Vous parlez de la pauvreté de notre paysage médiatique serait sans doute une perte de temps. Les dirigeants de l’ « Unique » y trouveraient prétexte à se croire martyrisés. Laissons cela et jetons un coup de l’œil à la vitrine d’en face.

Le dernier livre de Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris, par opposition à l’IFRI qui lui devrait se sentir concerné par le texte de Boniface…), « Les Intellectuels faussaires », s’est déjà vendu à plus de 50 000 exemplaires. Il se place en numéro deux des ventes à la Fnac et dans le top 10 de L’Express. Et dire que la plupart des médias qui ont pignon sur rue l’ignorent complètement.

De nombreux éditeurs ont refusé de publier son livre. C’est pourquoi il paraît dans une édition inconnue pour beaucoup. Cette publication est en soi une démonstration supplémentaire de son propos. C’est dire à quel point le système est « presque » totalement verrouillé dans le monde « démocratique » qui nous fait face, le double-décimètre de certains de nos intellectuels à nous.

A l’évidence Internet réinitialise les réseaux de contrôle traditionnels qui mesurent leurs limites. Ce qui explique au passage, les tentatives réitérées de sa reprise en main par les puissants de ce monde.

Le propos de Boniface est simple : Il ya des intellectuels complètement coincés, mais de bonne fois avec lesquels il veut bien croiser le fer. En revanche, il y a des « intellectuels » qui mentent délibérément, en connaissance de cause. Des menteurs professionnels. Des menteurs organisés, concertés, financés, soutenus par « très haut » qui participent d’une cause : intoxiquer et manipuler leurs contemporains.

Ces truands de la pensée, il les nomme et il les cite, il fait baisser un certain nombre de pantalons qui ne disent rien et, depuis la publication de son livre, aucune plainte n’a été déposée. Ils ordonnent au « système », (comme on dit chez nous dans les milieux où on pense bien), de mettre le verrou sur l’info. En vain.

Je rappelle que Pascal Boniface n’en est pas à sa première incartade. En juillet 2033 il quitte (il est pour ainsi dire mis à la porte) le PS à la suite de son livre : « Est-il permis de critiquer Israël ». Il n’y a pas que les femmes de chambres que DSK violente. Cf. article du Monde joint. Et dire qu’il avait été assez naïf pour écrire en août 2001 une lettre à la Sartre (« Lettre à un ami israélien ») et il a été proprement remis à sa place par E. Barnavi l’ex-ambassadeur d’Israël en France (que beaucoup tiennent pour un éminent historien). Je vous joindrai une autre fois, les lettres échangées entre les protagonistes.

Djeha le dénonce depuis près de 10 ans tous les jours, Pascal Boniface le publie ce printemps. Lisez-le, il vaut la peine.

PS : je vous joins ci-dessous un certain nombre de commentaires sur ce livre et sur la question.

Djeha
18 août 2011

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BHL, Fourest, Adler, Val : intellos « faussaires » de Boniface

Hela Khamarou, Rue89, 31 juillet 2011

Le dernier livre de Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), « Les Intellectuels faussaires », s’est déjà vendu à plus de 50 000 exemplaires. Il se place en numéro deux des ventes à la Fnac et dans le top 10 de L’Express. Pas rien pour un essai qui a essuyé quatorze refus d’éditeurs. Mais qu’y a-t-il dans cet essai à tendance pamphlétaire qui gêne autant le Tout-Paris ?

En presse écrite, les critiques se comptent sur les doigts d’une main. On dénombre péniblement trois articles, l’un dans Télérama, l’autre dans le Canard enchaîné et enfin un papier dans la rubrique Le livre du jour du Monde.

Aucun article dans les hebdos, idem pour Libération et Le Figaro. Les rares critiques ne sont pas dithyrambiques. L’expression « veine pamphlétaire » dans l’article du Monde considérant que cet exercice de style en « constitue la principale limite ».

Rappelons ce qu’est un pamphlet : un texte court et virulent qui remet en cause l’ordre établi. C’est précisément l’idée ouvertement affichée par cet essai. L’essence du discours pamphlétaire tient d’ailleurs du fait que son auteur a l’impression de détenir à lui seul la vérité.

Ici, Pascal Boniface s’érige effectivement au rang d’intellectuel honnête, seul sur sa barque, naviguant au gré du bon vouloir des médias.

BHL, « seigneur et maître des faussaires »

L’idée n’est pas nouvelle : le pamphlet s’attaque traditionnellement au pouvoir en place. C’est la fameuse maxime : « Les politiques, tous des pourris. » Il suffit de remplacer le terme « politiques » par « intellectuels » et l’on obtient le principe de base de ce livre.

Selon le politologue, les intellectuels les plus en vogue dans les médias sont aussi les plus corrompus et les plus démagos. Ils enfument leur public avec habileté, portés par une connivence journalistique qui leur permet de continuer librement leur tour de passe-passe sans se faire prendre. Boniface classe les plus grands intellectuels faussaires du XXIe siècle, qu’il appelle aussi « beaux parleurs ». Par ordre d’importance :

• Alexandre Adler,
• Caroline Fourest,
• Mohamed Sifaoui,
• Thérèse Delpech,
• Frédéric Encel,
• François Heisbourg,
• Philippe Val,
• BHL, qu’il qualifie de « seigneur et maître des faussaires ».

Condamnation de l’islam au nom de la laïcité

Ils sont tous, écrit-il, des exemples criants de cette manipulation de l’élite intellectuelle française qui a « pignon sur écran ». Leurs dérives déontologiques ne semblent pas les inquiéter outre mesure, car ils portent un message commun qui en arrange plus d’un : celui des chevaliers de la laïcité (et par conséquent de la condamnation de l’islam en France) et de la défense du plus faible (Israël).

Serge Halimi, écrivain et journaliste, avait déjà écrit dans « Les Nouveaux Chiens de garde » les liens douteux entre journalistes et hommes politiques. Et de révéler à la lumière du jour l’existence « d’un petit groupe de journalistes omniprésents » et « d’intervenant permanents » qui dictent l’opinion.

Tout comme Halimi, dont le livre fut largement délégitimé par la presse, Pascal Boniface est attaqué par ceux qu’il qualifie de « faussaires ».

On pourra rétorquer que ceci participe de la liberté d’expression. Personne n’est forcé de croire leurs bonnes paroles et chacun se doit de porter un regard critique sur le monde qui nous entoure. Soit, mais laisse-t-on un espace médiatique pour une parole qui s’écarterait de la « mainstream » ? D’ailleurs, quel est ce « mainstream » que le directeur de l’Iris s’emploie à dénoncer ?

Peut-on être intellectuel et médiatique ?

Le mérite de cet essai est de soulever une question majeure tirée d’une observation méticuleuse des intellectuels français : est-il possible d’être à la fois intellectuel et de jouer le jeu des médias ? En d’autres termes, les médias auraient le même effet que le pouvoir sur les politiques : une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer, et on est prêt à tout pour en avoir encore un peu plus, quitte à manipuler la vérité afin de rentrer dans un consensus politico-moral.

Comme le souligne Boniface qui note l’apparition intempestive de ces néoclercs dans les médias, « le temps réservé à se montrer n’empiète-t-il pas sur celui passé à réfléchir ? ». Connaissant très bien le monde du petit écran pour en faire partie, souvent invité aux émissions politiques qui traitent du conflit israélo-palestinien, ou de la politique américaine au Moyen-Orient, il propose de décrire les mécanismes de cet exercice périlleux de l’intérieur.

Selon lui, au vu et au su des téléspectateurs, lecteurs, auditeurs et internautes, ces intellectuels qui se veulent irréprochables déforment la réalité avec doigté pour servir leurs intérêts propres. En définitive, ils se comportent comme les Etats-nations qui cherchent dans toute interaction avec un autre Etat leurs avantages premiers.

Le « fascislamisme » au cœur de leurs préoccupations

Boniface dénonce l’apparition médiatique d’un terme aux associations qu’il juge frauduleuses et qui est largement pratiquée par ces intellectuels, BHL en tête : l’amalgame entre islam et fascisme. Il existerait donc dans le paysage intellectuel français un « ennemi commun ». C’est l’islam radical, par opposition à un islam « modéré ».

Ainsi BHL écrit dans « La Pureté dangereuse » que « l’islamisme n’est que la troisième modalité d’un dispositif dont le communisme et le nazisme avaient été les précédentes versions ».

« Des produits intellectuellement frelatés et toxiques »

Encore une fois explique Boniface, il s’agit de servir ses intérêts personnels qui, depuis le 11 Septembre, sont la justification de la guerre préventive, rebaptisée « guerre juste » par nos chers intellectuels, afin d’annuler le principe de non-ingérence, comme ce fut le cas lors de la guerre en Irak de 2003, ou plus récemment l’intervention de l’ONU en Libye.

Comment ne pas adhérer à ce genre de messages moraux qui prônent l’aide à la libération des peuples sous le joug de dictateurs sanguinaires ? Toute personne allant à l’encontre de tels principes humanistes seraient aussitôt brûlée sur la place publique.

En d’autres termes, souligne Pascal Boniface : « Au lieu de permettre au citoyen de réfléchir à des phénomènes complexes, on simplifie à l’extrême, on fournit à l’opinion publique des produits intellectuellement frelatés et toxiques et on fabrique des leurres idéologiques. »

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Faussaires médiatiques, «fils de p*» politiques…

Bruno Testa (btesta@journal-lunion.fr), 24 juillet 2011

Fausse monnaie. Enfin un livre qui fait du bien ! Je veux parler des « Intellectuels faussaires » de Pascal Boniface qui n’y va pas avec le dos de la cuillère pour appeler un chat un chat et un faussaire un faussaire. Salubre par ces temps de grisaille idéologique où les commissaires politiques ont pris le pouvoir dans les médias.

Qui est Pascal Boniface ? Le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), également enseignant à l’Institut d’études européennes de l’Université de Paris VIII. Inutile de dire que cet expert (un vrai lui !) a le bagage pour démasquer ceux qui ne le sont pas et n’en continuent pas moins de nous abreuver de leurs présupposés idéologiques quand ce n’est pas carrément de leurs mensonges. Tout cela ne serait pas très grave si les télévisions et radios publiques n’avaient pris la détestable habitude d’inviter à tout propos ces autoproclamés spécialistes qui font passer en toute impunité la fausse monnaie de leur pensée pour argent comptant.

Les « Néo-cons » français

Ces apôtres de la morale, qui sont à la vraie morale ce que sont les gens de Nature Chasse et Traditions à la vraie Nature, sont en fait les croisés d’une certaine vision du monde qui n’a rien à envier aux «néo-cons» américains. Dans la ligne de mire de leur fusil, l’islam, encore l’islam, toujours l’islam baptisé au gré des circonstances «islamo-fascisme» ou «islamo-gauchisme» quand il s’agit de discréditer l’extrême gauche. De même que Jourdain faisait de la prose sans le savoir, ces faussaires font du Bush sans le reconnaître. Encore que certains d’entre eux à l’occasion de la guerre en Irak ont levé le voile : je pense à André Glucksmann, Romain Goupil, Alexandre Adler, etc. Sous prétexte de droits de l’homme ou droits des peuples, ces nouveaux croisés défendent les interventions occidentales pour la démocratie de manière on ne peut plus singulière. On chercherait en vain des critiques substantielles contre les dictateurs Moubarak, Ben Ali, le régime d’Arabie Saoudite. En revanche contre la Syrie, l’Iran, les critiques abondent. L’explication à tout cela ? Il y a les régimes qui sont avec nous, donc absous de leurs turpitudes. Et les régimes contre nous (contre notre vision occidentale des relations internationales) et donc forcément dangereux. Pascal Boniface donne à ce propos une citation éclairante de Théodore Roosevelt à l’égard du dictateur du Nicaragua Somoza : «C’est un fils de p*, mais c’est notre fils de p*».

Un communautarisme masqué

Nous avons donc « nos fils de p* » (Bush, Sharon, etc.) qui plaisent beaucoup à Bernard-Henri Lévy, à Alexandre Adler, à Caroline Fourest, à Frédéric Encel, et à Philippe Val. La liste n’est bien sûr pas exhaustive, mais je reprends quelques exemples emblématiques donnés par Pascal Boniface. L’impensé (les présupposés) de ces pensées? Même si Pascal Boniface ne le conceptualise pas ainsi, je dirais le communautarisme élevé à la hauteur d’un art. Car comment expliquer autrement que des Bernard-Henri Lévy, Frédéric Encel, Alain Finkielkraut, Alexandre Adler, défendent en toutes circonstances l’Etat d’Israël même quand ce dernier se moque du droit international ? Par souci de la Justice ? Par communautarisme bien sûr, autrement dit par une manière insidieuse de faire passer les intérêts de sa « communauté » pour l’intérêt général. Si je voulais pousser le bouchon, je dirai que ces «penseurs» sont, comme les islamistes qu’ils dénoncent, des ennemis de la laïcité et de la République !

Comment lutter contre ces penseurs néfastes ? En faisant la liste de leurs impostures. Ce que fait très bien Pascal Boniface et ce pourquoi son livre est de salubrité publique. Reste aux journalistes à faire leur boulot et à prendre le relais !

Les intellectuels faussaires, le triomphe médiatique des experts en mensonge, de Pascal Boniface (Jean-Claude Gawsewitch).

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Le géopolitologue Pascal Boniface quitte le Parti socialiste

Camille Boulongne, Le Monde, 19 juillet 2003

En accusant, dans une lettre à François Hollande, publiée par Libération du vendredi 18 juillet, le PS de « communautarisme » et en lui reprochant de privilégier « ceux qui ont une lecture ethnique du conflit israélo-palestinien », Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et ancien délégué national aux questions stratégiques, va-t-il mettre fin à la polémique qui est à l’origine de sa démission ? « Je ne me considère plus comme membre du PS, déclare-t-il au Monde. Je coupe les liens institutionnels. »

Cette démission, M. Boniface la motive également en renvoyant aux propos prononcés par Dominique Strauss-Kahn, membre du bureau national du PS, à l’occasion des « Douze heures pour l’amitié France-Israël », dimanche 22 juin. L’ancien ministre des finances avait en effet fustigé des « notes non autorisées – préconisant un changement de politique du PS à l’égard d’Israël-« . « Elles étaient misérables… », ajoutait M. Strauss-Kahn.

« S’il faut une autorisation pour écrire des notes je n’ai rien à faire dans ce parti, réplique M. Boniface, qui était directement visé. Je préfère reprendre ma liberté. En tout cas le débat d’idées ne passe pas par le PS. Beaucoup de gens dans le parti sont d’accord avec moi, mais la discussion est impossible, c’est un véritable tabou. »

La controverse renaît en effet régulièrement de ses cendres, depuis qu’une réponse de l’ambassadeur d’Israël en France, l’historien Elie Barnavi, à une tribune de M. Boniface publiée dans Le Monde du 3 août 2001, a révélé l’existence d’un document adressé à François Hollande et à Henri Nallet, à cette époque chargé des affaires internationales au PS. Il s’agit d’un texte d’avril 2001 reproduit en annexe du dernier ouvrage de M. Boniface Est-il permis de critiquer Israël (Robert Laffont, « Le Monde des livres » du 11 juillet). Celui-ci s’y s’interroge sur l' »efficacité » d’une ligne politique jugée trop favorable à l’Etat juif alors que l’influence de l’électorat originaire de pays soutenant la cause palestinienne va grandissante. « Peut-on diaboliser Haider -le dirigeant populiste autrichien dont on rappelait alors les ambiguïtés par rapport au nazisme- et traiter normalement Sharon ? », demandait-il.

Dans son article du Monde, Pascal Boniface engageait le fer avec la « communauté juive » qui « à trop permettre l’impunité du gouvernement israélien (…) pourrait être perdante ». « La communauté d’origine arabe et/ou musulmane est certainement moins organisée, ajoutait-il, mais elle voudra faire contrepoids, et pèsera vite numériquement, si ce n’est déjà le cas. »

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