Après avoir été ravagée par les hordes de mongols en 1258, puis par celles de « Timour le Boiteux » (Tamerlan) en 1410 et ensuite par bien d’autres encore (par exemple les ancêtres d’Atatürk) en 1534, la lumineuse Baghdad a été la cible de nouvelles hordes de barbares d’Occident en 1991. Leur sale besogne n’avait pas cessé jusqu’à mars 2003 et se continue depuis avec des dizaines de victimes par jours.
 
Le sort de Baghdad a été suivi par celui de Damas.
 
Avec la collaboration servile d’une multitude d’émirs, de rois, de princes et de potentats auto-proclamés gardiens de la foi, de l’ordre politique et de la paix civile.
 
C’est cela l’expression du développement le plus achevé, la quintessence de la démocratie, l’épanouissement des valeurs morales et éthiques les plus élevées. Le summum de la civilité et du savoir vivre directement importé de West Point, de Diego Garcia et autres bases militaires sionistes et européennes d’où décollèrent les bombardiers qui devaient déverser leurs cargaisons mortelles sur le berceau de l’humanité où le néolithique pris naissance, où les premières villes ont été édifiées, où les notions de valeur ajoutée et d’artéfact ont vu le jour.
 
Pendant ce temps-là ces donneurs de leçons grimpaient encore aux arbres, le derrière et la cervelle crottés.
 
Ces « êtres supérieurs » forcent notre porte, par le fer et par le sang, à coups de canons et de mitrailles, sans y avoir été invités, occupent notre territoire pendant des décennies, nous exproprient de nos terres et de nous-mêmes, asservissent nos populations en un statut de sujétion et ils osent nous accuser après cela de ne pas avoir été reconnaissants des « bienfaits de leur colonisation » ?
 
Ces monstres – dont la brève histoire est jonchée d’Himalaya de cadavres – représentent à peine plus de 10% de l’humanité et constituent un danger pour eux-mêmes, pour le genre humain et pour l’ensemble du vivant, menaçant les supports essentiels de la vie sur Terre.
 
Qui sont au juste les barbares ?
 
Djeha,
En ce jour d’équinoxe, S. 22 mars 2014

 

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Jadis cité arabe modèle, Bagdad devient la pire ville au monde

AFP le V. 21/03/2014 à 17:35

Cité modèle dans le monde arabe jusqu’aux années 1970, Bagdad est devenue, après des décennies de conflits, la pire ville au monde en matière de qualité de vie.

La capitale irakienne -édifiée sur les rives du Tigre il y a 1.250 ans et jadis un centre intellectuel, économique et politique de renommée mondiale- est arrivée en 223e et dernière position du classement 2014 sur la qualité de vie, établi par le leader mondial du conseil en ressources humaines Mercer Consulting Group.

Ce classement tient compte de l’environnement social, politique et économique de la ville, qui compte 8,5 millions d’habitants, ainsi que des critères relatifs à la santé et l’éducation.

Et à Bagdad, les habitants doivent faire face à une multitude de problèmes : attentats quasi-quotidiens, pénurie d’électricité et d’eau potable, mauvais système d’égouts, embouteillages réguliers et taux de chômage élevé.

Si du temps de Saddam Hussein, le chômage sévissait déjà et l’eau et d’électricité manquaient, les problèmes étaient d’une moindre ampleur et mieux gérés.

La sécurité, elle, s’est totalement détériorée depuis l’invasion de l’Irak, menée en 2003 par une coalition conduite par les Etats-Unis.

« Nous vivons dans des casernes », se plaint Hamid al-Daraji, un vendeur, en évoquant les nombreux points de contrôle, les murs en béton anti-explosion et le déploiement massif des forces de sécurité.

« Riches et pauvres partagent la même souffrance », ajoute-t-il. « Le riche peut être à tout moment la cible d’une attaque à l’explosif, d’un rapt ou d’un assassinat, tout comme le pauvre ».

Pourtant, Bagdad a une histoire glorieuse.

Construite en 762 sur les rives du Tigre par le calife abbasside Abou Jaafar al-Mansour, la ville a depuis joué un rôle central dans le monde arabo-musulman.

Au 20e siècle, Bagdad était le brillant exemple d’une ville arabe moderne avec certaines des meilleurs universités et musées de la région, une élite bien formée, un centre culturel dynamique et un système de santé haut de gamme.

Son aéroport international était un modèle pour la région et la ville a connu la naissance de l’Opep, le cartel des pays exportateurs de pétrole.

La ville abritait en outre une population de différentes confessions : musulmans, chrétiens, juifs et autres.

« Bagdad représentait le centre économique de l’Etat abbasside », souligne Issam al-Faili, professeur d’histoire politique à l’université Moustansiriyah, un établissement vieux de huit siècles.

L’autre tragédie syrienne : un patrimoine en péril

Le Parisien le 14/03/2014 à 23:20

Des hommes enturbannés, kalachnikov en main, hurlent «Allah Akbar», Dieu est grand. Ils sont postés à différents emplacements du palais de justice d’Alep (Nord-Ouest). Ces combattants entament un furieux face à face avec d’autres snipers, les rafales résonnent entre les murs de pierre de l’ancien édifice. Une violente explosion achève enfin de détruire la tour du bâtiment qui s’écroule sous une épaisse fumée noire.

Le palais de justice d’Alep, comme de nombreux bâtiments syriens, est le théâtre de la guerre civile, qui entrera ce dimanche dans sa quatrième année. Loin d’être comparable au terrifiant bilan humain, qui fait état aujourd’hui de plus 140 000 morts, la destruction du patrimoine syrien est l’autre tragédie de cette crise sanglante.

Les minarets et forteresses, places «stratégiques» des snipers

Explosions d’anciennes cités, forteresses éventrées, bataille de snipers dans les décombres… Les vidéos et images en provenance de Syrie ne manquent pas pour illustrer l’effondrement du patrimoine et des antiques merveilles de Syrie. Le pays du Proche-orient compte quelque 34 musées et 10 000 sites archéologiques.

L’ancienne ville de Damas, Alep ou de Bosra (Homs), le krak des chevaliers (Homs), le site de Palmyre (Homs), le château Qal`at Salah El-Din et les villages antiques du nord de la Syrie : tous sont des sites riches, classés au patrimoine mondial. Tous ont été touchés par les pillages, les bombes ou les batailles.

Les armées de soldats, rebelles ou loyalistes, prennent en effet fréquemment leurs quartiers dans ces sites historiques. «Les forteresses, vieilles villes, minarets…sont des endroits très stratégiques car ce sont des emplacements idéaux pour les snipers qui y ont une bonne visibilité», explique Nada Al Hassan, responsable du patrimoine culturel arabe à l’Unesco.

Pour la salariée de l’Organisation des Nations unies «le pire est à venir, les négociations internationales continuent sans que les combats ne cessent». Et de comparer : «Les villes de Hama et Homs (à l’est) -ravagées par les bombardements- sont aujourd’hui aussi détruites que Berlin l’était pendant la seconde guerre mondiale».

«La guerre c’est du business et l’art devient un business»

Cibles des pillages, les musées et fouilles archéologiques ont largement été dépouillés ces trois dernières années. Des mafias spécialisées, composées de centaines d’hommes, profitent de la fragilité du pays pour tenter de revendre de précieux biens syriens. Commerce lucratif puisque les oeuvres se retrouvent sur les marchés d’art libanais, jordaniens, turcs…lorsqu’elles arrivent à passer les frontières.
 
Un conflit à huis clos est aussi l’occasion pour les mafieux de fabriquer des «faux» objets d’arts pour les écouler. «La guerre c’est du business et l’art devient un business», résume tristement Nada Al Hassan.

Pour les autorités d’un pays, ces destructions sont généralement une grande perte, comme le résume Edouard Planche, également spécialiste de la protection du patrimoine culturel à l’Unesco. «Les objets participent à la reconnaissance d’un Etat, détaille-t-il, avec l’explosion du tourisme ces dernières années, c’est une perte». Pour ce dernier, «cela explique la prise de conscience récente des Etats».

«Nous perdons une partie de notre mémoire»
 
Sur place, certains s’activent pour la protection des sites. C’est le cas de la DGAM, la Direction générale des antiquités et des musées, organisme toutefois lié au régime de Bachar Al Assad, jugé «responsable» de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, selon l’ONU. Joint par téléphone à Damas, le directeur de la DGAM Maamoun Abdulkarim, tente, tant bien que mal, de rester hors des débats politiques pour défendre l’Histoire syrienne. «Ce que vit la Syrie est tragique, nous perdons une partie de notre mémoire».
 
Quelque 2500 fonctionnaires syriens ont été dépêchés pour veiller sur les lieux précieux. «Une grande partie des musées ont été vidés et les oeuvres ont été placées en lieu sûr, qui restent secrets pour des raisons de sécurité», explique Maamoun Abdulkarim. Outre frontières, des sites internet tentent d’alerter sur la catastrophe, à l’image de l’Apsa, l’association pour la protection de l’archéologie syrienne. L’Unesco est en train de créer un «observatoire du patrimoine syrien, qui sera probablement basé au Liban dans un premier temps.
 
«Nous ne voulons pas reproduire le même schéma que l’Irak», explique Maamoun Abdulkarim. Dans le pays voisin, des milliers d’objets avaient été dérobés après l’intervention américaine en 2003.

Syrie : les tombes de l’antique Palmyre, proie des pilleurs

AFP le L. 17/03/2014 à 08:34

Le plus beau site de Syrie, l’antique Palmyre, porte des stigmates de récents combats mais ce sont surtout ses magnifiques tombes qui ont été la proie des pilleurs.

Située à 210 km au nord-est de Damas, la « perle du désert », inscrite par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, conserve toute sa beauté bien que le temple de Baal ait subi quelques flétrissures en raison des échanges d’artillerie entre l’armée et les rebelles.

« Les groupes armés se sont installés en février 2013 dans l’immense palmeraie au sud de Palmyre et ont occupé le site jusqu’à ce l’armée les en chasse en septembre de la même année », explique à l’AFP Mohammad al-Assad, 44 ans, fonctionnaire au service des Antiquités.

« A partir des vergers où ils se trouvaient, ils tiraient sur la ville et certains obus ont endommagé par endroits le temple situé au milieu », ajoute-t-il.

Le mur oriental du temple hellénistique de Baal, l’édifice le plus imposant de la cité, est marqué par plusieurs tâches blanchâtres, là où la pierre a été griffée par des éclats d’obus. Un tir de mortier a endommagé l’une des ouvertures, ainsi que le linteau reposant sur huit colonnes à fûts cannelés.

Le mur d’enceinte a souffert en plusieurs endroits. Trois piliers de la colonnade au sud du temple ont été démembrés, leurs chapiteaux corinthiens gisant à terre. Mais les autres monuments n’ont pas été touchés par les combats.

Découpées à la tronçonneuse

D’après M. Assad, des rebelles ont mis à sac la maison des missions archéologiques jouxtant le temple, mais le plus grave a été le pillage des merveilleuses tombes.
 
A l’ouest de la cité, dans la Vallée des tombes, la nécropole s’étend sur un kilomètre. C’est là que les riches Palmyréniens avaient construit une série de monuments funéraires somptueusement décorés.

Au Musée de Palmyre, le directeur Khalil al-Hariri montre trois stèles calcaires et des parties de sarcophages sculptées en haut-relief de personnages et d’enfants. « Elles avaient été découpées à la tronçonneuse. Nous les avons récupérées il y a deux jours, dans le sous-sol d’une maison », explique-t-il.

Combien de tombes ont été pillées ? Il n’en sait rien. « Il y a environ 500 tombes, dont seulement 200 ont été fouillées par les archéologues. C’est dans celles qui ne l’étaient pas que les pilleurs ont fait leur sale besogne », dit-il.

Son seul point de repère, c’est le butin retrouvé. « Depuis que l’armée a repris le contrôle de la région, j’ai récupéré 130 pièces, mais je suis incapable de dire à combien de tombes elles appartenaient car les voleurs ont pris soin de les refermer ».

Outre les sarcophages, il y a des bustes de défunts en costume gréco-romain et des décorations murales de style palmyrénien.

Dans le discours officiel, ce sont les « hommes armés » ou « les terroristes » qui ont voulu délester le pays « en vendant à vil prix notre culture et nos racines ».

En réalité, et M. Hariri le reconnaît à demi-mot, certains habitants ont profité du désordre pour mettre la main sur des pièces, d’autant qu’ils en connaissent la valeur.

Subitement plus rien

« La police les a retrouvées ici, dans les maisons, les vergers ainsi que dans le reste du pays. Quinze ont même été découvertes à l’aéroport de Beyrouth, prêtes à s’envoler vers l’étranger », selon lui.

L’ONU a pressé les belligérants de protéger « le riche patrimoine culturel mis en lambeaux » par trois ans de guerre. Devant « le pillage systématique » des sites archéologiques, elle a recommandé aux professionnels du commerce de l’art et aux douanes « de se méfier des objets d’art syriens susceptibles d’avoir été volés ».

Fayçal al-Cherif, chef de la municipalité, n’a plus vu un touriste depuis septembre 2011, soit six mois après le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad.

« Il y en avait 250.000 par an, puis subitement plus rien. Sur les 85.000 habitants, 5.000 travaillaient dans l’hôtellerie, la restauration, possédaient des magasins, organisaient des balades dans le désert sous la tente, servaient de chauffeur ou de guide », déplore cet homme de 57 ans.

Les 16 établissements de la ville ont tous fermé. Quant au Zénobia, l’hôtel de légende construit dans les années 1920 par une aventurière française et situé dans le site archéologique, il a été pillé et à moitié brûlé.

« J’espère que la tourmente se terminera et que les touristes reviendront bientôt », soupire-t-il.

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