Beaucoup disent, notamment les ayants acquis au statuquo, les régimes politiques arabes et les serviteurs des régimes, que ce raz-de-marée populaire n’est qu’un sentiment fébrile et passager ; à peine il prendra de l’ampleur, il se réduira en peau de chagrin. Il faut noter le comportement de ces régimes presque similaires de se précipiter à leur panoplie de solutions usées et inutiles ; ils sacrifient facilement leurs gouvernements de façade, les accusant d’être responsables de la gestion défaillante et désastreuse des ressources du pays.

Ben Ali et Moubarak ont tous les deux fait démissionner leurs gouvernements. En Algérie, on a recouru à la solution du tiroir pour acheter la paix sociale à n’importe quel prix. Tous ces régimes tiennent le pouvoir tant qu’ils ne sont pas lâchés par les Etats-Unis. Or, ces régimes comme on dit, sont comme des serviettes, ils finiront tous à la poubelle. Le président pakistanais Parvis Musharraf, le Shah d’Iran, le président du Philippine Ferdinand Marcos, le président du Panama Manuel Noriega, le président du Cuba Batista, etc. étaient tous des amis des Etats-Unis et ils furent tous dénigrés et lâchés en dernier essor. Ben Ali, le président tunisien, a subi la même fatalité, peut-être Moubarak aussi.

Quant aux  généraux algériens, qui attendent leur tour, suivent l’évolution des évènements de près et demeurent sans réaction ; ils soufflent le chaud et le froid et tremblent de peur d’être dévorés par leur peuple et lâchés par leur interlocuteurs américains. Ils n’ont plus à spéculer sur le terrorisme qu’ils ont créé pour construire un abri et prétendre défendre les intérêts du peuple et celui des Etats-Unis. Tout le monde sait que le 11 septembre a fixé le lieu de rencontre entre le deux alliées de la circonstance, où le régime algérien partageait les douleurs des Américains après les attentats. Le pétrole et le terrorisme sont les deux éléments du contrat, l’un veut le pétrole et le maintien de sa position stratégique, l’autre veut se pérenniser au pouvoir et s’absoudre de ses crimes commis contre son peuple.

En pleine crise tunisienne l’Algérie a reçu des responsable américains pour recevoir des aides militaires en cas de révolte populaire, nous avons assisté à la création du FAA (force africaine en attente). Alger vient d’abriter la signature d’un siège au niveau de la willaya de Jijel. La création de cet organisme qui vient contrer l’Africom, a pour objectif de faire face aux multiples situations de crises et de conflits sur le continent africain et d’assister certains Etats d’Afrique dont les difficultés politiques sont conjuguées avec l’insincérité. Ainsi, l’article 5-2 de 2002 relatif à la fondation de l’UA (union africaine) qui donnera naissance au conseil de sécurité et paix de l’Afrique.

Toutes les dictatures se ressemblent, leur mot d’ordre est la répression, l’une militaire monocratique, le cas de l’Egypte, l’autre oligarchique, le cas de l’Algérie, ou policière, le cas de la Tunisie. Nous sommes bien d’accord, une dictature n’a aucune légitimité, car nous distinguons deux sortes de légitimité : une légitimité de base et une légitimité de fait. L’une concerne la minière de prendre le pouvoir, l’autre concerne le mode de son exercice. Dans les deux situations les régimes politiques arabes ont échoué, et leur légitimité est quasiment nulle. Ils ont tous pris le pouvoir par un coup d’Etat, une manière antidémocratique car non conforme au verdict populaire.

A la base, leur pouvoir devient illégitime concernant son accès ou ascension. Et même au niveau de l’exercice du pouvoir qui est une légitimité de fait, les régimes arabes dans leur majorité assis sur des gisements de richesses, n’ont fait que créer une économie mafieuse, prédatrice et parasitaire, une gestion des ressources de manière anarchique où la corruption et la règle et la loi l’exception. Et puisque ces pouvoirs ne sont pas légitimes, ils ont créé leurs propres mécanismes de défense ; ils ont investi dans les malheurs des peuples, l’étouffement de la liberté, la pauvreté, l’exclusion, la répression, le massacre, puis les guérillas urbaines, le terrorisme, l’insécurité totale pour devenir comme l’avait appelé la sociologue Basma Kodmani, une « sécuritocratie ». Un gouvernement corrompu a précisé Thomas Hobbes «  tire plus sa prébende politique d’une guerre civile où d’une trahison que de la prospérité publique de ses citoyens ». Ces dictatures ne leur reste que de se conformer au diktat américain pour adopter le langage répressif s’ils veulent grader le pouvoir.

La politique extérieure des Etats-Unis

« Dans un monde incertain, le temps est venu pour un nouveau commencement, un nouveau leadership pour surmonter les défis du XXI siècle et pour saisir les opportunités que comportent ces défis », a déclaré le président Barack Obama le 1er  décembre dernier lors de l’annonce de son équipe de sécurité nationale.

La politique de démocratisation du monde arabe de l’ex-président américain Gorges Buch a échoué, il faut le rappeler que le président Obama fut élu pour faire table rase avec la politique de l’ancien régime républicain des nouveaux conservateurs connus par un entrisme impérial notamment dans les zone pétrolière. Il faut remarquer aussi  que dans chaque zone pétrolière du monde, les Américains ont installé des bases militaires pour sécuriser leurs intérêts sous prétexte de lutter contre le terrorisme fatal pour la démocratie.

Or, cette politique avait pour but de maintenir un statuquo au niveau politique et protéger pour un temps les dictatures gardiennes de leurs intérêts. Il faut noter également que Gorges Bush a déclaré qu’il y a à peu prés 60 pays qui sont dans le collimateur, ceux qui étaient les premiers de la liste sont particulièrement l’Irak, l’Algérie, la Syrie, puis l’Iran, la Corée du Nord  et quelques pays d’Amérique latine comme la Bolivie ou le Venezuela. Mais, apparemment la politique des Etats-Unis a échoué en Iran, en Amérique latine également, car réfutée par la résistance populaire, représentée par Morales et Hugo Chavez,  ainsi qu’en Afghanistan, en plus de la défaite d’Israël par HisbAllah en 2006.

Bref, la politique de Gorges Bush fut une catastrophe. La domination qu’il avait espérée au sein d’un monde unipolaire suite  à l’effondrement de l’Union soviétique n’a pas donné les résultats escomptés et même les multinationales n’ont pas approuvé cette politique, basculant toutes pour élire Obama afin d’opérer un renouveau de la politique extérieure américaine.

Obama fut donc le président susceptible de sauver les apparences et sortir  le pays du dilemme dans lequel il avait sombré. Le changement opéré dans le monde et les déséquilibres de la crise économique au Etats-Unis, la révélation sur la scène mondiale des pays émergents (Chine, Inde, Corée du sud, Brésil, Turquie,  Iran), ont amené les Etats-Unis à réfléchir davantage et se pencher plus sur la question économique.

On peut imaginer sans difficulté aucune que le président Obama s’intéressera de plus près à la diplomatie économique des Etats-Unis afin de sortir de la crise économique. D’une certaine manière, cette orientation est symbolisée par l’action de la Fed d’injecter comme on l’a vu à travers le plan Paulson 700 Milliards de dollars pour soutenir l’économie. D’ailleurs, le 7 novembre 2008, le président Obama a tenu à Chicago sa première conférence de presse depuis son élection, s’exprimant peu après la fin d’une réunion avec ses principaux conseillers économiques. Il a indiqué qu’il se  confrontera à la crise économique dès son ascension à la présidence, « le plus grand défi économique de notre temps » selon ses propres termes.

Obama a annoncé son intention de prendre les meures nécessaires pour atténuer la crise du crédit, aider les familles de la classe moyenne et relancer la croissance économique. Au niveau de la politique extérieure et comme nous l’avons signalé plus haut, l’élection d’Obama a eu pour objectif de faire table rase avec la politique de Georges Bush caractérisée par l’entrisme américain et ses conséquences désastreuses, c’est fini la somalisation, l’irakisation, la viêtnamisation, les Etats-Unis d’Amérique ont opté apparemment pour une nouvelle politique. Le compromis entre l’administration américaine et l’autoritarisme arabe s’achève. Dés lors, l’administration Obama tâche à orienter sa politique extérieure comme suit :

1- La garantie d’un retrait progressif et pacifique d’Irak et d’Afghanistan tout en conservant l’intérêt vital des Etats-Unis ;

2- La garantie de l’approvisionnement en pétrole provenant du Moyen-Orient ;

3- Le maintien du processus de paix avec les Palestinien selon les principes des accords d’Oslo et la recherche d’une sorte de trêve non déclarée concernant le conflit israélo-arabe jusqu’à trouver une nouvelle approche susceptible de mener à une réconciliation avec la Syrie, le Hamas et même de propulser une nouvelle direction du mouvement Fatah pour pallier au blocage des négociations ;

4- Enfin, permettre aux Etats-Unis de se révéler sur scène avec un nouveau visage pour se réconcilier avec les peuples, absorber les révoltes et congédier la haine des Arabes des Etats-Unis comme fut le cas de l’Iran où les Américains sont réellement détestés.

Cette nouvelle politique est mise en œuvre, les Etats-Unis n’ont pas intervenu en Tunisie quoique ce pays ne représente pas un grand intérêt stratégique pour eux comme l’Egypte, l’Irak, ou même l’Algérie. Ils ont lâché leur allié ami d’Israël Hosni Moubarak et ils vont probablement même lâcher les généraux algériens approchés depuis le 11 septembre sous prétexte de lutter contre le terrorisme.

Quant à l’éveil de la conscience populaire pour provoquer le changement et se préparer à une nouvelle ère, il s’est avéré que ces révoltes presque générales et unanimes selon un seul mot d’ordre, furent une surprise pour tout le monde, elles ont surtout donné la preuve de l’existence d’une conscience politique dépassant de loin celle des gouvernants débiles et archaïques.

Comme l’avait dit déjà  Abelhamid Ibn Badis dans les années trente du siècle dernier, en évoquent l’exemple du peuple algérien, «  celui qui a dit que ce peuple s’est dévié de son origine ou a dit que ce peuple est mort n’est  qu’un monteur ».

Les pouvoirs arabes n’ont pas réussi à faire avaler à leurs peuples leur politique dictatoriale, et comme une forme de révolte cyclique et alternée fut le soulèvement. La politique du tout répressif ou la clientélisation de la population à travers la rente pétrolière, n’a pas épargné les régimes arabes de la colère de leurs peuples, ni les régimes policiers, ni militaires n’ont réussi à faire face au déferlement populaire.

Le vent du changement commence à souffler et soufflera prochainement dans les pays arabes y compris la Palestine. Contrairement à ceux qui ont voulu réduire la révolte populaire à des délinquants ou des vulgaires pillards qui seront vite calmés par des mesures répressives, la société semble déterminée à ne pas tomber dans le piège des régimes qui tentent surtout dans les moment de crise d’altérer son image et d’enfoncer son soulèvent dans la violence.

Et en l’absence même de partis susceptibles d’organiser les revendications populaires, la société s’est organisée par elle-même sans permettre à quiconque de récupérer sa révolution. Il se trompe donc celui qui croit que suite à ces soulèvements, le monde arabe tombera dans une anarchie destructive et ne trouvera pas le moyen d’amener les revendications populaires à leur satisfaction finale et compète, car la révolution crée ses propres mécanismes, l’histoire servira d’exemple, les partis politiques algériens par exemple, qui sont entrés dans les années  quarante et cinquante  au parlement français, n’ont pas pu prédire qu’il y aurait une révolution dirigée par seulement 22 jeunes nantis.

Hammou Boudaoud
31 janvier 2011

Un commentaire

  1. terrorisme
    Quatrièmement, les médias occidentaux découvrent tardivement que le danger islamiste est un épouvantail à moineaux. Encore faut-il admettre qu’il a été activé par les Etats-Unis de Clinton et la France de Mitterrand dans les années 90 en Algérie, puis a été gonflé par l’administration Bush consécutivement aux attentats du 11-Septembre, et alimenté par les gouvernements néo-conservateurs européens de Blair, Merkel et Sarkozy.

    http://www.voltairenet.org/article168311.html

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