Entre le FFS et la presse algérienne, la relation n’a jamais été au beau fixe. En plus, l’animosité de celle-ci envers celui-là ne risque pas de connaître son épilogue de sitôt. En fait, depuis le refus du chef historique, Hocine Ait Ahmed, de cautionner le coup d’Etat de janvier 1992, le FFS est la cible de la presse « dite libre ». Et pourtant, si Hocine Ait Ahmed avait assumé les responsabilités suprêmes, la presse aurait été plus libre et plus autonome. Hélas, sous la dictature, des hommes de cette envergure n’ont pas la possibilité d’accéder aux commandes de l’État.

Cependant, bien que la situation de la presse ne soit plus celle du début des années 1990, il n’en demeure pas moins qu’elle garde une rancune particulière envers le FFS. Ainsi, aucune initiative ni aucune prise de position politique du parti n’ont le mérite d’être mentionnées dans ses colonnes. En revanche, dès que la proposition est reprise par les autres partis, la presse s’empresse de la relayer en la présentant comme la panacée.

Cela dit, qu’elle soutienne une option politique, ce rôle ne choque guère personne en Algérie. A-vrai-dire, cela fait des années que les Algériens ne croient plus au professionnalisme de la presse. Ils connaissent tellement son histoire pour ne pas la juger. Surtout ils savent que la mise sous tutelle de la presse a été orchestrée par le régime pour étouffer toute voix discordante. De la même manière, ils ne condamnent pas les responsables de journaux pour avoir troqué leur liberté contre la garantie de la survie de leurs titres. D’ailleurs, les titres récalcitrants n’ont-ils pas payé un prix très fort en disparaissant des étalages. Quant aux autres, de surcroît donneurs de leçons, ils se sont évidemment pliés au chantage des autorités.

Naturellement, tous les acteurs politiques qui ont dénoncé le coup de force de janvier 1992 sont systématiquement souillés par cette presse. De la même façon, leurs initiatives sont également discréditées. Pour corroborer cette thèse, rappelons-nous des articles au vitriol à l’encontre des participants au contrat de Rome. Bien que la plateforme élaborée à Sant Egidio condamne, sans fard ni acrimonie, l’accès au pouvoir ou le maintien aux responsabilités par la violence, la presse algérienne –à l’époque une succursale du ministère de l’information pour ne pas dire autre chose –engage une campagne d’une violence inouïe envers les auteurs de ces propositions.

Toutefois, malgré les années qui nous séparent de ces événements, son aversion à l’égard du FFS ne change pas. Ainsi, depuis janvier 1992, aucune initiative du FFS n’est vue d’un bon œil. Et quand elle lui arrive de parler du FFS, elle approche plus souvent des ex-militants pour recueillir leurs avis. En 2012 par exemple, alors que le FFS a décidé de participer aux élections législatives au-delà des considérations partisanes, la presse ouvrait plus ses colonnes aux anciens militants, devenus entre temps ses adversaires les plus zélés, pour parler du FFS. Après les élections, tous les meetings des frondeurs sont automatiquement couverts, même si des fois il s’agissait de réunions sans importance.

Enfin, malgré le retrait de Hocine Ait Ahmed de la vie politique, la presse ne pardonne pas au FFS sa dénonciation du coup d’Etat de janvier 1992. Sinon, comment expliquer qu’en l’espace d’une année la proposition de créer les conditions d’un consensus national a été à peine mentionnée, alors qu’aujourd’hui la même proposition est présentée comme étant l’unique solution ? Et pourtant, depuis la tenue du 5eme congrès et avant même que le pouvoir envisage de reconduire l’actuel chef de l’Etat, le FFS ne cessait pas d’appeler au rassemblement en vue de parvenir à un consensus politique national. Or, il y a une année, la presse présentait cette proposition au mieux comme une politique de fuite en avant du FFS et au pire comme un éventuel deal entre le pouvoir et le FFS. Enfin, au lieu de saluer la participation du FFS à la conférence de la CNLTD, le journal El Watan qualifie honteusement cette participation de simple « caution ».

Pour conclure, il va de soi que les propriétaires de journaux sont libres de dénigrer les activités d’un parti et de mettre en valeur celles des autres. A la limite, pourrait-on dire, c’est de bonne guerre. Mais, qu’ils ne prétendent pas qu’ils obéissent aux règles de déontologie. Quant au FFS, son combat n’est pas déterminé selon les attentes du régime et d’une presse hostile. En condamnant la violence d’où qu’elle vienne et en cherchant un rassemblement de tous les Algériens sans exclure aucune partie, sa voie a été déjà choisie du temps où Hocine Ait Ahmed dirigeait le parti. Et les Algériens épris de justice lui reconnaissent cette valeur.

Boubekeur Ait Benali
17 juin 2014

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