Les législatives ont eu lieu en Egypte dans un climat de violences et de restrictions. Elles ont été marquées par des irrégularités, notamment de nombreux cas de fraude dénoncés par l’opposition, alors que le pouvoir ne cessait de les promettre « libres et régulières ».

Plusieurs heurts avec les forces de l’ordre ont eu lieu dans divers endroits du pays, déplorent l’opposition et des organisations de défense des droits civiques. Le parti au pouvoir, le PND de Hosni Moubarak, est assuré de garder la majorité des deux tiers des sièges, alors que les Frères musulmans, qui avaient réussi une percée en 2005, craignent cette fois-ci en perdre.

Nombre d’organisations ont critiqué l’organisation de ce scrutin le jugeant éloigné des standards d’un vote démocratique. Human Rights Watch considère que « la répression … fait que des élections libres et justes sont extrêmement improbables ». Le chef du bloc parlementaire des Frères musulmans dénonce le « climat de trucage » dans ces élections qui « dépasse l’imagination ». L’opposition dite « laïque » semble faible du fait de son morcellement et de l’absence de stratégie commune, et Mohamed ElBaradei n’a pas été suivi dans son appel au boycott.

Avant ce scrutin, les manifestations de chrétiens coptes suivis d’affrontements violents avec les forces de sécurité ayant engendré deux morts coptes et plusieurs dizaines de blessés dont une vingtaine de policiers, suite à une décision des autorités d’arrêter les travaux de construction d’une église considérée illégale, avaient été enregistrés.

En pleine législatives sur fond de confrontation, le ministre égyptien des AE Ahmed Aboul Gheit se permet de fustiger l’Iran, dans une interview au journal qatari Al-Sharq, en déclarant que « les interventions de l’Iran dans les affaires intérieures du Golfe ne doivent pas être autorisées », en conseillant les « frères iraniens (…) de laisser l’Irak tranquille, de même que le Liban », en ajoutant : « La sécurité des pays du Golfe est prioritaire, et l’Egypte y accorde beaucoup d’attention ». Le ministère iranien des AE répond, selon une « source informée », que ces déclarations « sont influencées par la grave situation intérieure de l’Égypte (…) et visent à détourner l’attention de l’opinion publique internationale de la violation des droits primordiaux de la population de ce pays », en conseillant à son tour M. Aboul Gheit de « penser à assurer la sécurité et les droits de l’Egypte qui sont constamment violés par le régime sioniste plutôt que de servir les intérêts des ennemis de la région ».

Par ailleurs, deux à quatre personnes sont décédées au cours des violences qui ont marqué ce premier tour de l’élection législative en Egypte, ont rapporté hier la presse et des observateurs égyptiens. Le quotidien indépendant al-Masri al-Youm parle de quatre morts, de même que le titre anglophone Egyptian Gazette, qui fait état de décès au Caire, à Alexandrie, en Haute-Egypte et dans le delta du Nil. La Coalition indépendante pour l’observation des élections fait état d’au moins trois morts dus à ces violences.

Amar Djerrad
30 novembre 2010

Article publié dans le quotidien Liberté

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