« Ensemble, bâtissons le pays rêvé par les glorieux martyrs de la Révolutions de Novembre », extrait du message du candidat A. Bouteflika, le 22 mars 2014.

Décidément, malgré un renouvellement profond de génération, les caciques du régime n’abandonnement jamais le recours à la légitimité historique. Bien que notre passé doive être le dominateur commun -ce qui doit rassembler, au-delà des divergences d’opinions, tous les Algériens -, son exploitation en vue de compenser un manque de crédibilité est tout de même répréhensible. En effet, 52 ans après le recouvrement de l’indépendance, une indépendance qui profite certes à une seule catégorie d’Algériens, et compte tenu des enjeux géopolitiques, le recours à ce genre d’argument est une façon de contourner les vraies problématiques.  

Cela dit, si Bouteflika veut construire un pays rêvé par nos valeureux martyrs, pourquoi ne l’a-t-il pas fait depuis 1999, année de son arrivée au pouvoir? Et si l’on interroge les Chouhadas là où ils sont, ils vous diront que l’idéal de liberté pour lequel ils se sont battus a été foulé au sol pendant votre règne. Sinon, que cache ce retour à la période coloniale pour justifier une candidature injuste? A partir du moment où le chef de l’Etat a participé à la guerre, aux frontières marocaine et tunisienne, cela lui donne-t-il un quelconque droit sur l’Algérie? Bien qu’il feigne de l’ignorer, sa génération a conduit le pays d’une main de fer. Résultat des courses: tous les fléaux, à l’instar de la corruption, la violence et l’injustice, sont décuplés. Pire encore, votre avidité de pouvoir fait passer l’Algérie pour une République bananière.  

En fait, dans l’histoire de l’humanité, jamais un candidat, qui de surcroît a un « respect pour chaque citoyenne et citoyen », n’a été élu sans qu’il aille à leur rencontre. Par ailleurs, bien que l’éthique morale exige que ce soit le candidat qui sollicite un mandat électif, pour A. Bouteflika, cette règle rudimentaire de la démocratie ne s’applique pas pour lui. « Ma candidature que vous avez réclamé s’inscrira exclusivement dans le sens de l’intérêt général », écrit-il. Or, mise à part votre clientèle, les Algériens nous vous obligent pas au moindre sacrifice. Dans ce cas, vous devez être surement mal informé. Les Algériens s’inquiètent, avant tout,  pour l’avenir de leur pays. En plus, dans les pays où le citoyen est respecté, c’est lui qui confie cette mission, en contre partie d’une rémunération confortable, à celui qu’il estime capable de réaliser son programme politique.    

Hélas, au jour d’aujourd’hui, les seules voix autorisées à s’exprimer sont celles qui font allégeance au régime. Et quand certains compatriotes réclament plus de transparence et la restitution des rênes du pouvoir au peuple, Abdelmalek Sellal les traite de personnes plus dangereuses que les terroristes. Et pourtant, celui qui terrorise, c’est celui qui emploie les services de sécurité en vue d’interdire aux citoyens de s’exprimer. Mais, si A. Bouteflika veut instaurer l’Etat de droit -une mission qu’il a négligée au cours des trois derniers mandats -, pourquoi certains thèmes sont ignorés lors cette campagne électorale? Alors que la corruption atteint des proportions alarmantes, aucune allusion n’a été faite par ses mandataires. Or, la construction d’un Etat juste doit commencer par la fin des abus. De la même manière, la séparation des pouvoir et  le rôle de l’armée doivent être définis.  

Quoi qu’il en soit, bien que les Algériens, exceptée la clientèle bruyante, ne croient plus au discours officiel, la gestion du scrutin démontre, si besoin est, le mépris du pouvoir algérien pour le respect des valeurs démocratiques. En effet, il est un secret de polichinelle que tous les moyens de l’Etat sont mis à la disposition du candidat « sortant ». Ailleurs, dans les pays qui se respectent, aucun homme exerçant une fonction officielle, tels que ministres, hauts fonctionnaires, n’a le droit de s’impliquer dans la campagne. Dans ces conditions, on ne voit mal comment ce scrutin peut-être qualifié de propre. Ainsi, à moins qu’il y ait un miracle, la victoire de Bouteflika est dans la poche. D’ailleurs, avant la convocation du corps électoral, le dernier remaniement ministériel et la désignation de quelques fidèles à des postes clés ont tué le suspense. « Pour être sûr que le scrutin se déroule comme prévu: le jeu a été verrouillé: Mourad Medelci, le président du conseil constitutionnel (en signe de bonne foi, il aurait pu rendre public les dossiers des candidats), Tayeb Belaiz, ministre de l’Intérieur et Tayeb Louh, celui de la Justice, sont des proches du chef de l’Etat », écrit Mélanie Metarese.   

Pour conclure, il va de soi que le désir du chef de l’Etat sera exaucé, et ce, au détriment de l’intérêt du pays. Evidemment, ce ne sont ni les candidats qui n’évoquent aucun sujet qui fâche, ni les déclarations des anciens dirigeants, ni la rue, qui peine à mobiliser autour du thème exclusivement contre le quatrième mandat, qui vont empêcher la réélection du candidat « sortant ». Toutefois, ce qui est grave, c’est que le chef de l’Etat essaie de légitimer de mandat de trop en invoquant le sacrifice des chouhadas. D’ailleurs, en toute âme et conscience, croit-il que ces valeureux chouhadas soient fiers de ce qui se fait actuellement en Algérie? Faut-il rappeler que pour une situation quasi similaire, ils ont donné leur vie pour que la domination coloniale cesse en Algérie.      

Boubekeur Ait Benali
29 mars 2014

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