Pourquoi ne pas aller se faire soigner discrètement en Allemagne, en Suède, en Suisse ou au Lichtenstein, au lieu de hanter les souvenirs de Louis XIV ?

Est-il besoin d’évoquer le traitement réservé à notre communauté expatriée dans ces havres de civilité et de culture, brimée en sa sécurité et en son identité? En quoi les angoisses identitaires gauloises les concernent-elle?

Ces inconséquences me dépassent.

Commémorer ensemble des événements dramatiques du passé pour construire des liens d’amitié avec la France, tout en tissant des relations pour la prospérité et la sécurité de par et d’autre de la Méditerranée. Pourquoi pas ?

On n’a pas besoin de se marier ou de s’aimer pour cela.

Mais faire venir nos soldats à Paris pour assister honteusement à un carnaval célébrant la boucherie de Verdun où nos compatriotes ont été sacrifiés contre leur gré pour une guerre qui n’est pas la notre, par ceux qu’on a foutu dehors en 1962.

Mille fois NON !!!

Il ne peut en être question.

Précisément au moment où la Palestine est martyrisée, populations civiles bombardées, enfants brûlés, villes détruites… et cela depuis plus de 60 ans, avec l’accord et le soutien de la France et des Etats-Unis pour se limiter à ce que l’Occident à de plus démocratique et de plus humaniste.

Je précise que le « bouclier de tôle » dont se vante les Israéliens est le summum de la technologie US et utilisé par des servants américains. C’est dire à quel point Washington se pose en arbitre et se préoccupe des populations palestiniennes. Toutes les occasions sont bonnes (Palestine, Afghnistan, Irak, Syrie, Ukraine, Yémen, Mali, Centrafrique…) pour tester « en théâtre d’opération réel » les armes que met au point le Pentagone.

Qu’est-ce que fichent donc les représentants de notre pays dans un défilé militariste qui n’a qu’un lien ténu avec la Révolution française?

Je suis d’accord avec Hamrouche – et beaucoup d’autres – au moins sur un point : il est temps que la « Grande muette » s’explique et se mette à parler. Notre guerre de libération nationale n’a pas été faite par ces professionnels de la parade qui se taisent un peu comme en Egypte, le doigt profondément plongé dans le pot de miel.

Djeha
12 juillet 2014

(1) Je suis très partagé sur cette affaire. Ces archives doivent être restituées à notre pays. Cela ne fait pas question car cela relève de notre souveraineté. Toutefois, je ne suis pas naïf : je n’ai qu’une confiance limitée en des autorités qui pourraient les détourner, les détruire ou les falsifier. Concevez, chers amis mon désarroi. Sur toutes les facettes de cette affaire, et bien je ne partage pas toutes ses réflexions, je vous invite à lire Abdelkarim Badjadja, ancien directeur des archives de la wilaya de Constantine et ancien directeur des Archives nationales. Et en particulier ceci : http://www.euroalgerie.org/2012/03/20/lindependance-algerie-600-tonnes-archives/

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