La situation politique en Algérie, en ce début du 21ième siècle, est des plus inquiétantes et dégénère avec l’âge de la crise qui frôle le quart de siècle. Tout au début du siècle, M. Abdelaziz Buteflika avait promis de remettre le pays sur pied. Il a 13 ans de pouvoir ! C’est le temps qu’a offert le destin à el-marhum M. Houari Bumédienne ainsi qu’à M. Chadli Bendjedid. L’état de santé du Président lui permettra-t-il de continuer ou léguera-t-il le fardeau à son successeur ?

Le petit peuple n’a pas besoin des chiffres que pourrait avancer celui qui voudrait dresser un bilan de cette période. Son vécu quotidien en témoigne aisément. Education, santé, travail, marché, ordures ménagères, etc. l’assaillent 25 heures sur 24. Une pression extraordinaire s’exerce sur le citoyen sans qu’il en sache l’origine, accentuée par une absence délibérée de l’autorité !

Cinquante ans est l’âge de l’Etat algérien. Un demi siècle de temps n’a pas permis aux responsables algériens de l’indépendance d’édifier l’Etat de droit qui les honorent, eux, et leur peuple. Cependant, sept années et demie, avaient suffit à l’Algérien colonisé pour mettre fin à un siècle et un tiers de siècle d’occupation coloniale française. D’Octobre 88 à Juin 92, trois ans et demi de liberté sur 50 (i.e.  7 ans de liberté par siècle) se sont facturés par presque dix années de guerre fratricide, des morts et des disparus par milliers, de la torture où le colon a été surpassé, des camps d’internement en zones radioactives, les prisons bondées… Devant un tel état de fait, la classe politique est restée pantoise et n’osait aborder le problème de fond. L’élite politique ne se souvient du petit peuple que si vote il y a. Après, c’est l’hibernation. Les différentes formations se disputent les électeurs qui acceptent que le jeu politique se fasse dans les conditions imposées par un pouvoir éprouvé par le complexe et le besoin de légitimité depuis 62.

a) Les « sanafir »

Commençons par les « sanafir ». Ils ont toujours été pour le décor, le lièvre de la course électorale comme on dit. Aussi, pas la peine de perdre du temps avec eux. M. Abdallah Djaballah, sans doute le plus gros, à lui seul, il en a mis au monde trois ! La stature de « zaim » qu’il se donne est trop grande pour sa peau. Il mue souvent : c’est son handicap ! Il perd en cadres et en électorat. Sans la politique des quotas est-il capable de survivre ?

b) Le RND

Pas la peine de donner de l’importance au RND. Le pouvoir y a essuyé son couteau. Il a été accusé d’être à l’origine de la détérioration de la situation sociale et d’être la cause de l’échec dans la réalisation du programme du Président.

Son maître, homme du sérail, réputé proche des militaires au pouvoir (wikipédia), M. Ahmed Ouyahia avait déclaré au début de l’année : « La stratégie industrielle n’a pas été adoptée en Conseil des ministres » !? Où donc alors ? Elle « doit désormais être adaptée aux mesures prises par le chef de l’Etat ». On aurait aimé savoir que M. Ouyahia nous dise où se trament les choses du pays ? Et par qui ? Et à M. Ouyahia d’ajouter que « l’argent commence à gouverner en Algérie » via de cercles mafieux. « L’argent commande en Algérie, il commence à gouverner et à devenir un argent mafieux », disait- il, en précisant que c’est le secrétaire général doublé du Premier Ministre qui s’exprimait.

Il est regrettable que le responsable algérien ait besoin d’un aussi long parcours que le parcours de M. Ahmed Ouyahia et d’un palmarès politique aussi chargé pour aboutir à la conclusion à laquelle était arrivé le dernier des Algériens en 88 – laquelle était la cause des fameux événements que l’histoire n’est pas prête d’oublier – et que les jours d’aujourd’hui ne cachent à personne aussi petite soit-elle !

On aurait voulu que ceux qui l’avaient investi lui demandent des éclaircissements sur le sujet. A moins qu’ils n’aient peur des ses révélations !

Sur 36 ministres, au moins 12 ont menti (Algérie 360°). Si on s’en remet à cette information, on relève que le tiers des ministres mentent. Comme il n’existe pas de demi-menteur ou de tiers de menteur, c’est tout le gouvernement qui pratique le mensonge ! C’est ce qui a amené « Algérie 360° » à titrer « Mensonges du gouvernement Ouyahia ».

M. Ouyehya a été écarté. La branche qui l’a porté plus d’une décennie a cassé. Le RND –parti du pouvoir, favori par excellence, vient de perdre ses atouts. Il a fini ses jours en ayant achevé son rôle. Quel avenir a-t-il avec le malaise qui lui brouille la tête et le laminoir qui le rabote ?
 
c) L’Alliance de l’Algérie Verte

L’Alliance verte est la face islamique du système. Les essais de ses composantes dans la gestion des assemblées locales n’ont pas été des coups de maître. Dès son apparition, elle s’affiche derrière le Président. Elle attend ses recommandations. Née hybride, de dissidents de l’ex El Nahdha de A. Djaballah et du MSP en décomposition, l’AAV est loin de la cohésion, et cette infirmité la gène sur le terrain. Le quota qui lui a été attribué exprime ses limites dans le rôle qu’elle aura à jouer. Les législatives l’ont brisée et amoindrie. Son avorton, le TAJ, risque de lui brouiller les cartes après lui avoir siphonné d’importants cadres comme son demi-frère le FC de M. Abdelmadjid Menasra : Tous sont en bousculade pour décrocher la faveur du « Rais » en vue de lui réaliser son programme. Elections locales obligent !

d) Le RCD

Le RCD, où, le Dr Saïd Saadi – l’ami du Président –, ne souffre pas l’ombre du Da Hocine qui le persécute, peine à s’imposer. Aux antipodes du FFS, qu’il cherche à supplanter en Kabylie, le RCD, nous a familiarisés avec ses prises de positions et ses revirements qui ont fait de lui un pantin politique dont le pouvoir tire les ficelles au gré du besoin. Le journal français Le Monde du 9 mars 2009 rapporte une déclaration du Dr Saadi : « On ne peut pas sauver en même temps l’Algérie et le régime » Il a opté pour sauver le régime : il a foi de s’être « trompé de peuple ». A chaque fois que le besoin se faisait sentir, il avait inlassablement fait le tour des capitales européennes pour les convaincre des bonnes intentions du régime en place et qu’il avait besoin, seulement, de crédit. Le docteur Saadi a assisté, soutenu du bec et des ongles, légitimé et justifié toutes les résolutions du régime depuis l’arrêt du processus électoral. Pour ménager le pouvoir, contrairement à ce qu’il charrie, il a même fait partie de la coalition gouvernementale aux côtés des islamistes en 99 ! Sa colle au pouvoir le mène à refuser catégoriquement, selon l’éditeur François Gèze, une commission d’enquête internationale sur les droits de l’homme. (Le Monde).

Dr Saadi a essayé de « bricoler » avec un pouvoir qui n’accorde sa confiance qu’au sérail et ce qu’il couve. S’il a été utile au pouvoir durant les 20 années passées, surtout en 92, le pouvoir ne lui a été utile, peut-être, qu’à titre personnel. Son obstination à faire du bricolage politique, malgré les changements de donne survenus sur la scène nationale et internationale, lui a fait perdre de sa crédibilité au sein de la Kabylie en particulier et auprès des Algériens en général.

Il reste à l’actif du Dr Sadi qu’il est, en Algérie, le premier président de parti qui quitte la présidence de son plein gré. Ca reste une première même si ses détracteurs s’interrogent : S’est-il, aujourd’hui, trompé de parti comme il s’est, hier, trompé se peuple ?

e) Le FFS

Le FFS, symbole de l’opposition soutenue, a trébuché contre les législatives 2012. Ses résultats ne le reflètent pas. Si le vote était pipé, son électorat semble ne pas s’y être préparé. La participation a été une véritable secousse. Que la décision à la participation ait été parachutée ou non, après négociations avec le pouvoir ou après analyse de la conjoncture, les rangs ont été fêlés à tous les niveaux. Après que les exclus ou les dissidents durent recourir à présenter une plateforme en vue d’une solution à la crise en dehors des instances du FFS leur cadre naturel, le Da Hocine, connu pour sa sagesse et pour être chevronné en politique, pourra-t-il remettre à son parti les plumes essentielles qu’il a perdu pour reprendre son vol. Si oui, combien lui faudrait-il de temps pour reprendre le niveau de vol habituel ! Où réside le mal du FFS? Question de fonctionnement, d’organisation ? Est-ce que sa pratique est en contradiction avec son idéologie ? Ou est-ce l’ombre du Da Hocine qui devient gênante dans les décisions capitales ?

f) Le FLN

Le FLN est depuis 62 le parti du pouvoir. Son « oui » a toujours précédé la demande de l’autorité. Il n’a que trop bien joué son rôle ! Il s’est identifié à la nation ! Seul l’adhérent au FLN est qualifié de nationaliste ! Après que les évènements des années 90 eurent tourné au vinaigre le pouvoir accuse le FLN de M. Abdelhamid Mehri d’être à l’origine de la crise, fonde le RND et lui donne la première place dans l’échiquier politique. C’est la seule fois où le vieux parti s’est démarqué du pouvoir. M. Abdelhak Benhamouda a vite fait de le redresser. Comme tous les autres partis, le FLN a rangé son programme dans le tiroir, depuis que le programme du Président a, seul, la prépondérance.

Sans la distribution des voix par quota, le FLN, boudé par la plupart des Algériens, sans programme, ne serait qu’une poussière politique que les vents du changements auraient vite fait de balayer.

Le FLN sait que l’ingénieur qui a fait l’esquisse de la carte politique issue des législatives 2012 l’a placé en tête. Cela l’empêche de faire la moindre réclamation : il n’a bénéficié ni de la formation du gouvernement ni de sa chefferie, il y a même perdu des portefeuilles. Pis encore, M. Abdelaziz Belkhadem, qui, avant de mettre le turban, a eu le privilège de donner à l’armée la légitimité de sortir des casernes et d’occuper les villes et partant la mettre au mains du pouvoir pour se maintenir, a été mis à l’écart, comme son prédécesseur M. Ahmed Ouyahia. Est-ce une congélation pour plus de fraîcheur en vue des présidentielles ? Ou une mort politique, prématurée, d’un acteur « modèle » dont les postures et retournements ont servi la pérennité du pouvoir ?

Le gouvernement Sellal, sans couleur politique, entièrement désigné par le Président, pour appliquer le programme du Président, n’a de compte à rendre qu’au Président ! Inutilité de toute alliance, inutilité à M. Abdelmalek Sellal de présenter son programme à l’APN, inutilité de chercher la confiance de l’APN ! A quoi donc ont servi les élections ? Si non à prolonger la crise et à perpétuer le statu quo.

Ainsi vidées de leur substance, comme les partis, les assemblées n’ont aucun rôle à jouer autre que le décor et leurs membres sont démunis de toute responsabilité. Ce qui donne l’envie à tout individu de prétendre à un siège ce qui a multiplié les crises aux seins des formations politiques.

La crise interne entre M. Salag Goujil et M. Abdelaziz Belkhadem est une lutte de positions au sein du FLN. Toutes (ou presque) les wilaya ont vécu ce malaise. Des gens qui n’ont aucun lien avec le FLN se sont vus attribuer la tête de ses listes : le petit militant interprète cela en se disant que le SG a agit selon des directives du pouvoir.

« le FLN est actuellement géré par des centres d’affaires et d’argent » déclare le MRA (mouvement pour le redressement et l’authenticité – FLN). Actuellement, seulement !? La mafia est-ce une mode ou une réalité ? En tout cas elle a tendance à se généraliser. N’est-ce pas là une invention du pouvoir et de ses bénéficiaires pour justifier leurs insanités foisonnantes ?

g) L’Opposition non officielle

C’est le petit peuple que la crise écrase dans toutes ses dimensions. Ce sont les gens qui souffrent de la situation que traverse le pays. Ce sont les âmes généreuses qui se dépensent pour que l’Algérien retrouve sa grandeur qu’il a arraché aux vicissitudes de l’Histoire.

Ce petit peuple est un torrent qui roule tout : galets, gravier, sable fin… Lorsqu’un barrage se dresse devant lui, il en cherche les failles. S’il en trouve, il les transforme en brèches et emporte le barrage. S’il n’en trouve pas, l’eau se rassemble, gonfle à bloc et déborde. Rien ne l’arrête !

*) Le FIS

Objet des discussions entre la condamnation et l’éloge. Fantôme sur le terrain entre l’illusion et le réel. Inexistant officiellement, incontournable officieusement. Il reste l’élément essentiel et la constante irréductible de l’équation qui dimensionne la crise que traverse le pays depuis presque un quart de siècle.

Le coup qu’a reçu ce parti est de l’intensité d’un « tsunami ». Il ne s’en remettra que par miracle, si miracle il y a. Le désordre qui s’en suivi à l’intérieur du FIS l’a affecté sur trois plans : au niveau théorique, au niveau du discours, au niveau de la pratique.

─ L’avènement des islamistes turcs suivi du printemps arabe ont présenté une conception nouvelle de la vie politique et une version originale de l’état islamique d’où la nécessité de résoudre, à l’algérienne, la question de l’application de la « charia » et la question des libertés individuelles et collectives, le multipartisme est-il stratégique ou tactique?…

─ Le discours d’aujourd’hui, en se voulant rassurant, reste suspect : il n’apporte pas la réponse valide aux questions soulevées par le théorique.

─ Sur le plan pratique, les évènements lui inculqué qu’il lui est impossible qu’il vienne à bout du régime en place, tout seul, ni par la pratique politique, ni par l’emploi des armes ! Tous les algériens sont concernés par la chose comme ils ont tous été touchés par la crise et ses retombées. L’Islam est plus grand pour qu’il contenu dans une quelconque formation politique ou autre.

Ces points soulevés, qu’il appartient au FIS, de dénouer, d’abord pour ses fans, et de clarifier ensuite pour les partenaires politiques et autres, n’ont pas été cités par les seuls laïcs mais bien par des gens qui se réclament de l’Islam, mais qui ont en une conception différente et que le discours fustigateur du FIS a intimidé pour ne pas dire effrayé. L’intégralité de la personne humaine doit être sacralisée au dépend de l’interprétation humaine des textes sacrés. L’erreur en ce domaine est irréparable et impardonnable !

Le front qui avait réussi à grouper des tendances parfois opposées n’arrive pas, aujourd’hui, à réparer les fêlures que les vingt années passées ont aggravées. Ali Belhaj, après une décennie de liberté et d’essais vains d’occuper le devant de la scène politique, a prouvé ses limites, en n’arrivant plus à jouer, de nouveau, le pivot qu’il fut dans les années 90.

La masse du FIS morcelée, accablée par les événements, n’est plus unanime à donner les rênes à la direction historique. Pour certains, le poids des dégâts humains et matériels ne lui permettra pas de reprendre de nouveau la tète du parti, quelles que soient les considérations prises, elle en porte une part de responsabilité aussi minime soit-elle ! D’autres ont purement et simplement rejoint différentes formations politiques ou autres (droits de l’homme, associations caritatives…). Un nombre, non des moindre, a été touché et ravi par la version turc ou l’approche tunisienne de l’autorité islamique. Il est certain que le rassemblement n’est pas pour demain. Surtout qu’aucun bilan n’a été établi en vue d’une évaluation objective de la pratique politique au cours de la période 89-92.

Un appel fait par certains cadres du FIS aux « nobles » (churafa), toutes affinités confondues, qui s’intéressent au devenir du pays et de ses habitants, leur demande d’unir les efforts pour mettre fin au pouvoir et ses agissement et instaurer l’état de droit que les Algériens réclament et où les libertés individuelles et collectives seraient garanties.

**) Les autres composants

56% de non participation. 1,5 million d’abstentions. Tous ces gens qui n’ont pas jugé utile de voter, représentent ceux qui refusent la politique du pouvoir pour ne pas dire le pouvoir tout court. Ils n’ont pas répondu aux appels de boycott. Ceux qui ont lancé l’appel au boycott, ne l’ont fait qu’après s’être assuré que la majorité n’allait pas voter. Ils ont usé de l’appel pour couvrir leur nullité ou/et leur nudité !

Le boycott peut signifier aussi que ces gens renient ces partis qui se complaisent dans le jeu politique que le pouvoir propose depuis le fameux HCE. Depuis feu le FIS, pas une seule fois, l’opposition n’a eu l’initiative en main, mis à part la plate de Rome ! Les partis se résument à des réflexes que le pouvoir a conditionnés au point que les dits partis ne l’inquiètent plus et qu’il travaille à l’aise pour sa perpétuité.

Si on met de côté les militants du FIS et ceux du FFS, qui ont leurs cadres de mouvance, une frange non négligeable s’identifie à l’opposition sans pour cela se donner une étiquette ou un titre : elle se noie dans la majorité silencieuse. Elle est consciente des limites des partis et cherche à s’en démarquer. Les partis ont perdu la notion de temps par leur pratique négative de la politique. Si en vingt ans le pouvoir n’est pas arrivé à se faire une quelconque légitimité, il a en revanche prolongé sa durée et approfondi la crise. Par ailleurs, les partis s’effritent et prolifèrent dans la chétivité. Sans réaction notoire, ils se suffisent de répondre aux invitations occasionnelles de l’autorité de tutelle. Le temps qui forge le système élime les partis. L’opposition se veut sortir des sentiers battus et parier sur plus d’efficacité, de réalisme et surtout d’initiative sans oublier de donner au facteur temps la place qui lui revient dans la résolution de la crise. Elle est consciente que les conjonctures régionale et internationale ont leurs répercussions sur la solution de la crise. En 92, elles étaient en faveur du pouvoir aujourd’hui il est aux abois. Le contexte régional et international a changé.

Plusieurs feuilles de routes ont été établies pour un même but. Cela reflète tout l’intérêt aigu et croissant que l’opposition affiche pour dénouer la situation, mais, cela exhibe aussi le malaise qui ronge ses composantes : ils n’ont pas réussi à dépasser l’obstacle de l’égo pour s’assoir ensembles et dresser une carte de route commune. L’ombre des partis se prolonge-t-elle à l’opposition et en dessine-t-elle la géographie?

Le pouvoir a son agenda. Il œuvre pour le réaliser. Il ne lésine pas. Il a l’air méthodique. Lentement mais surement il se prolonge dans le temps. Le délabrement des différents partis n’est pas nécessairement l’œuvre du pouvoir, il se peut que les partis renferment des arrivistes qui n’ont pu se retenir devant les avantages dont bénéficient les élus aux différentes assemblées. Ils sont à l’origine des perturbations dans toutes les compositions politiques. Chaque parti – conséquence des circonstances qui l’ont vu naitre – n’a pas eu l’occasion de croitre de façon naturelle pour avoir raison de ses contradictions internes, lesquelles ont été source de déflagration ou de paralysie pour beaucoup.

Que l’opposition soit manipulée par le pouvoir au point de la morceler et de la pousser à prendre certaines de ses composantes pour cibles, ou qu’elle soit mue de son propre cru, en se détruisant les uns les autres, sous son regard bienveillant, cela dénote un manque flagrant de conscience qui ne la prédispose pas à jouer le rôle important qu’on attend d’elle. Si le régime arrive à se jouer des nationalistes, des islamistes, des berbéristes, des démocrates, des laïcs, des communistes, des arabophones, des francophones… chacun à pris à part ou tous ensembles réunis ; il va de soi qu’il lui appartient logiquement de gérer à lui seul le pays et d’y rester. Si toute cette mosaïque est incapable de hisser un groupe capable de relever un défi vieux de vingt ans, le ventre de la terre lui irait mieux que sa surface ! Et qu’on ne parle plus politique !

Devant un tableau pareil où se dessinent l’espoir et la crainte entrelacés, la crise qui tend à étouffer le pays et ses habitants, ne verra venir sa solution que si les « churafa » la prennent en mains.

***) Les « churafa » ?

Ils sont nombreux ! Ils appartiennent aux différentes composantes de la société : administrations , fonctions libérales, ouvriers, syndicats, chômeurs, politiciens, sportifs, vieux, jeunes, émigrés, police, gendarmerie, armée. Le malaise a touché même ces trois corps. On a vu des militaires préférer habiter les quartiers populaires que les cités militaires. Oui, car le grade se prolonge du chef de famille à l’épouse pour atteindre les enfants : dans la cour, le fils du capitaine est capitaine, celui du sergent est sergent. Les éléments du FIS que l’armée et la police ont pourchassés toute une décennie vous témoignent que là où l’ennemi domine réside au moins un ami. A tous les niveaux de la hiérarchie militaire, de la police et de la gendarmerie existent des « churafa ». Le petit peuple les admire, les écoute et leur obéit. Ceux qui ont tout à donner, rien à prendre. Ce sont eux qui éperonnent l’espoir des Algériens, du petit peuple.

Le petit peuple attend d’eux l’entente et la clarté. Ce n’est pas à lui de leur dire ce qu’ils doivent faire. C’est de leur ressort. Mais çà et là on entend ces recommandations au nombre de sept susceptibles de les aider dans leur tache :

1) A la moindre petite lueur que vous ferez apparaître au fond de ce sombre tunnel où l’Algérie a été entrainée par l’extravagance des putschistes, ce petit peuple sera à vos ordres et sera à vos cotés et votre secours.

2) Ne laissez pas le temps au régime pour se reprendre et se perpétuer. Ne pas le sous estimer. Ne pas le surestimer non plus. Ne pas se payer le luxe de gaspiller le temps en légèretés. Un Etat de droit où seront assurées les libertés individuelles et collectives est ardemment attendu.

3) Le péril immédiat et menaçant provient du maintien des habitudes et des pratiques du système ou des partis. Elles sont cause de dépravation.

4) Les divergences entre opposants au régime sont source de force et de détermination à réaliser les objectifs communs.

5) Délestez le discours du contenu anti-islamiste (que) et du contenu régional. Aidez nos régions jouer le rôle national que nos prédécesseurs leurs ont dévolu, lorsque le pays se trouve en dangers sérieux ou devant des menaces imminentes. Ne pas les stigmatiser : le caractère contestataire et tenace de l’Algérien lui a permis de relever de façon individuelle et collective tous les défis mémorables tout le long de son histoire passée et présente. Comptez sur lui à l’avenir !

6) Ne plus considérer le peuple comme mineur incapable de discerner ce qui est bien de ce qui est mauvais. Sa liberté assure sa lucidité. Veillez à sa liberté !

7) Ne jamais oublier que ce petit peuple ne cesse de s’obstiner à refuser la domination d’une quelconque minorité quelle que soit son étiquette.

Haj Kaddur Yagubi
1er octobre 2012

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