Vers la fin du cours introductif sur la méthode des éléments finis, j’évoque les avantages de cette technique par rapport à ses rivales, et le degré de fiabilité très avancé atteint par la simulation numérique. Elle permet désormais de réduire, voire éviter, le recours à l’expérimentation physique réelle très onéreuse, et ce dans plusieurs domaines tels les industries civile, militaire, aérospatiale, nucléaire… Un domaine singulièrement coûteux à envisager et où la simulation génère beaucoup d’économies, c’est celui de l’élection comme président de la République d’un polytechnicien, de surcroit major de sa promotion. Résumé de la simulation.

Les élections

51% contre 49% au deuxième tour. Très serré mais en ma faveur. Ce fut une campagne électorale très éprouvante. En Algérie, en vous attaquant à la médiocrité, vous ne risquez pas de faire de victimes. Tirez sur un paquet de médiocrité, personne ne dira «aïe». Tout le monde s’en démarque. Il s’agit du seul consensus national. Pourtant j’étais le seul candidat à avoir investi ce créneau, et la stratégie s’avéra très payante. Un de mes concurrents, redoutable orateur que je retrouverai au second tour, observant que beaucoup de citoyens craignant d’être taxés de médiocres se ruaient contre leur gré vers mon camp, s’attaqua directement à moi. Il affirma avoir pitié de ces pauvres polytechniciens qui, à force d’être soumis à une overdose de techniques mathématiques dans un abstrait absolu, ont fini par perdre toute sensibilité de la réalité sociale et politique. Ils ne distinguent plus entre la nuit et le jour, ni entre les riches et les pauvres. Il mit en garde le peuple algérien du danger suicidaire de confier les destinées du pays à un robot. Son collaborateur me qualifia de magicien des nombres capable de positiver n’importe quel bilan catastrophique, et déclara ne pas comprendre comment je pouvais prétendre restaurer la sensibilité de l’Etat aux scandales, ni comment construire la pyramide de la compétence à partir du sommet. 51% contre 49%. Content et triste à la fois. N’aurais-je pas à la place de mon adversaire demandé un recomptage, voire une présidence duale ? Il fut pourtant le premier à me féliciter. J’étais désormais le Président de tous les Algériens mais je n’arrivais pas me défaire de l’idée qu’un citoyen sur deux se retrouve dirigé par un robot. C’est la démocratie. La joie que continuait à partager mon adversaire avec mes partisans commençait à m’irriter. Je me demandais même s’il n’avait pas participé dans le seul but de nous donner une leçon: Comment essuyer dignement une défaite électorale.

Premières décisions

Une longue liste de promesses à tenir et d’engagements à honorer m’attendait. Telles des conquêtes exigeantes et impatientes, les grandes décisions deviennent un peu plus inaccessibles après chaque hésitation. Aussi j’ai tenu à ne pas fermer l’œil, ce premier jour, avant d’avoir signé mes premiers décrets. Je commençai par l’épineux problème de la malformation anatomique rongeant le pays depuis des décennies. J’autorisai l’intervention devant remettre tous les morceaux de cerveau et de muscles dans leurs positions respectives. L’opération fut moins pénible que prévu et en fait sans douleur aucune. Chaque partie du corps, en symbiose avec le reste, retrouva un sourire depuis longtemps perdu. Visiblement embarrassés, mes prédécesseurs déclarèrent alors qu’ils auraient fait de même s’ils étaient restés en poste. En clair et décodé, j’ai invité dans mon bureau les principaux chefs militaires pour leur faire part de mon intention de parachever la libération du champ politique par l’armée en nommant un civil comme ministre de la Défense. Aussi bons ou médiocres puissent-ils être ou paraitre, les élus du peuple doivent désormais apprendre à faire de la politique sans assistance. Je n’étais pas du tout surpris de leur adhésion totale. Monsieur le Président, nous avons attendu ce jour avec impatience et l’image de l’armée a été beaucoup plus ternie par ces politiciens qui se disputaient avec excès de zèle les caresses, dans le sens du poil, de l’institution.

Je libérai plusieurs hauts fonctionnaires, soit pour manque d’envergure, ou simplement à cause de l’âge dépassant les 75 ans. De peur de vider plusieurs administrations, j’étais obligé d’abandonner la limite initiale de 70 ans, ouvrant ainsi la liste des promesses non tenues. Plusieurs hauts cadres, farouchement opposés à ma candidature, furent surpris de se retrouver maintenus dans leurs postes. Ils comprirent alors que les représailles sont incompatibles avec les majors. Je remerciai également plusieurs conseillers impliqués dans la production d’analyses pertinentes débouchant invariablement sur le renouvellement de la confiance au très confortable statu quo. Je devais aussi régler un problème qui me tenait à cœur. Je signai le décret ressuscitant l’Ecole Nationale Polytechnique, enterrée depuis des lustres, plus précisément durant le long règne de la dynastie des derniers de la classe. Je sommai les survivants des majors à exercer leur unique prérogative: Utiliser le raisonnement par l’absurde afin de neutraliser l’incompétence et la médiocrité par rayonnement. Je nommai les plus percutants d’entre eux dans les secteurs stratégiques de l’éducation et l’enseignement supérieur, avec pour première mission d’inspecter et réformer tous les établissements du pays, qui n’avaient de centres d’excellence que les noms. Il s’agissait d’une tâche colossale nécessitant beaucoup de moyens et une équipe de choc pour préparer l’opinion aux réformes devant en découler. Je recommandai avec insistance de renforcer les cursus universitaires, notamment dans la pépinière des gouvernants qu’est l’Ecole Nationale d’Administration ainsi que les facultés de droit monopolisant l’encadrement de la justice, sans oublier l’auto-école de journalisme, par un cours de logique cartésienne.

Lors de ma première réunion avec mes nouveaux collaborateurs, j’ai tenu à éclaircir certaines barrières. Si jamais un de vous venait à évoquer une quelconque révision de la constitution ou artifice visant à sauter la limitation des deux mandats présidentiels, il sera immédiatement révoqué. Je ne suis pas un dictaturable. Je jugeai utile, comme un de mes prédécesseurs, de répéter cela trois fois. Je chargeai une équipe spéciale pour piloter la campagne de désensibilisation contre l’asphyxiante doctrine de la pyramide de l’intouchabilité, afin de récupérer un maximum de responsables atteints de la conviction chronique qu’ils sont d’autant plus intouchables par leurs supérieurs qu’ils ne touchent pas eux mêmes à leurs subordonnés.

Politique intérieure

Sur le plan politique, je devais honorer l’engagement d’aménagement du F2 législatif. La suppression de la luxueuse et injustifiée deuxième Chambre offrit une meilleure fonctionnalité sans causer de désagréments. Les ex-sénateurs se rendirent très vite compte qu’ils gagnaient davantage en gérant en famille leurs affaires fraichement montées. Le large débat sur le Parlement, regroupant les partisans et opposants de la constituante ainsi que les allergiques aux élections truquées de naissance, vit l’émergence d’une nouvelle tendance privilégiant le tirage au sort. Je réalisais amèrement l’ampleur et la complexité de la mission que je m’étais fermement assignée, d’asseoir définitivement les fondations d’un Etat de droit, tout en espérant que mon ex-concurrent à la présidentielle acceptera de me seconder dans cette délicate et rude bataille de décolonisabilité.

Je décrétai par ailleurs qu’au XXIeme siècle, les algériens, en agents simples ou doubles, auraient tous été moudjahidine un siècle auparavant. Cela entraina d’une part l’autodissolution du désormais obsolète ministère des Moudjahidine ainsi que les organisations des enfants de chouhada et moudjahidine, et permit d’autre part de gonfler davantage les rangs de mes comités de soutien. Ces derniers se transformèrent en partis politiques et se ruèrent à leur tour vers la nouvelle Alliance présidentielle. De peur de mener le pays vers une situation singulière de zéro-partisme, j’étais obligé de précipiter ma décision préméditée de gel de tous les partis opportunistes de l’alliance, limitant ainsi les dégâts à une dizaine de partis, et entrainant du coup la dissolution du Parlement.

Propositions de réformes

Une délégation de la famille révolutionnaire, comprenant des moudjahidine de tout âge, et des ayant droit dont un ancien camarade des centres des enfants de chouhada qui a su efficacement fructifier son échec scolaire précoce pour occuper durablement les devants de la scène politique, me rendit visite afin de proposer la création d’un nouveau ministère des Anciens combattants contre la médiocrité.

Les notables de la tribu des Béni-Bouslimane et l’organisation des enfants des tailleurs de pierre, préconisèrent que T’kout, ce « No man’s land » au cœur des Aurès avec son joli relief montagneux, traversée par l’Oued Chenaoura alimenté par pompage, quadrillée par un réseau de téléphériques reliant les balcons de Rhoufi aux gorges de Tighanimine, avec le parc naturel de la Révolution de H’mer Khaddou, ainsi que la troisième plus haute tour du monde abritant le splendide musée de Cheikh Chebah à Laksar, ferait sans aucun doute la plus belle capitale de l’Afrique.

L’association de défense de la mémoire de l’Ecole Polytechnique, suggéra de tailler une profonde révision de la constitution, basée sur la nouvelle légitimité intello-psycho-technique, où seuls les majors polytechniciens, authentiques néo-sauveurs de la nation, pourraient se présenter à l’élection présidentielle.

Je dois admettre que je me suis laissé amuser quelques jours par ces propositions, et c’est quand un de mes principaux conseillers commença à les trouver intéressantes que je décidai de me ressaisir et de mettre brusquement fin à ces fantasmes. J’ai même piqué une crise de colère et me séparai de ce conseiller. Ce soir-là je fus la proie à un sentiment de culpabilité d’avoir sous-estimé ma tâche et de m’être probablement laissé influencer, voire conditionner, par une blague d’un ancien ami qui aimait répéter que pour un nouveau Président il suffisait à peu près de ne rien faire pour mieux faire. J’ai profité de l’insomnie pour recourir à une vieille technique personnelle de recharge cartésienne que j’utilisais la veille des examens difficiles. Une semaine plus tard, un autre conseiller proche du premier m’informa qu’il avait vu ce dernier dans une chaine étrangère et qu’il constituait une menace. Il me fit part d’une récente technique de mort naturelle ainsi que d’un projet de condoléances très émouvant. Hors de moi, j’eus du mal à lui expliquer que j’étais capable d’être et de demeurer incapable de faire ce qu’il proposait. Il fut limogé sur le champ. J’ai appris aux dernières nouvelles qu’il aurait refait équipe avec son ancien ami pour fonder un nouveau parti d’opposition en promettant des révélations fracassantes.

Gouvernement électronique

Le ministre de l’Intérieur, un de mes brillants anciens étudiants, asséna lors d’un briefing que tout en reconnaissant les capacités de nuisance de ces deux ex-conseillers, il ne pouvait toutefois permettre à ses services de bloquer l’agrément de leur parti. Monsieur le professeur si tel est votre vœu, je vous présente ma démission. Visiblement saturé par les nombreuses tâches que je lui avais assignées, je lui expliquai calmement qu’il aurait été en fait viré s’il avait envisagé un instant de bloquer n’importe quel parti. Je lui rappelai ma confiance en ses brillantes capacités de synthèse, perspicacité et anticipation pour l’ambitieux projet de gouvernement électronique, devant débarrasser définitivement ses compatriotes des tracasseries bureaucratiques. Je tenais absolument à garder cet élément. En plus de ses qualités intellectuelles et morales exceptionnelles, il était issu d’un milieu potentiellement influent. Il aimait répéter que cela constituait un inconvénient plutôt qu’un avantage, et qu’il pouvait tout au plus se vanter de disposer d’une longue liste de choses à ne pas faire. J’ai eu l’occasion de rencontrer son père et son oncle, tous les deux des ex-ministres, lors de la soutenance de sa thèse réalisée sous ma direction. Son travail portait sur la modélisation numérique du syndrome de l’intellectuel autoproclamé. Il avait actualisé un de mes anciens programmes. Il a neutralisé en un temps record tous les bugs que j’avais volontairement introduits dans le code, depuis le classique virus de la théorie du complot continu jusqu’à la tenace et déroutante pathologie du sauveur de la nation d’elle-même. Il a démontré que toutes les générations de compilateur livraient le même verdict: Le bourrage préventif des urnes et l’arrêt curatif du processus électoral sont, soit tout aussi patriotiques et salutaires, ou bien tout aussi préjudiciables et condamnables, l’un que l’autre. Le jury et l’assistance étaient séduits par son travail mais cela ne semblait pas trop plaire à son oncle. A la fin de la soutenance, en me serrant à son tour la main avec un regard soutenu, j’ai cru un moment qu’il allait me passer les menottes.

Politique extérieure

Je me rendis très vite compte que le complexe historique entre l’Algérie et la France était plus sérieux que je ne le croyais, et qu’il affectait nos relations avec tous les pays développés. Ma jeune équipe de diplomates chevronnés a tout essayé pour convaincre le côté français de l’importance de la repentance. Cela signifiait beaucoup pour les algériens et ne coûtait rien au côté français. Nous leur avons même insinué que les manifestations viriles de joie ou de colère dans les banlieues étaient inconsciemment liées à ces excuses. A la fois grotesquement imbus de leur position de force et stupidement piégés par la surenchère politique, ils refusèrent toute concession. Ils ont juste proposé de glisser la date officielle d’arrêt des hostilités vers le 1er Novembre 1962, afin d’y inclure la date du 23 Octobre 1962, quand à neuf ans je fus victime avec cinq amis d’enfance dont deux trouvèrent la mort, d’une explosion de grenade, afin de me permettre ainsi, grâce aux débris que j’ai toujours dans mes jambes, d’obtenir une attestation communale en métal. Face à ce mépris, je convoquai alors en urgence le président de la Fédération de football et l’instruisis de multiplier les rencontres amicales de l’équipe nationale composée de professionnels en chômage et d’un généreux gardien de buts, et de sponsoriser dans les banlieues de France des comités de supporters des clubs algériens en assurant une retransmission directe des matches. Mis à part un rééquilibrage racial du temps accordé dans les flashes d’informations, cette mesure n’a hélas rien changé quant à la position française. J’étais aussi triste que conscient que tout décollage sérieux du pays était tributaire de ce préalable. Je suis devenu peu à peu absolument convaincu que des concessions stratégiques s’imposaient et que j’étais le seul Algérien capable de mener à bien cette mission critique. En me disant cela, je pris néanmoins soin de me rappeler à l’ordre sur les dangers de l’arrogance, affichée ou non, qui peut, tout comme l’imbécilité non assumée, dévier vers la dictaturabilité. Je ne pus cependant résister à cette pulsion typique d’entêtement de supériorité d’un major. Sans avertir mes collaborateurs ni aviser la diplomatie française, je saisis l’occasion de ma première visite officielle en France pour déclarer, devant la Chambre des députés et en présence du chef de l’Etat, que l’Algérie accepte dés maintenant les excuses que la France finira par présenter un jour. Je fus immédiatement invité à interrompre mon discours et une crise diplomatique majeure éclata entre les deux pays…et moi. La levée de boucliers fut instantanée des deux côtés de la Méditerranée. Je venais pour beaucoup d’Algériens de trahir la mémoire de mon père et des autres martyrs. La déclaration conciliable du récent prix Nobel de l’opposition, Ait Ahmed, ne me fut guère utile car elle fut immédiatement relayée par des précisions plus qu’ambigües de l’un de ses lieutenants. Les Egyptiens de Facebook s’en donnèrent à cœur joie et enfoncèrent davantage le clou en me traitant de Sadat d’Algérie. En dépit de quelques rares voix saluant mon initiative, la classe politique française ne s’est jamais retrouvée aussi solidaire. Un important groupe de députés déposa une motion d’antirévisionnisme criminalisant toute évocation d’excuses à présenter à l’Algérie, tout en comptabilisant une dizaine d’anomalies de forme dans ma démarche. Le reste du programme de ma visite fut annulé et mon ministre de la Défense fit venir en urgence un pilote militaire d’élite, surnommé Messi, capable de se faufiler à travers des missiles venant du Nord ou du Sud de la Méditerranée. Mais c’est de la France quand même que vint mon salut. Il n’a pas fallu plus d’une semaine pour assister à l’un des plus spectaculaires revirements politiques. Plusieurs Français et Françaises visitèrent l’Algérie afin d’exprimer leur soutien. Une vieille dame m’offrit une fleur et déclara souhaiter m’avoir comme président. Le rôle déterminant fut incontestablement joué par l’association des amis de la conscience résiduelle complémentaire d’Aussaresses, composée d’octogénaires dont deux ex-Présidents. Evitant de justesse un divorce avec son ex-mannequin de femme, le chef d’Etat français se résigna à venir en visite urgente en Algérie pour présenter les excuses de la France en faisant un don symbolique de plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Football

Un beau matin, un collaborateur me dit que nous ne pouvions plus continuer à ignorer la crise que traversait le football national. Cela pouvait nous coûter le deuxième mandat, désormais pratiquement acquis. Devant l’impossibilité de mettre en œuvre la solution triviale d’abandon définitif de la pratique de ce sport, je me suis complètement démarqué du dossier. J’ai juste exprimé devant le ministre concerné mon opinion en tant que parent de supporters. Il me semble que seule une révision de l’indexation des frais de mission pouvait freiner l’augmentation inquiétante en équipe binationale du nombre de joueurs professionnels, et forcer le retrait du très controversé projet de recensement des enfants d’émigrés ayant touché un ballon, tout en contribuant à enrayer le nouveau phénomène des footballeurs harraga. Quant aux insuffisances locales, j’adhère entièrement à la thèse de l’un de mes prédécesseurs qui a déclaré un jour que le pétrole algérien, et à fortiori son sol, étaient affectés par le sang des martyrs. Pour résoudre l’épineux et honteux problème du gazon, spécifique à nos stades, j’ai donc suggéré l’herbe du massif de H’mer Khaddou, là où a eu lieu cette glorieuse bataille de plusieurs jours en Octobre 1960, et où mon père et plusieurs de ses compagnons tombèrent au champ d’honneur sous les bombardements des avions alliés de l’OTAN.

Conclusions

La fiabilité de cette simulation est très bonne car le post-estimateur d’erreur de modélisation a livré une limite supérieure de 0,1%. Les lourds investissements nécessaires à la réalisation risquée de ce projet sont donc injustifiables. Dans le prochain cours, si une grève revendiquant le droit à l’ignorance diplômée n’est pas déclenchée par les organisations estudiantines, et si une grève revendiquant le monopole du savoir résiduel n’est pas déclenchée par les syndicats des enseignants, contre le gré d’une majorité suiveuse dans un cas comme dans l’autre, j’exposerai alors les résultats d’une deuxième étude simulant la tentative de concrétisation de la première.

Abdelhamid Charif
30 août 2012

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