La grève des « 8 jours », du 28 janvier au 3 février 1957, bien qu’elle suscite plus tard l’intérêt de l’opinion internationale pour la question algérienne, a également des conséquences désastreuses immédiates. En effet, dès que le mot d’ordre est porté à la connaissance du public, les autorités coloniales ont tenté vaille que vaille de saborder l’action du FLN. Pour ce faire, la Xème division parachutiste, commandée par le général Massu, est chargée de casser la grève.

En effet, investis de pleins pouvoirs, les paras commettent des exactions incommensurables en vue de parvenir à leur but. Ainsi, bien que la détermination du peuple algérien et du FLN ne soit pas ébranlée, l’action des parachutistes, tel un rouleau compresseur, va déstabiliser l’organisation nationaliste. « Depuis la fin de la grève générale, en effet, les cinq membres du CCE, même s’ils ne partagent pas tous la même analyse de la situation, se sont rendus à l’évidence : ils ne sont plus du tout en sécurité à Alger », écrivent Benjamin Stora et Renaud de Rochebrune dans« la guerre d’Algérie vue par les Algériens ».

Pendant ce temps, la répression –et c’est le moins que l’on puisse dire –a atteint son paroxysme à Alger. D’où l’idée des membres du CCE de quitter la capitale au plus vite. De plus, leur préoccupation est désormais de sortir vivant de cette chasse à l’homme. De toute évidence, les informations qui parviennent aux dirigeants ne sont pas de nature à les rassurer. Les arrestations des militants du FLN s’enchainement à un rythme effréné. En fait, tapant dans le tas, les paras procèdent à des arrestations à l’aveugle. Du coup, dans la capitale, aucune cache n’est plus à présent sure. En plus, les soupçons commencent à peser sur les Français libéraux et sur certains fidèles au système colonial. Pour corroborer cette thèse, on peut citer l’exemple de la perquisition du domicile du Bachagha Boutaleb, dont le domicile est utilisé jusque-là par les chefs du FLN. Par ailleurs, couverts par leur hiérarchie, à chaque perquisition, les paras ne vont pas de main molle. En effet, avant l’arrestation de Larbi Ben M’hidi, c’est le maitre Ali Boumendjel qui est arrêté le 8 février 1957. Bien qu’il soit connu à Alger, les paras ne craignent aucune réaction. « Livré au commandant Aussaresses, il est torturé puis éliminé le 23 mars sur instruction de ce dernier, avec l’accord de Massu : on l’assomme d’un coup de manche de pioche puis on le jette d’une passerelle reliant à la hauteur du sixième étage deux immeubles d’El Biar », notent les deux historiens.

Quoi qu’il en soit, bien que chaque arrestation soit exploitée à fond, ce qui intéresse à plus d’un titre le général Massu, ce sont les grosses prises. Recueillant information sur information, les paras, d’après Marcel Bigeard, colonel de grade pendant la bataille d’Alger, découvrent qu’un haut responsable du FLN, probablement Ben Khedda, est hébergé dans le quartier européen. Ce renseignement provient en fait de l’agent immobilier louant des appartements au FLN. Sous la torture, l’agent immobilier donne plusieurs adresses. Sans perdre de temps, les paras se ruent alors vers les lieux indiqués. Si l’adresse de Télémly, les paras trouvent l’appartement vide [Abane et Dahlab ont quitté les lieux avant], à la rue Bettignès, dans le quartier Debussy, les paras tombent nez à nez avec Ben M’hidi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette arrestation constitue un coup dur pour la révolution algérienne. Responsable politico-militaire de la zone autonome d’Alger (ZAA), Larbi Ben M’hidi, appelé le juste, est un homme aux valeurs exceptionnelles. Avec AbaneRamdane, ils forment un duo parfait. En tout cas, s’il n’avait pas été assassiné, il n’aurait jamais toléré la militarisation de la révolution vers la fin de la guerre et de l’Algérie après l’indépendance.

Cependant, après son arrestation, malgré son statut de chef national de la révolution, Ben M’hidi est traité comme un « terroriste ». Mais là où ses bourreaux se trompent, c’est qu’ils ont affaire à un homme stoïque. Bien qu’il soit probablement drogué au « Penthotal », un sérum de vérité selon Stora et de Rochebrune, Ben M’hidi ne révèle rien qui puisse aider les paras à retrouver ses camarades du CCE. Naturellement, ses geôliers déploient toute leur énergie pour tirer le maximum d’informations, mais en vain. Cela dit, croyant au combat qu’il mène, Ben M’hidi ne se dérobe pas. Bien qu’il admette l’existence de difficultés organisationnelles, il n’en reste pas moins que le peuple algérien, d’après lui, est acquis au principe de la lutte pour sa libération. En outre, s’il y divergence entre nationalistes, c’est surement sur la manière de combattre le système colonial. « Que la France quitte l’Algérie et tout s’arrêtera », répond-il à une question de Marcel Bigeard lors de son interrogatoire.

En tout état de cause, si les tenants du système colonial n’étaient pas animés d’une mauvaise foi, ils auraient pu engager, à un haut niveau, le dialogue sur ces questions. « Au lieu de considérer qu’avec un tel homme, elles ont trouvé quelqu’un de solide à qui parler, les autorités coloniales font un choix peu glorieux », écrivent les deux historiens déjà cités. Ainsi, après un séjour de deux semaines au centre de tri d’El Biar, Ben M’hidi est confié à l’un des tortionnaires les plus abjects, en l’occurrence Aussaresses, que l’histoire contemporaine ait connus. En fait, dans la nuit du 3 au 4 mars, le prisonnier est entre les mains d’Aussaresses. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela équivaut à une condamnation à mort. Couvert par sa hiérarchie, notamment par son supérieur, le général Massu, l’homme aux sales besognes passe à l’acte. « Nous nous sommes arrêtés dans une ferme isolée qu’occupait le commando de mon régiment… Nous avons isolé le prisonnier dans une pièce déjà prête… Une fois dans la pièce, avec l’aide de mes gradés, nous avons empoigné Ben M’hidi et nous l’avons pendu, d’une manière qui puisse laisser penser à un suicide. Quand j’ai été certain de sa mort, je l’ai tout de suite fait décrocher et transporter à l’hôpital », écrit le tortionnaire dans ses mémoires « les services spéciaux ».

En somme, au-delà de toute polémique sur les conditions de sa mort, il est clair que sa disparition a laissé la révolution orpheline d’un grand protecteur. Car, dans son vivant, la révolution, bien qu’il y ait de nombreuses difficultés, roulait sur les rails. En tout modestie, lui et Abane ont pu donner une âme politique à la lutte armée. Hélas, sa mort va conduire celui-ci à l’isolement et à son assassinat plus tard. Enfin, ses engagements et sa probité suffisent à exclure la thèse selon laquelle Ben M’hidi s’est suicidé. Quant à la manière dont il a été tué, tout porte à croire que la pendaison est la thèse la plus vraisemblable. Pour Mohamed Cherif Moulay, dont le père a été torturé à mort par le groupe de paras conduit par le lieutenant Jean Marie le Pen, Ben M’hidi est mort par pendaison. En effet, en allant récupérer la dépouille de son père à la morgue le 4 mars, Mohamed Cherif Moulay a vu un cadavre allongé sur la table portant une étiquette où il est écrit le nom de Larbi Ben M’hidi. D’après lui, le corps « ne saignait pas, ne portait aucun impact de balles, ni de trace de sang », mais il avait à la hauteur du cou« une sorte de bleu rougeâtre, comme un œdème », témoigne-t-il. C’est ainsi que se termine l’histoire de l’un des hommes les plus probes de la révolution algérienne.

Boubekeur Ait Benali
28 février 2013

Un commentaire

  1. quotidiens
    un tres grands soutiens por hocine malti il est le seule qui as denoncer la grands corruption dans la sonatrach nous sommes avec eux jusqua la dernier minutes a besoin un grand soutient de la population ou sont les autres homme comme lui il ya de milliers affairs dans les grands societe larmee sonatrach sonalgaz air algerie sont couvert par la mafia politico financiers mobilisation de toute algeriens soi avec malti est les gens honnest

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