Après l’indépendance, l’Algérie a connu dans son développement politique, trois étapes de mode de gouvernement. D’abord, le gouvernement par le parti, prôné ouvertement au su et au vu de toutes les sensibilités politiques confondues, déclaré, affiché, rédigé dans les chartes et pris finalement comme principe constitutionnel incontournable. C’était la belle époque du FLN bien que réduit au populisme du strict minimum. Nous avons donc assisté au gouvernement par le parti jusqu’à l’éclatement d’octobre. Puis une autre étape a commencé, elle a fait montrer les signes avant-coureurs d’une ouverture politique même refermée brusquement, elle a plus au moins montré une prise de conscience de la réalité. L’échec du gouvernement par le parti, le refus catégorique de la société civile de s’identifier à un parti coupé de la réalité sociale, exprimant ce refus par la contestation et l’émeute, ont amené le pouvoir de l’époque à s’acheminer vers la table de négociation. Cala était concrétisé par l’introduction d’une Constitution, la plus libérale de toutes ; celle de février 1989. Nous avons préalablement évoqué le destin forcé de cette démocratie, particulièrement son échec et le conflit fratricide des années quatre vingt-dix qui a réduit les revendications populaires à des déboires dont nous ne mesurons toujours pas les conséquences. Nous avons également évoqué, le manque de volonté délibérée de s’introduire dans un processus démocratique graduel sans brûler les étapes et sans oublier les particularités du pays, son histoire, ses mœurs et sa culture. L’instauration d’un véritable processus démocratique veut dire la fin du régime. Or, cela implique un changement radical dans la société en général et plus particulièrement le sommet du pouvoir. Ce dernier préfère s’isoler seul au sommet pour régler ses différends à l’abri de l’arbitrage du peuple. Nous avons assisté dans les années 2000, qui ont commencé par la concorde et la réconciliation et ont fini par l’amendement de la Constitution en novembre 2008, à un report de la démocratie à une date ultérieure et au retour du pouvoir d’un seul. Or, la contestation qui grogne de nos jours témoigne de la vigilance de la société et son influence par ce qui se passe dans les autres pays arabes, la Tunisie, l’Egypte et la Lybie ; ainsi le fait de domino est fort probable. Si le pouvoir depuis l’indépendance a escamoté le fonctionnement démocratique tenant la société par une Chappe de plombe, il est actuellement aux abois, certainement l’avenir ne lui appartient pas.

Maintenant à qui appartient le pouvoir en Algérie et plus particulièrement depuis l’arrivé du président Bouteflika ? Nous avons déjà relevé l’agacement de ce dernier de la carence de son pouvoir, sachant qu’en Algérie jusqu’à nos jours, le pouvoir se décrète par les forces armées. Le président de la république mal élu en 1999 suite au retrait des six candidats, avait fait depuis, le parcours du combattant ; il avait à relever un défi grandiose, subjectif et objectif à la fois. Il aurait fallu pour lui de se montrer démocratique et légitime auprès de son peuple par une élection libre et non par une cooptation. Il aurait fallu qu’il se montre plus démocratique vis-à-vis de l’étranger ; quoique les démocraties occidentales ne croient qu’en une démocratie nationale, appliquée seulement dans leurs territoires. S’agissant de leurs interlocuteurs du tiers monde, ils se contentent des régimes autoritaires plus sûrs et garants de leurs intérêts, et même si la révolution arabe de nos jours va certainement changer la donne, les puissances occidentales à leur tête les Etats-Unis, tenterons de capitaliser le bénéfice en récupérant le maximum de cette révolution. Déjà, la grande volte-vaste, les Etats unis et la France se montrent désormais amis des peuples après avoir été depuis toujours à l’origine de son exclusion, ces puissance ne veulent surtout pas que cette révolution leur échappe.

Revenant au pouvoir algérien, à la stratégie de président Bouteflika de reprendre le dessus sur ses concourants éventuels. Apparemment, le président avait un objectif, une obsession et une quête qu’il continue à poursuivre jusqu’à nos jours, il fallait débarrasser les obstacles qui entravaient son pouvoir. Dans chaque élection, il trouve les arguments pour se maintenir. En 1999, il devait continuer sa politique de concorde civile initiée déjà avant lui par le président Zéroual. En 2004, il avait projeté l’idée de la réconciliation nationale et finalement en 2009, il se maintient par l’amendement de la constitution et la modification de l’article 74. Il justifie sa permanence au pouvoir également par la finalisation de son programme économique non encore achevé. Mais dans tous ces projets destinés à la société qu’il gouverne, nous avons eu l’impression que le président n’a été, jusqu’à certain temps, qu’une cerise sur le gâteau. S’agissant de la concorde civile, elle était celle du président Zéroual, la réconciliation nationale provenait de la hiérarchie militaire voulant congédier la crise, voire liquider le conflit fratricide à bas prix et sans établir de véritable justice. Et même l’amendement de la Constitution de novembre 2008 et l’élection pour un troisième mandat n’ont été permises que parce le groupe de ‘’liens et de déliens’’ s’est assuré que le président ne représente aucun danger pour ses intérêts et que les véritables barons du régime continuent à évoluer dans le monde des affaires et le commerce de négoce. Bouteflika s’est contenté de créer ses propres réseaux en parallèle des leurs sans heurts ou conflits, au contraire, chacun d’eux conserve l’intérêt de son adversaire et respecte-les closes du contrat larvé conclu au préalable. L’un prend le pouvoir décidément, l’autre se met à l’abri de toute critique et continue à vivre à l’ombre n’intervenant qu’en cas de risque et péril. « L’armée a des prérogatives qu’elle exerce sans intervention du président et le président exerce ses prérogative en dehors de l’intervention de l’armée » (1). Le président s’est contenté d’être l’arbre qui cache le foret, la veuille de vigne sur un corpus de violations du droit de l’homme pendant les années noires. En jouant l’ami et l’ennemi de la hiérarchie militaire qui l’avait amené au pouvoir, il a su finalement et, avec le temps, comment garder ou obtenir le véritable pouvoir. Des sourds muets cette fois, aucun militaire hautement gradé ou opposant politique connu n’a levé la voix. À l’exception de quelques opposants islamistes ou démocrates de toujours, même pas une opposition à la Benflis en 2004, cette fois, se propage dans les rouages du pouvoir un silence quasi unanime, le président est seul en lice. Selon les rapports diplomatiques américains obtenus par Wikileaks Bouteflika a confié, en 2009 au général William Ward, commandant en chef de l’AFRICOM, que les militaires ne détiennent plus les clés du pouvoir an Algérie (2). Mais cette entente larvée, est-elle circonstancielle ou permanente ? Il ne faut pas oublier et, jusqu’à nos jours, que le pouvoir en Algérie se concentre aux mains de l’armée, le chef de l’Etat a-t-il refusé finalement d’être un trois quart de président ? Est-il devenu actuellement un président à part entière ? Applique-t-il la politique de ceux qui l’ont amené au pouvoir au 1999 ou bien applique-t-il son propre politique ? Représente-t-il une menace ou une assurance pour l’armée, le véritable pouvoir ? Les décideurs, appelés de cette manière en Algérie, influent-ils toujours le pouvoir ? Ont-ils capitulé finalement en signant des candidatures à plan au président ? Ont-ils un compromis politique en commun ou bien ce n’est qu’un mariage forcé, de raison, d’intérêts et de circonstance ?

Ce qui est certain, le maintien du président pour une longue durée au pouvoir, suscite une vive curiosité qui nous pousse à faire parler les spécialistes, probablement capables de nous donner une idée plus au moins plausible. José Garçon, journaliste à libération et spécialiste de l’Algérie, nous a précisé dans son article paru dans la revue Politique Internationale que l’armée à l’occasion de la cérémonie de la fête de l’indépendance de juillet 2005, avait imposé au président 14 nouveaux officiers pour consolider son clan (3); ils ont tous été étaient tous promu au grade de général. Est-ce que cela veut dire, que le président ne détient pas véritablement le pouvoir ?

L. Addi, éminent sociologue, spécialiste de l’Algérie également, nous avance les mêmes arguments notamment dans le débat qu’il avait animé dans la presse écrite avec le général Benyles (4). En précisant que même les ministres du gouvernement de Bouteflika notamment ceux de sa région, Nadrouma, M’sirda, Tlemcen, sont désignés par l’armée, que le président n’avait pas réussi à imposer son ami Yazid Zerhouni comme ministre de la défense, qu’il n’a eu au sein du sérail qu’une influence infime, qu’il n’a pu rien faire pour son ami d’enfance Chakib Kallil ex-ministre de l’énergie et des mines empêtré dans une affaire de corruption (5). L’avis de ces spécialistes L. Addi, H. Malti, J. Garson ou autres, est très importante, elle est surtout recommandée quand ces derniers évoquent la suprématie de l’armée dans la vie politique, également l’acte armé justifiant historiquement la prise du pouvoir, la négation du débat politique, l’exclusion de l’opposition, etc. Mais, il y a un fait nouveau dans les mécanismes du pouvoir ces derniers temps nous amènent à dire, du moins par rapport aux années précédentes, que le président a pris de l’élan par rapport à ses détracteurs. « Il nous semble que Bouteflika a réussi d’écarter l’armée », a écrit B. Alawa, « il a réussi à construire un dossier sur ses chefs impliqués d’une manière ou d’une autre dans des questions épineuses ; ces derniers se sont trouvés sans protection. Certes le président ne possède ni armes, ni armée mais un bloc-notes qui contient des dossiers sur tout le monde » (6). D’abord, en optant pour la révision de la Constitution en novembre 2008, le président a procédé à la manière qui l’arrange, celle du vote du parlement au lieu de la voie référendaire. Ce vote est garanti par les partis de l’alliance présidentielle acquis à ses thèses, à quoi bon prendre un risque inutile. Cette procédure d’importance majeure, est passée presque inaperçue, sans la moindre réaction des antagonistes de naguère. Sachant que le pays passe par de graves tentions sociales et d’une crise multiple, une crise économique, une crise de politique et une crise sociale exacerbé. Le pouvoir disposait d’une large manœuvre, il n’y avait aucune position possible. Au contraire, l’amendement de la Constitution, puis l’élection pour un troisième mandat se sont déroulés sans bruit ou contestation manifeste, sans réaction des antagonistes du président surtout au sein de l’armée. Nous avons assisté à l’occasion de la révision de la Constitution, puis à la cérémonie de la fête du premier novembre, à l’invitation des généraux actuellement à la retraire, mais toujours de grande influence, comme Mohammed Touati, Mohammed Betchine, Abel Hamid Djoudi, et surtout Mohammed Lamari. Boutefilka a-t-il réussi à rallier les différents clans au pouvoir à sa cause ? Nous n’entendons plus les uns et les autres se chamailler comme c’était lors le cas de l’élection présidentielle de 2004 (le duo Nezar-Boutelika avec A.Benflis comme boucs-émissaire). Il y a également, d’autres éventements qui vont dans le sens d’une domination d’un clan sur l’autre. En mars 2009, les associations algériennes des victimes du terrorisme et de dépassement de l’Etat, ouvertement opposées à la fameuse charte de paix et de réconciliation se sont réunies à Genève pour débattre sur la question. Le ministre de l’intérieur avait reconnu que les services secrets étaient impliqués dans les disparitions forcées, elles avoisinent selon le ministre le nombre de 6146. L’ONU refuse à ce que cette association soit ralliée au Comité national des droits de l’homme en Algérie, pour cause de non-confirmité aux principes de la CHD (comité des droits de l’homme). Pour Alger, ça serait une catastrophe de se retrouver marginaliser et être vu comme une dictature et comme un régime inculpé de graves crimes, assure un expert européen (7). Bouteflika quant à lui et, dans la perspective de prendre le dessus sur ses adversaires, se désengageant de toute responsabilité pour affaiblir ses opposants ; « a affirmé de tout temps, que ce qui s’est passé dans les années 1990 ne le concernait pas, que c’était l’affaire des militaires » (8). Une autre affaire aussi importante que celle qui la précède et qui va dans le sens permettant au président de confirmer son hégémonie sur les rouages de la vie politique, elle concerne le diplomate Hassani, chef du protocole du ministère des affaires étrangères inculpé dans l’assassinat de l’opposant Ali Mecili en 1987. Bouteflika n’avait pas manqué le temps à exploiter l’événement à son profit et surtout quand cette affaire s’est déroulée pratiquement durant la campagne présidentielle de 2009. Nous avons relevé un silence assourdissant ce qui n’a rien d’étonnant concernant l’affaire de ce haut fonctionnaire d’Etat, surtout si elle remet en cause la réputation de la haute hiérarchie. Cela relève de la volonté du président qui a la main haute sur les affaires diplomatiques et notamment celle concernant la France : « les diplomates du ministère des affaires étrangères ont vite rédigé un communiqué dénonçant l’arrestation en France de leur collègue mais le président a empêché la diffusion» (9). Puis abedelaziz Bouteflika est un tacticien de renommé ajoute la même source. « Il ne lui a pas échappé qu’une absence d’une réaction officielle de l’Algérie suite à l’arrestation du diplomate ne manquait pas de jeter le trouble et de remettre l’assassinat de Ali Mecili et ses commanditaires sur le devant de la scène en excitant les journalistes français prompts à monter du doigt les généraux algériens. En 1987, le général Larbi Belkheir occupait un poste clé puisqu’il était le chef du cabinet du président Chadli » (10). Bouteflika n’entend pas être un trois quarts de président : « attendant son heure depuis la mort du Boumediene, il ne veut pas être réduit au rôle de primu inter pares mais être le Rais, c’est-à-dire celui qui exerce le leadership. C’est là que son intelligence du système va pleinement joué. Il menace par deux fois de démissionner. Or, cette menace publique de démission d’un chef de l’Etat qui servit moins d’un an après la démission de Zéroual était malvenue. Les prétoriens étaient très mal vu sur la scène internationale après les massacres de Ben talha, la campagne du « qui tue qui ?», et la démission du président Zeroual. La « salle guerre » a éclaboussé l’image du régime. Bouteflika a joué cette carte pour affaiblir les prétoriens qui l’on coopté. Il parvient a promulgué un décret présidentielle en octobre 1999 par le biais duquel il dépossède le chef du gouvernement, des prérogatives que lui avait concédé le président Chadli en 1989. Il prend de proche en proche le contrôle de l’administration, de la machine préfectorale (à travers le ministère de l’intérieur), du ministère de l’énergie et de Sontrach. Sa quête de leadership s’appuie sur une des règles normative du régime : l’Etat rentier » (11).
 
Voila comment le rapport de force s’est établit au sommet du pouvoir et comment le président a eu ou a essayé d’avoir le dernier mot au niveau de la décision politique et réduire ses antagonistes même au sein de l’armée au rôle de comparse. Cette suprématie a bien ses raisons, depuis son arrivée en 1999, le président a pu regrouper ses forces en créant ses propres réseaux. D’abord autour de lui : la nomination du chef du protocole de la présidence Mokhtar Reguig, l’éloignement de l’ancien chef de cabinet Larbi Belkheir et la nomination de Moulay Guedil à sa place, mais également le contrôle de l’administration des entreprises publiques et surtout le forum des chefs d’entreprises (FCE), le MEDF local qui, avait soutenu ouvertement la candidature du président en avril 2009 (12).

Quand nous avons évoqué le gouvernement d’un seul, nous voulions signaler la fusion des clans en un seul, cela veut dire qu’il n’y a pas réellement une politique ou une façon de gérer le pays qui oppose les différents antagonistes au sommet de l’Etat. Ils rentrent certainement et, dans les moments difficiles, dans des différents conflits, mais l’objectif commun est de garder le même système et veiller à sa pérennité. Concernant cette question précise, le président a rempli convenablement sa mission. Pour bien illustrer cela, il faut revenir en arrière, particulièrement à son arrivée au pouvoir. Le président a rendu, à travers ses réseaux diplomatiques bien consolidés, le lustre à l’image totalement ternie de l’institution militaire, malmenée dans sa lutte contre le terrorisme. Il a refoulé les revendications démocratiques de la société au détriment des forces politiques autonomes, il a tourné la page d’une décennie rouge dans laquelle la légitimité de l’Etat était remise en cause, notamment le sommet du pouvoir soupçonné de bafouer les droits de ses sujets. Il a finalement gagné la confiance de ses parrains et, justement, à travers ce regain de confiance il a pris le dessus. Mais nous ne pourrons pas être tranchant sur cette question de confiance entre les différents acteurs au pouvoir, la vie politique algérienne est imprévisible. Il y a de la confiance certes, mais relative et laminée, la nature du régime est ainsi. « Si le système est toujours le même, le jeu des équilibres internes est aujourd’hui plus favorable à Bouteflika qu’en 1999, assure un observateur, bon connaisseur du sérail, Belkhier et Koudjti, ‘’les parrains’’ du début, sont hors jeu. En juillet 2004, le général Mohamed Lamari est poussé à la démission, il est remplacé par un proche du président, Gaid Salah. Son départ forcé permet un vaste remaniement : les commandements de quatre de six régions militaires ont été changés. Des nominations que Bouteflika impose avec l’aval du tout puissant Toutik. Rivaux parfois, les deux personnages, savent qu’ils ont un commun intérêt à s’entendre. » (13). La polémique enclenchée récemment concernant les affaires de corruption qui ont touché la Sonatrach et les travaux publiques, nous a amené à penser à nouveau au duel Bouteflika et le clan opposé. L’affaire s’est vite transformée en un effritement considérable. L’hypothèse d’une lutte d’influence au sein du sérail, aussi sordide et réductrice puisse-t-elle d’emblée paraître, ne compte pas moins de sérieux adeptes. Une bonne partie de la classe politique est persuadée qu’il s’agit de « règlement de compte », de « lutte de clans » de « lutte d’influence ». Said Saadi, Mousaa Touati, Ali Faouzi Rabain, Ali Yahia Abdnour et même Abedlaziz Belkadem, tous évoquent par périphrases, les luttes âpres des clans au pouvoir. En bon connaisseur des rouages du système, le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), le docteur said Saadi, se demande pourquoi les dossiers de corruption ne sont dévoilés qu’aujourd’hui alors qu’ils étaient disponibles chez les services de sécurité depuis longtemps. « On tape à la périphérie. Les gros dossiers sont enfuis. Les grosses corruptions ne sont pas dévoilées. Il s’agit manifestement de lutte de clans, ajoute Said Saadi. « Il y a un clan qui veut régler ses comptes avec l’autre. Qu’on ne nous demande pas de choisir notre camp. » « La centralisation et le coffre-fort de la corruption », a précisé ce dernier. L’avocat des droits de l’homme, maître Ali Yahia Abdnour, a parlé de « rupture au sommet de l’Etat », d’un « déchirement au sein du pouvoir ». Selon G. Oukazi le président a diligenté une enquête par la présidence concernant le décès du général Foudil Chrif en 1994 pour revenir jusqu’au président Boudiaf (14). Le régime avec tous ses clans influents manifeste une symbiose en trompe l’œil. Or, dés qu’une enquête remonte à la surface clans se heurtent, les visages se figent et on revient au conflit larvé où chaque antagoniste ressort les dossiers, les points faibles de son adversaire. Nous avons assisté comme nous l’avons motionné à un duel, une bifurcation. La première précise que les enquêtes ont été menées par le DRS en ciblant particulièrement l’entourage du président, notamment le ministre de l’énergie. La deuxième montre que les enquêtes ont été diligentées sous les ordres du président avec une tentative d’amener les services secrets à ses côtés. « ‘’Le duel’’ à distance, opposant la présidence au DRS, explique le président d’honneur de la ligue algérienne des droits de l’homme, a pour objet le ‘’contrôle’’ des services de renseignements, l’appareil le plus important du système, la colonne vertébral du régime qui, jouit d’autonomie et d’un pouvoir exorbitants et à la tête duquel trône depuis 1990 l’indéboulonnable le général-major Mohamed Medienne dit ‘’Toufik’’. Le président Bouteflika aurait remis sur la table, soutien l’avocat, un vieux projet, celui de réunir dans un ‘’super-ministère’’ tous les services de sécurité, le DRS y compris » (15). Allant dans le même sens, l’ancien officier à la retraire Mohammed Chafik Mosbah, nous précise que « le pouvoir est concentré entre les mains d’un seul homme, qui n’est autre que le président Bouteflika, et son émanation directe qu’il nomme pouvoirs public. Pire encore, Bouteflika, a en croire cet ancien militaire, contrôle le DRS qu’il utilise pour faire jouer une mission d’intelligence en rapport avec des menaces internes, c’est-à-dire contre les partis politiques de l’opposition » (16), nous explique t-il. Si les révélations de ce général sont exactes, cela veut dire que le président détient le vrai pouvoir. En se fiant à cette déclaration, nous avons l’impression que l’armée est une simple institution parmi d’autres, exécutant les tâches que lui confie la constitution. Alors ce qu’il ne faut pas oublier est que l’Algérie est une armée Etat, c’est l’action armée qui fait naitre l’Etat et non l’inverse. L’élie dirigeante au sein de l’armée est restée imprégnée par cette culture de suprématie par rapport à la société. Le pouvoir est toujours aux mains de l’armée, bien sur, durant la décennie des années 90 cette dernière a pris une sacré longueur d’avance, en étant sortie victorieuse de lutte contre le terrorisme, les services secret ont pris de l’expérience sur le terrain, et même si révolution il y a, le pouvoir revient quad même à l’armée. Autrement dit, si le peuple se révolte, une partie du pouvoir, celle qui visible, incarnée par Bouteflika et son gouvernement, tomera, mais l’autre partie sous-jacente, se montrera peut-être moins autoritaire à l’avenir sans pour autant lâcher les rênes du pays. Bouteflika servira le cas échéants de fusible pour garantir la survie du régime, mais sous une autre forme. La question qui se pose est la suivante : Bouteflika se laissera-t-il sacrifier sur l’autel des généraux et ainsi accepter de sortit par la petite porte ou tentera-t-il de résister à ceux qui, hier, l’aveint installé à la tête du pays et qui veulent, aujourd’hui, s’en servir comme bouc émissaire afin de rester au pouvoir (17). Il fort probable que l’armée sera tentée, comme l’avait expliqué L. Addi, par l’exemple turc. Or, Bouteflika n’est pas dupe, il détient des dossiers sur tout le monde d’autant plus qu’il a clairement dit, ce qui est passé dans les années 90 ne lui concernait pas, c’était l’affaire des militaires ; il pourra facilement les sacrifier notamment dans un contexte international où les jugements des dictatures taraudes les esprits. Il a déjà engagé une commission d’enquête composée de plusieurs magistrat et procureurs civils et militaires au début de 2010, en vue de recouvrir certains dossiers restés en suspens ou bâclés à leur époque, notamment sur plusieurs affaires d’assassinat menées durant la décennie noire et qui ont ciblé des personnalités nationales, à l’instar de Mohammed Boudiaf ou encore du général Fodil Saidi. Or, cette enquête est annulée suite aux multiples pressions que le président avait subi ces derniers temps de la part de l’institution militaire et par un émissaire américain du secrétariat d’Etat à la sécurité nationale, le mettant en garde de se mettre l’opinion et la composante militaire sur le dos. Si Bouteflika a accepté finalement de ne pas remettre sur le tapis la question du ‘’ qui tu qui’’, c’est qu’il a vraisemblablement réussi un compromis avec le DRS (18). Ce qui s’est passée dans les années 90 est l’un des facteurs qui entrave le processus de démocratisation.

Hammou Boudaoud
7 mars 2011

Références :

1) Ait Larbi Mokrane, « Le pouvoir ne soucie pas de ce que pense la rue », El Watan du 12 Février 2009.
2) El Watan du 5 décembre 2010.
3) Garcon José, «L’Algérie : le feu sous la cendre », Politique internationale, automne 2006 n° : 113, p 442.
4) Addi Lhaouari, « Ce que pense Addi Lahaouri du dernier article de Benyelles », Le Quotidien d’Oran, le 27 janvier 2009.
5) Malti Hocine, Histoire secrète du pétrole algérien, Edition La Découverte, Paris 2010.
6) B. Alawa, « Bouteflika a écarté l’armée », El Khabar Hebdomadaire du 1er juillet 2009.
7) http://www.Bakchich.Info-affaire meceli-bouteflika.
8) Ibid.
9) Ibid.
10) Ibid.
11) Hachmaoui Mohammed, « Le leadership de Boutefilka s’appuie sur l’Etat rentier », El Watan du 2 mai 2009.
12) Lagrade Dominique, Allik Anis, « Algérie : Abdelaziz Bouteflika et les seins », L’Express du 8 avril 2009.
13) Idem.
14) Ouqazi Ghania, « Lutte contre la corruption : les détails de la directive de Bouteflika », le Quotidien d’Oran du 25 octobre 2010.
15) Aziri Mohand, « Les affaires de corruption vues par des analystes politiques- Opérations main propre », El Watan du 17 févier 2010.
16) Entretien de Mohamed Chafik Mosbah, Algérie-focus du 18 février 2011.
17) Algérie- focus, « L’armée prépare-t-elle l’après Bouteflika », 18 février 2011.
18) Algérie-focus « révélation : sous la pression de l’armée et des américains, Bouteflika clos le dossier d’enquête sur le DRS contre un compromis », 28 févier 2011.

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