Les nationalistes qui se sont battus pour l’indépendance ont voulu un drapeau algérien : ils l’ont eu. En même temps leur but était une Algérie démocratique, débarrassée de l’illettrisme, du chômage, de la pauvreté, des injustices et du mépris.

Sur ce plan, la déception est immense. Après les émeutes d’Octobre 1988, une démocratie de façade a succédé à 26 ans de parti unique. Depuis 1962, le pouvoir réel est entre les mains des militaires. Comme à l’époque coloniale, les élections sont truquées. Depuis l’an 2000, le chômage affecte plus de 30% de la population. Même le diplôme universitaire ne garantit pas un emploi.

Crise de logement, vie chère, privation pour le plus grand nombre, santé défectueuse, mendicité, délinquance, drogue, prostitution, suicide… face à une majorité de pauvre, des milliardaires font étalage de leur richesse. La classe moyenne laminée vit dans la frustration. Les Algériens aspiraient au bonheur, à la dignité de leur patrie. Au fil des ans, le pays s’est vidé d’une partie de ses cadres.

Des millions de jeunes rêvent de s’expatrier, le seul frein est le refus des pays occidentaux des les accueillir. Faudrait-il se rappeler du passage du cortège de Jacques Chirac à Alger et Oran ? Des milliers de jeunes hurlaient « Visa ! Visa ! ». Certes, on ne voit plus les cireurs dans les rues, ils ont été remplacés par des vendeurs de cigarettes à l’unité et des marchands de chiffons sur les trottoirs.

Sauf pour une minorité, la vie quotidienne est dure épreuve : coupure d’eau, d’électricité, mauvais état des routes, saleté des lieux publics… On a inventé le mot hittiste (les adossés-aux-murs).

Le mépris lui-même n’a pas disparu. Le fonctionnaire s’ingénie à faire courir le citoyen, à lui imposer des formalités compliquées, à le regarder de haut, parfois à le racketter avant de lui accorder ses droits.

Résultat : une perte de confiance en les dirigeants, une démobilisation vis-à-vis de la politique, l’absence d’espoir. Les émeutes d’Octobre 88 ont mis 500 adolescents au tapis. Il y a bien eu la révolte islamique depuis 1992, mais elle s’est attaquée surtout aux exécutants et au petit peuple.

Elle s’est livrée à des massacres de femmes et d’enfants, à des viols, elle a détruit des équipements publics, elle a créé une situation de guerre qui n’a pu dire son nom et creusé entre les Algériens un fossé de haine qui sera difficile à combler. Le printemps noir de Kabylie : 129 morts, des milliers de blessés.

Le bilan postindépendance est globalement négatif, cela tout le monde le sait, chacun le constate et le subit dans sa vie quotidienne. Les dirigeants eux-mêmes ne l’ignorent pas. Ils font des plans, des programmes, des discours, ils organisent des séminaires dans des hôtels de luxe, se pavanent beaucoup à l’étranger. Ils ont peut-être l’intention de faire sortir le pays de ses multiples crises mais les résultats sont décevants. On peut même parler de l’aggravation de la situation au fil des ans. Est-ce une fatalité ?

Les causes du désastre sont nombreuses, mais selon les Algériens, c’est la faute des généraux. Le peuple ne voit en eux que des dictateurs incompétents, corrompus, indifférents à son sort, soucieux de leurs seuls intérêts personnels ou claniques.

Quand au citoyen, c’est la victime innocente du pouvoir. L’Algérie dit-on est un pays riche et on en comprend pas que sa population soit en majorité pauvre. Pour certaines régions de l’intérieur, pour certains quartiers populaires des grandes villes, l’indépendance a apporté peu, sinon rien.

Les causes profondes du désastre sont la religion, l’arabisation, le socialisme et la culture antidémocratique du pouvoir.

Ce n’est pas l’aspect spirituel et moral de l’islam qui en cause, bien au contraire, il est tout à fait respectable. Il est nuisible par la façon dont il est compris et pratiqué.

Ce n’est pas la langue arabe en elle-même qui est en cause, mais l’illusion qu’elle est apte à former des scientifiques.

Le socialisme partait d’une idée généreuse : mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme, assurer le bien être pour tous. Mais ce fut une utopie d’autant plus malfaisante que le socialisme algérien a été vécu par la corruption, la démagogie et qu’il a fabriqué des mentalités d’assistés.

Depuis 1990, nous sommes entrés dans une économie dite de marché, en réalité une économie de spéculation, une économie de bazar.

Bien entendu, les choix de Bouteflika engagent le pays dans la voie de la fatalité. La responsabilité du Président est grande. Son comportement se caractérise par le non-respect des lois, la recherche du pouvoir par des moyens illégaux, le mépris de la volonté du peuple, la mauvaise gestion de l’argent… Il a été un mauvais choix et il demeure un mauvais exemple. Bref un déficit de vertu.

Abdelyazid Sadat
4 janvier 2011

7 commentaires

  1. @Abdelyazid Sadat
    Vous dites :
    « Il y a bien eu la révolte islamique depuis 1992, mais elle s’est attaquée surtout aux exécutants et au petit peuple ».

    Vertigineux raccourci ( ! ) qui ne vaut que pour ce qu’il est, c.à.d. un potin de comptoirs, un colportage des rumeurs et autres intox savamment distillées par les officines occultes du D.R.S et leurs chiffonniers de la plume et du repaire d’ « intellos » collabos. Un fatras de lieux communs, d’aberrations, de vices qui avaient montré, en leur temps, leurs efficacités car chargés d’une telle force émotionnelle que les eunuques de l’info aux ordres ne se sentaient même pas l’obligation de la vérifier avant de la répercuter.

    Pour vôtre gouverne, et pour ne pas passer pour un balourd ( je reste poli ) je vous conseille le silence ou la saine et instructive lecture du remarquable livre de Lounis AGGOUN intitulé : « La Colonie française en Algérie: 200 ANS D’INAVOUABLE – Rapines et péculats » , publié par les Éditions Demi lune, collection Résistances. Bien d’autres ouvrages qui traitent de la « résistance islamique » et de cette période noire sont disponibles. La Vérité quand on la cherche, on finit par la trouver.

    Quant au reste de votre article, rien de nouveau sous le soleil. Comme l’on dit de manière quelque peu trivial mais bien sentie, « vous défoncez des portes ouvertes ».

  2. @ MOHSEN je vous trouve assez sévère avec l’auteur de l’article qui a le mérite de s’expliquer simplement et clairement. Néanmoins si je peux vous renvoyer à la contribution d’ANDRE PRENANT géographe ,au livre noir du capitalisme contribution intitulée ALGERIE 1830-1998 DES BALBUTIEMENTS DU CAPITALISME COLONIAL A L’ENTREPRISE MONOPOLAIRE DE RECOLONISATION « MONDIALISEE » : « Ce sont aussi les destructions et les massacres du terrorisme islamiste manipulé bien avant 1990, par des tenants liés autant que le pouvoir d’Etat au néolibéralisme, celui de la bourgeoisie algérienne comme des multinationales, avec pignon sur rue dans les capitales occidentales, en particulier à Londres. Ils instrumentalisent un identitarisme qu’ils veulent confondre avec l’islam comme espérance pour recruter les marginalisés du système, en particulier dans les banlieues. La violence utilisée des les années 1980 (par le maquis de BOUAILI entre autres) relève d’une stratégie fasciste de la terreur. Elle a visé, avant 1995 syndicalistes et intellectuels, artistes, journalistes, écrivains ou universitaires qui la combattaient ; puis, outre des étrangers non musulmans, la masse, hommes, femmes, enfants, de ceux qui lui désobéissaient en travaillant, en votant, en étudiant, en particulier dans les campagnes isolées en 1995 1996 et dans l’hiver 97-98 ; puis les marginaux qui lui avaient échappés et avaient rencontré ceux qui l’avaient fui, dans les nouvelles banlieues pauvres d’Alger. Ce terrorisme, on le sait moins, a aussi détruit des unités de production publique, jamais privées ni appartenant au grand capital étranger, des établissements publics scolaires, sanitaires et sociaux, en convergence avec leur déstabilisation par la spéculation mafieuse et l’ajustement structurel. »

  3. CONRAD COBURN on

    Le butin, voilà la vérité
    L’Algérie depuis la Régence d’abord sous le joug de deux frères bandits notoirement connus et craints en Méditerranée, ensuite par des deys, ancêtres de la maffia sur la planète,jusqu’à nos jours en passant par la colonisation française: la triangulation du butin aujourd’hui, l’Islam, le Pétrole et le bilinguisme,l’arabe au service de la religion et le français à celui de la manne.

    • Morad Pacon on

      Plûtot la haine
      [quote name= »CONRAD COBURN »]L’Algérie depuis la Régence d’abord sous le joug de deux frères bandits notoirement connus et craints en Méditerranée[/quote]
      Les deux frères étaient craints par les voleurs de terres et de nations, par les génocidaires sans scrupules, par les criminels contre l’humanité sans foi ni loi.. tellement craints qu’ils les qualifièrent de « bandits » ou de « corsaires » et il se trouve aujourd’hui des individus qui répètent la leçon inculquée par « leurs ancêtres les gaulois » sans se soucier qu’ils n’auraient peut-être jamais existé sans la protection et le sacrifice de ces deux frères-là.

      [quote name= »CONRAD COBURN »]ensuite par des deys, ancêtres de la maffia sur la planète,jusqu’à nos jours en passant par la colonisation française: la triangulation du butin aujourd’hui, l’Islam, le Pétrole et le bilinguisme,l’arabe au service de la religion et le français à celui de la manne.[/quote]
      Oui bien sur la « colonisation française ».. « en passant » seulement; même pas une petite étiquette .. en passant .. telles que « pionniers de la déculturisation » ou « champion de l’épuration ethnique » ou peut-être « initiateurs de l’état policier, de la magouille politique et de la corruption ».. l’étiquette de « ancêtres de la mafia » étant déjà attribuée et m… pour l’histoire.

  4. conrad coburn on

    Stupéfactis
    A propos d’un commentaire de Conrad sur un commentaire par M.morad Pacon sur celui-ci.Un. les « pionniers de la déculturation »en Algérie? c’est bien de cela qu’il s’agit selon monsieur Pacon, n’est-ce pas? Qu’il l’explique à Conrad parce que tous les hommes et les femmes qui n’ont pas perdu encore la tête le savent, comment les Turcs qui sont restés en maîtres absolus dans les contrées de l’Algérie, ils n’ont pas été foutus au moins êtres capables d’ottomaniser dans le sens civilisationnel du terme ne serait-ce qu’une bourgade quelque part dans le Maghreb.Conrad défie quiconque de montrer un ressortissant natif de longue lignée qui parle la langue des flibustiers qui assassinent par étranglement tels les deux frères premiers chefs de la Régence. Par ailleurs Conrad demande en toute aménité de renvoi à l’Histoire à monsieur Pacon de dire aussi dans quelle langue le Dey d’Alger parlait avec l’ambassadeur français recevant le coup d’éventail,quelle langue officielle parlaient les notables turcs dans les affaires de l’administration même dans les mosquées? Deux.Quant aux ancêtres de la maffia, à travers les deys et les beys, plus tard les bachaghas,les aghas et les caïds, Conrad rectifie pour dire qu’ils étaient pire que cela:les théoriciens de la rapine et de tous les mépris sur les âmes en peines!Monsieur Pacon n’a qu’à aller dans les archives anciennes des bibliothèques respectables pour lire en osmani dans le texte les grands crimes contre le genre humain perpétrés par les deux grands aventuriers dont aucun document officiel « rescapé » n’atteste de leur musulmanité telle que prônée par la Sublime porte.ET enfin, trois.Ce m…pour l’Histoire, c’est justement, ici même, dans le frontal de la « chèvre combien même elle volerait » que monsieur le suffisant fermé au vrai progrès y participe.

    • Morad Pacon on

      Permanet et Signis
      [quote name= »conrad coburn »]Un. les « pionniers de la déculturation »en Algérie? c’est bien de cela qu’il s’agit selon monsieur Pacon, n’est-ce pas? Qu’il l’explique à Conrad parce que tous les hommes et les femmes qui n’ont pas perdu encore la tête le savent, comment les Turcs qui sont restés en maîtres absolus dans les contrées de l’Algérie, ils n’ont pas été foutus au moins êtres capables d’ottomaniser dans le sens civilisationnel du terme ne serait-ce qu’une bourgade quelque part dans le Maghreb.Conrad défie quiconque de montrer un ressortissant natif de longue lignée qui parle la langue des flibustiers qui assassinent par étranglement tels les deux frères premiers chefs de la Régence. Par ailleurs Conrad demande en toute aménité de renvoi à l’Histoire à monsieur Pacon de dire aussi dans quelle langue le Dey d’Alger parlait avec l’ambassadeur français recevant le coup d’éventail,quelle langue officielle parlaient les notables turcs dans les affaires de l’administration même dans les mosquées?[/quote]
      Et bien Pacon expliquera à Conrad que:

      Un: Les Turcs n’ont ni colonisé, ni envahit l’Algérie. Les Turcs ont été appelés et priés de prendre en charge la défense du pays.

      Deux: Je ne vois pas ou serait l’intérêt d’une « Ottomanisation » (surtout en période de décadence de celle-ci) mais par-contre ce serait bien un contre-argument pour une prétendue « déculturation » que Conrad essaie de tirer par les cheveux.. à moins que Conrad ne soit un admirateur des « bienfaits de la colonisation », ce qui expliquerait aussi les circonstance atténuantes accordées à « nos ancêtres les gaulois ».

      Trois: Le fait que le Dey d’Alger parlait sa langue maternelle serait donc une tare au même moment qu’il serait reproché que personne ne parlât la langue des « flibustiers » comme il les nomme.. encore un contre-argument; si « déculturation » il fut, ne serions nous pas peut-être entrain d’écrire ses lignes dans la langue Osmanli au lieu de celle de Voltaire ?.

      Juste en marge, même illustre Jughurta ne parlait amazigh ni dans son palais ni devant les romains, cela n’en fait pas un déculturé.
      [quote name= »conrad coburn »]Deux.Quant aux ancêtres de la maffia, à travers les deys et les beys, plus tard les bachaghas,les aghas et les caïds, Conrad rectifie pour dire qu’ils étaient pire que cela:les théoriciens de la rapine et de tous les mépris sur les âmes en peines!Monsieur Pacon n’a qu’à aller dans les archives anciennes des bibliothèques respectables pour lire en osmani dans le texte les grands crimes contre le genre humain perpétrés par les deux grands aventuriers dont aucun document officiel « rescapé » n’atteste de leur musulmanité telle que prônée par la Sublime porte.[/quote]
      Le langage d’invective dénué d’arguments en dit long sur la respectabilité des bibliothèques que fréquente Conrad. Quant au clichés colportés et précurseurs à un certain 5 juillet 1830 nous sont trop bien connus de même que leur motivation pour continuer à rabâcher la même mouture intellectuelle qui a et qui continue à nous asservir.
      [quote name= »conrad coburn »]ET enfin, trois.Ce m…pour l’Histoire, c’est justement, ici même, dans le frontal de la « chèvre combien même elle volerait » que monsieur le suffisant fermé au vrai progrès y participe.[/quote]
      Morad Pacon du tout avait bien pressentit le parti-pris et le formatage de Conrad vu sont indulgence « historique » et la « courbe » qu’il pris pour outrepasser le colon « déculurateur » et ses crimes.

      Cette irritation à la contradiction qui lui fit même perdre sa courtoisie viendra confirmer tout cela et poser une grande interrogation sur la nature du progrès que chante Conrad et auquel il serait effectivement plus prudent de s’en suffire et rester fermé.

  5. conrad coburn on

    Confirmations générales
    Le Pacon titre permanet et signis, en latin, pour dire de but en blanc jusqu’à quel point il est colonisé, une manière de subjuguer sans se rendre compte, au moins, d’un bienfait de la colonisation, et d’un. Ensuite ce même Pacon parle de Conrad formaté parce qu’il est tombé comme une mouche dans le panier à risque prévu par les scientifiques inventant les réseaux sociaux: le plein virtuel privilégiant l’anonymat vicieux mais surtout l’impersonnel « balanceur », parce qu’il a , rapide tel l’éclair, oublié qu’au commencement il y avait attaque sur personne, oui sur personne identifiée signant sans remonter à la source(latine) originelle de la colonisation – qui a au demeurant fait écrire « La Cité de Dieu à Saint Augustin le Numide- Abdelyazid Sadat pour exprimer dans le réseau ses idées clairement et c’est pour cela que Conrad le respecte et prend sa défense, et de deux.Lorsque Toumi et El Kadi firent appel aux deux flibustiers, en réalité albanais, pour contrer les Espagnols, les Turcs étaient contrairement à ce que invente le Pacon au summum de leur puissance et ce n’est qu’après beaucoup d’assassinats, dont le roi de Tlemcène des propres mains de Baba Arroudj,et la pacification militaire de la Régence qu’ils firent allégeance à la Sublime porte pour être reconnus comme les maîtres d’Alger, le Pacon s’est fait bouffé plus de deux siècles d’Histoire, dont la Révolution industrielle que n’a pas voulu saisir l’Empire Ottoman, et de trois enfin.

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