Dans les relations humaines, la confiance se gagne. En politique, celle-ci obéit à la même règle. Bien qu’elle puisse fluctuer, dans les grands pays, la communication entre les gouvernés et les gouvernants permet de maintenir ce lien. En Algérie, force est de reconnaitre que la crise de confiance remonte à des lustres. Et ce ne sont pas les pseudos consultations, initiées par Ahmed Ouyahia, qui vont la rétablir.

Dans ces conditions, il est difficile d’envisager un engouement des citoyens en vue de soutenir l’œuvre du pouvoir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est ce scepticisme est justifié. En effet, comment peut-on accorder la moindre crédibilité aux dirigeants inamovibles dont les efforts ne tendent qu’à pérenniser leur emprise ? En effet, depuis 1962, les différentes constitutions du pays sont faites pour consolider le pouvoir. D’ailleurs, on parle volontiers de « fait de prince ». La démarche actuelle du régime étaie, si besoin se fait sentir, cette thèse. Le texte fondamental a été élaboré par des experts, et ce, loin de toute implication du peuple.

Cependant, bien que les deux parties doivent parvenir tôt ou tard à une solution politique consensuelle en vue d’écarter les scénarios malheureux, il n’en reste pas moins que l’exclusion du peuple de ses affaires retarde l’échéance. Faisant semblant de servir les intérêts du peuple, en réalité, le régime pense avant tout aux siens. Sinon, comment expliquer le fait qu’à 80 ans les dirigeants algériens ne veulent pas prendre leur retraite ? De la même manière, malgré le fort taux d’abstention à l’élection présidentielle d’avril dernier, les décideurs ne cherchent même pas à décoder le message qui leur est adressé.

Cela dit, ce n’est pas la première fois que le peuple désavoue le régime. Hélas, à chaque fois, la réponse est la même. Le même scénario se répète aussi. Ainsi, à chaque fois que le régime est en difficulté, il s’appuie sur ses relais. A titre d’exemple, certains « démocrates » n’ont-ils pas constitué des milices pour défendre le régime ? Or, malgré les vicissitudes et les coups encaissés, s’il y a un seul parti qui garde la même cohérence, c’est évidemment le FFS. Après avoir œuvré pour l’édification d’un Etat républicain et social –un système qui ne peut se réaliser ni sous la dictature militaire ni sous le régime théocratique –, il poursuit, 25 ans après sa reconnaissance, la même mission. Laquelle mission doit être évidemment précédée par la concrétisation d’un consensus politique national. Enfin, cette voie devra aboutir à la restitution des rênes du pouvoir au peuple algérien, une condition sine qua none pour que le peuple puisse exercer pleinement ses droits. Pour cela, la seule réforme urgente est celle qui consiste à rétablir la confiance entre les Algériens.

Pour conclure, il va de soi que l’Algérie a besoin d’être reformée de fond en comble. Pour y parvenir, le régime doit abandonner l’idée de se maintenir au pouvoir coûte que coûte. L’histoire a montré que le pouvoir personnel a conduit des peuples à des épreuves malheureuses.  L’Algérie n’a-t-elle pas payé un lourd tribut dans les années 1990 ? Quant au peuple algérien, il doit s’investir –le changement ne peut pas être l’affaire d’un parti ou d’un groupe quelconque –pacifiquement pour reprendre sa souveraineté malmenée depuis 1962. C’est à ces deux conditions in fine que l’Algérie parviendra au changement réel.

Boubekeur Ait Benali
9 juin 2014

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