Le totalitarisme du pouvoir algérien n’est pas seulement politique. Il est aussi économique, social et culturel. L’exemple du tramway d’Alger en est un des reflets les plus dramatiques. Il s’inscrit dans une option du «tout tramway» pour le transport urbain en Algérie qui a été décidée dans le nouveau plan quinquennal, sans aucun débat.

Prévue pour 2009, la mise en service commencera avec deux ans de retard, le 8 Mai 2011, par l’inauguration de la 1ère ligne entre Bab Ezzouar et Bordj el Kiffane.

Pris dans la diversion du 3ème mandat, personne ne s’est vraiment intéressé à ce projet initié en 2006. Une virée sur le tracé du tramway livre un constat abominable, dramatique, catastrophique : la destruction d’une partie du cadre de vie urbain de la capitale.

La vie socio-commerciale de plusieurs quartiers a été réduite à néant par ce chantier. Les quartiers de La Farge, Hussein-Dey, Carroubier, Cinq Maisons, Mohamadia, Bordj el Kiffane,… ont été agressés, défigurés, déstructurés.

Les mythiques rues des Fusillés à La Farge, Tripoli à Hussein-Dey, Ali Khodja à Bordj el Kiffane n’ont plus de vie.

On peut énumérer, avec un simple bon sens, les cinq principales raisons qui n’auraient jamais permis à ce projet de voir le jour.

1/ Il est totalement absurde de construire une nouvelle voie ferrée à côté d’une voie ferrée existante et utilisée depuis plus de 50 ans.

2/ Les lignes de chemins de fer existantes desservent 19 gares d’Alger à Thénia (puis jusqu’à Tizi Ouzou) sur le réseau Est ; et 16 gares d’Alger à El Affroun (puis jusqu’à Chlef) sur le réseau Ouest. Il aurait suffi de rénover les rames et d’augmenter leur fréquence.

3/ Les lignes existantes depuis Alger-centre auraient pu être dédiées totalement au tramway. Il fallait simplement construire une nouvelle gare centrale à Dar el Beida (près de l’aéroport) pour desservir les grandes lignes dans l’optique du TGV.

4/ Il est totalement absurde de confisquer à la circulation routière des tronçons routiers pour y poser des rails. Tous les tracés du tramway n’auraient jamais dû empiéter sur les routes existantes, mais se réaliser sur de nouveaux terrains.

5/ Avant de penser à réaliser un tramway, il fallait penser à achever la reconstruction de la capitale, notamment par la destruction du vieux bâti (traditionnel et colonial) et la redéfinition de nouveaux plans d’aménagement urbain.

«Le tramway ne convient pas partout. Son emprise au sol est importante, son agression sur l’ancien bâti avérée. Sans compter qu’il requiert une culture citadine de la sécurité… L’option «tout tramway» présente des risques en série. Elle bouscule les plans d’aménagements des villes».

Il faut être né à Alger, avoir vécu dans ces quartiers populaires et en arpenter les rues et les quartiers au quotidien pour comprendre ce drame.

Le chantier du tramway résume toute l’incompétence gouvernementale alliée à l’esbroufe et au pillage colonial de nos ressources.

Les imposteurs qui gouvernent ce pays ont toujours manifesté le plus grand mépris pour les algériens authentiques, leur identité, leur culture et leur mode de vie. Le chantier du tramway en est une preuve évidente.

Il faut y mettre un terme et restituer les rues et les routes aux citadins.

Saâd Lounes
7 mai 2011

Fiche technique du projet de Tramway d’Alger

Ligne Est Les Fusillés – Dergana sur 23,2 km
Tracé : Les Fusillés – Caroubier – Mohammadia – Bab Ezzouar – Bordj el Kiffane – Dergana
Début des travaux : Mars 2007
Mise en service : Septembre 2009
Maître d’ouvrage : Ministère des Transports
Maître d’ouvrage délégué : Entreprise du Metro d’Alger
Maître d’œuvre : SYSTRA-RATP DEVELOPPEMENT
Entreprise de réalisation : ALSTOM (France+Algérie), TODINI (Italie), ETR HADDAD (Algérie)

Un commentaire

  1. RE: L’abominable scandale du tramway d’Alger
    restituer comment?? Malheureusement le mal est fait et c’est pas evident de rattraper tout ça. On ne peut que constater les dégats…

Exit mobile version