Commentaire sur l’article « Wikileaks : Conséquence de la guerre des clans : Bouteflika aurait fragilisé l’armée« 

L’affaiblissement de l’ANP, en tant qu’Institution majeure de la nation, est imputable à trois  facteurs essentiels :

1- le facteur humain d’abord ; car, à, la faveur du long règne sans partage sur les choses de l’armée, de leur « leader » le général Larbi Belkheir, on a assisté à l’arrivée massive à coups de promotions, à la tête de la hiérarchie supérieure de l’Institution militaire, d’une véritable vague d’officiers ex-déserteurs de l’armée française, constituant un clan mafieux, manifestement sous influence de l’ancienne puissance coloniale ;

2- le facteur socio psychologique, d’ordre à la fois politique et éthique, lié au putsch de Janvier 1992, perpétré par ce même clan mafieux contre l’expression de la volonté souveraine du peuple algérien. Avec la complicité et la bénédiction des pseudos « démocrates », constituant le pendant civil des éradicateurs putschistes.  Les conséquences tragiques de ce putsch criminel, se sont étalées  sur  toute une décennie, la décennie noire de la guerre civile, avec le terrible bilan documenté, à la fois humain et matériel que l’on sait. Bilan, non encore réellement apuré, au jour d’aujourd’hui, ni au plan politique, ni au plan judiciaire. Et qui a porté un coup irrémédiable au crédit moral de l’armée et à son image de « protectrice du peuple ». Une armée aujourd’hui perçue, à travers les différents Services sécuritaires, officiels ou parallèles, comme un appareil répressif au service d’un régime illégitime, corrompu et anti national avec lequel elle se confond, malgré tous les habillages civils et « institutionnels » de pure façade ;

3- le facteur qu’on pourrait qualifier de « grain de sable », avec la cooptation de M. Bouteflika qui a montré, malgré ses multiples ennuis de santé, sa capacité de résistance et surtout de nuisances. Dans sa quête permanente pour s’affranchir de la tutelle de ses parrains militaires, il n’hésite pas à nouer des alliances, les unes hétéroclites et inattendues comme la résurrection des zaouïas,  les autres franchement contre nature, voire compromettantes comme l’incursion de l’OTAN dans notre pays. Encore que cette dernière compromission est entièrement partagée par la hiérarchie militaire. Toujours au nom de la sempiternelle imposture de la lutte internationale contre un terrorisme, la plupart du temps sans visage, et dont beaucoup s’interrogent sur les vrais commanditaires. Et les vrais « bénéficiaires »…

Dans ce triste capharnaüm, dans ce sinistre tableau, un seul espoir demeure: celui d’une quasi-certitude que jamais, au grand jamais, on ne verra des patriotes algériens dignes de ce nom – et Dieu merci, ils constituent l’écrasante majorité du peuple, dans tous les secteurs de notre société – se transformer en mercenaires au service d’un impérialisme sioniste dominateur et d’un néocolonialisme rampant, qui rêvent, avec la complicité des néo harkis, de remettre l’Algérie et ses ressources naturelles en coupe réglée, comme durant la sinistre période coloniale.

Sauf que, l’Algérie des grandes figures comme celles de l’Emir Abdelkader, d’El Mokrani, des Ibn Badis, des Bachir El Ibrahimi, des Larbi Ben M’hidi, des Zighout Youssef, des Amirouche et de tant d’autres symboles de la longue  résistance du peuple algérienne contre la France coloniale et ses alliés occidentaux, cette Algérie-là, saura, le moment venu, se rappeler, comme par un effet d’hystérésis historique salutaire, de quels hommes elle a été la patrie.  

Car, de même que la Guerre de Libération nationale – 1954 / 1962 – menée par le peuple algérien contre la France, appuyée par l’Otan, aura sonné pour l’Histoire, la défaite du colonialisme dans le monde, de même, demain, la résistance de ce même peuple algérien, saura montrer aux autres peuples – en particulier les peuples arabo musulmans – les chemins de la plus farouche des résistances contre un impérialisme sioniste Croisé et Etoilé, qui ne fait plus mystère désormais, ni de ses convoitises prédatrices visant l’accaparement à bon compte, de nos richesses naturelles et de nos potentialités énergétiques, ni de ses projets hégémoniques contre les peuples arabo musulman dont le réveil semble susciter en lui, les vieux démons combinés, du Colonialisme et des Croisades.

Ne dit-on pas souvent, que l’Histoire bégaye ?

Abdelkader Dehbi
7 septembre 2011

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Wikileaks : Conséquence de la guerre des clans : Bouteflika aurait fragilisé l’armée

Le système de recrutement algérien désigne ses représentants à l’aide de listes examinées par des personnes influentes connectées à Bouteflika.

A trop vouloir contrôler les services secrets, de crainte d’un coup d’Etat militaire, le président Bouteflika aurait fragilisé l’armée, à en croire un câble diplomatique datant du 13 janvier 2009. Dans sa guerre pour la préservation du pouvoir livrée avec le général-major Mohamed Medienne, dit «Tewfik», est-il expliqué, le président Bouteflika a placé ses hommes dans l’institution militaire, plaçant la loyauté et l’origine – Tlemcen, de préférence – au-dessus de la compétence. Le fait d’élargir le nombre de policiers répondrait également à cette même logique, mettant ainsi en place deux  pôles de «pouvoir».  «Le résultat semble être un réseau décentralisé, éclaté», commente l’ancien ambassadeur, David Pearce.

De l’avis de l’ancien membre du FLN, Abdelkader Bounekraf, cité dans le mémo, le président Bouteflika avait «brisé» l’armée en remplaçant graduellement les généraux avec de nouveaux officiers moins expérimentés, mais qui lui restent fidèles.

Dans les coulisses de la promotion d’une classe de colonels au grade de général en juin 2008,  il a pu voir beaucoup de «ressentiment» au sein des anciens colonels et des généraux plus qualifiés et expérimentés. Le recrutement de milliers de policiers viserait également, à en croire le télégramme, à diminuer de la puissance de l’armée. «Le résultat  est une structure de direction, ou «pouvoir», qui consiste désormais non pas d’un seul centre de pouvoir, mais de plusieurs.

La prise de décision est ainsi devenue un processus inefficace de négociation et d’argumentation rarement exposés à la vue du public», souligne l’ancien ambassadeur. Il ajoute : «Nos contacts, qui ont tous une connaissance personnelle des acteurs impliqués, croient que cela est de mauvais augure pour la stabilité du régime sur le long terme, étant donné leur manque de foi dans la capacité de la police à combler un vide laissé par une armée affaiblie.»  Citant l’ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, le télégramme précise que le système algérien désigne ses représentants à l’aide de listes examinées par des personnes influentes connectées à Bouteflika. Le processus de désignation est ainsi devenu plus lent en raison des négociations et des compromis entre les différents centres de pouvoir.

La multiplication des centres de décision risquerait néanmoins, d’après l’analyse de Chafik Mesbah, de rendre le processus de cooptation moins efficace. Par ailleurs, l’incompétence présumée des cadres de l’armée rend les choses plus complexes. S’appuyant sur les confidences de l’ancien officier du DRS, Chafik  Mesbah, le diplomate américain rapporte que des décisions telles que l’octroi d’agrément à un parti politique ou une association ne sont pas soigneusement calculés.

Ne sachant quelle décision prendre, certains cadres choisissent de ne rien faire, laissant les choses en l’état.

Amel Blidi
El Watan, 7 septembre 2011

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