Réaction à l’article « Mourad Medelci: Alger va aider la Libye à former son armée et sa police » (voir ci-bas)

Le problème n’est pas que Clinton (ou un de ses acolytes) ait pu obtenir des dirigeants algériens qu’ils se couchent, pour les amener à venir en soutien à un pays qui n’en est plus un, mais un assortiment de tribus antagonistes et une vaste source de matières premières désormais libre d’accès aux rapaces transnationaux. Le problème n’est pas de rejoindre la multitude de vassaux dont l’Empire étoffe sa puissance domestique.
 
Le problème est:
 
1.- Quels pouvoirs Washington exerce-t-il donc sur les schtroumpfs d’Alger?
 
2.- Qu’auraient-ils donc à se reprocher et à craindre que cela soit rendu public?
 
3.- Quel rôle le Qatar, l’Arabie Saoudite et toute cette galaxie de royaumes, de principautés et d’Emirats de pacotille ont joué dans ce mic-mac? Un hadj par là, une omra par-ci, nous savons qu’ils travaillent au corps notre société depuis longtemps, abusant de la foi de la majorité de nos concitoyens, y compris les plus lucides et les plus sages d’entre eux.
 
4.- Les décisions incohérentes à Alger depuis le début de l’agression contre la Libye (idem dans la gestion de la crise syrienne) supposent des divergences au sommet: entre qui et qui et pour quels enjeux? Et pourquoi?
 
5.- La probable arrivée d’islamistes au pouvoir, universellement préparée et organisée à Alger (cf. les incessantes concertations avec ceux d’entre eux qui résident off shore – Abbassi Madani au Qatar, par ex.) ont-ils participé à cette évolution? C’est ça la politique de réconciliation nationale dont on nous rebat les oreilles depuis des années?
 
Je passe sur les très nombreuses autres questions (fondamentales) en rapport – plus qu’on ne croit – avec ces acrobaties diplomatiques illisibles…
 
Par exemple: qu’a donc fait au juste notre président entre 1978 et 1999? Où, avec et pour qui?
 
Nous aurions pu imaginer fêter le 50ème anniversaire de la libération de notre pays de manière plus glorieuse.
 
Mais, interrogeons-nous, qu’avons-nous donc fait de notre liberté?
 
Notre longue histoire nous avait pourtant appris que seule une éducation politique rigoureuse, une science exacte de l’histoire, de la production et de la répartition des richesses et prévenu contre toutes les jongleries utilisées pour en masquer les abus destinés à naturaliser des hiérarchies inacceptables entre les hommes et enfin que seul un respect intégral de soi et du combat de ceux qui nous ont précédés, devaient former la pierre de touche des valeurs de notre singularité nationale. Aucun tour de passe-passe spirituel, aucune révérence ne devait nous faire plier et salir le genou devant quiconque en dehors de l’hommage sobre et totalement dépassionné à notre collective humanité. Ceci sans candeur coupable.
 
Et nous avons failli en laissant proliférer parmi nous et au-dessus de nous -après les avoir expulsés de notre passé parce qu’ils avaient été utilisés pour nous asservir- les zaouiat et les ârouchs, les sorciers et les zaïms, les gradés (bardés de médailles et d’étoiles) qui n’ont jamais organisé ni gagné le moindre combat ni la moindre bataille, les escrocs à la petite semaine, infiltrés dans tous les rouages de la République, les vendeurs de bonnes idées à la sauvette qui ne sauvent personne, les chefs d’entreprises qui vendent ce qu’ils n’ont jamais produit… les « amis qui nous veulent du bien »… tant qu’on a encore du pétrole.
 
Pour en avoir salie la cause, en dehors de la honte que nous devrions éprouver au souvenir des « imbéciles » et des « naïfs » qui sont morts pour que nous cessions d’être des sujets dans notre propre pays, que nous devenions des êtres humains à part entière, dotés de la station droite (après plus de 2000 ans d’occupation étrangère)…

En dehors de cela y a-t-il vraiment quelque choses à fêter?…
 

Djeha
10 mars 2012

Mourad Medelci: Alger va aider la Libye à former son armée et sa police

Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 10 mars 2012

Tripoli a officiellement demandé à l’Algérie de l’«aider à former sa police et son armée». C’est une sorte de confirmation des bribes d’informations qui circulaient ici et là, depuis le début de l’année, sur une entente «discrète et cachée» entre Alger et Tripoli, au-delà du dernier sommet de Doha, et parrainée par le Qatar, sur une aide multiforme aux nouvelles autorités libyennes. En fait, les relations entre l’Algérie et les nouvelles autorités en Libye semblent se raffermir à un point que les plus audacieux observateurs n’osent estimer.

Un peu plus d’une semaine, après des propos sibyllins de responsables libyens sur l’Algérie, qui ne ferait pas assez pour lutter contre le transit, entre les deux pays, de bandes armées, Tripoli aurait subitement changé de fusil d’épaule pour reconsidérer, de fond en comble, le cours de ses relations avec son voisin. La Libye a demandé officiellement à l’Algérie de l’aider à reformer sa police et son armée. Un étonnant et soudain changement de cap de la politique libyenne vis-à-vis de l’Algérie que la visite de Medelci, ministre des Affaires étrangère, lundi en Libye, explique à moitié.

L’autre moitié de ce nouveau repositionnement des Libyens intervient après la visite mercredi aux Etats-Unis du Premier ministre adjoint libyen, qui a été reçu par le président Obama et la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Jeudi, M. Medelci avait déclaré à la presse, à Alger, que l’Algérie va aider la Libye à constituer une armée et une police.

Avec les responsables libyens, dont le président du CNT Mustapha Abdeldjalil, il a indiqué avoir évoqué la sécurité aux frontières. Pour autant, il a souligné que les discussions ont porté sur la manière d’aider les Libyens «à constituer une armée et une police». Le chef de la diplomatie algérienne a affirmé que «la Libye a les moyens de sortir de cette phase de transition et nous allons l’aider, dans la mesure de nos moyens». M. Medelci a indiqué par ailleurs, qu’une série de visites en Libye est prévue au niveau du gouvernement et des institutions. «Il y aura une série de visites en Libye, non seulement au niveau gouvernemental mais également des institutions», a-t-il ajouté. Il a également rappelé avoir rencontré, lors de sa dernière visite en Libye, des responsables «qui souhaitaient que la coopération avec l’Algérie se développe dans tous les domaines». Les déclarations de M. Medelci interviennent le jour où le Premier ministre par intérim libyen rencontrait Obama et Hillary Clinton, autour des moyens de sortie de la crise actuelle et ceux pour aider les Libyens à lutter contre les «restes» du régime Kadhafi.

D’autre part, le Premier ministre libyen par intérim Abdel Rahim al-Kib a demandé jeudi aux Etats-Unis d’aider son pays à se débarrasser des «vestiges» du régime Kadhafi, ultime bataille de «la guerre pour la libération de la Libye». «J’ai demandé à Mme la secrétaire d’Etat de nous aider contre les vestiges du régime Kadhafi», a déclaré le Premier ministre libyen, lors d’une conférence de presse avec Hillary Clinton, à Washington. «La guerre pour la libération de la Libye est presque terminée, mais elle ne le sera vraiment que lorsque nous en aurons terminé avec ces vestiges», a-t-il ajouté, annonçant qu’une liste de responsables libyens de l’ancien régime a été remise aux Américains. Les anciens caciques de la dictature du colonel Mouammar Kadhafi «sont une source de nuisance. Il faut qu’ils rendent des comptes», a poursuivi le Premier ministre libyen. «Nous avons également besoin que les fonds qu’ils ont volés au peuple reviennent en Libye». Le Premier ministre libyen n’a pas identifié nommément les personnes visées, mais, selon un haut responsable américain, Tripoli ciblerait notamment le clan Kadhafi, dont des membres contestent depuis leur exil à l’étranger la légitimité du nouveau pouvoir libyen. «Les Libyens souhaitent que nous les aidions à convaincre les pays qui hébergent ces personnes, qu’il n’est dans l’intérêt de personne de permettre ces provocations», a expliqué le responsable américain.

Comments are closed.

Exit mobile version