L’idée de création d’un État palestinien semble, en effet, une option sans aboutissement, pour ne pas dire impossible, au regard de l’évolution de la situation sur le terrain. Selon le rapporteur de l’ONU,  M. Richard Falk, “la création d’un État palestinien est de plus en plus illusoire du fait de la colonisation israélienne”, ajoutant que “l’expansion de la présence juive à Jérusalem-Est par le biais d’une colonisation illégale, des démolitions de maisons et des révocations de droits de résidence palestiniens rendent de plus en plus difficile d’envisager une capitale palestinienne à Jérusalem-Est”. Les “sages”, par la voix de Mary Robinson lors d’une conférence de presse, ont indiqué récemment : “Nous… craignons que la possibilité d’une solution à deux États ne soit en train de s’évanouir à cause de ce qui se passe ici à Jérusalem”. Et à Jimmy Carter de signaler que ces sages ont jugé le traitement des Arabes de “très dérangeant”.

En effet, Israël s’attelle à adopter une série de lois, d’essence raciste, consistant en l’allégeance à un “État juif”, que Robinson estime portant atteinte aux Palestiniens vivant dans les territoires occupés de 1948, et ce, en plus des descentes policières, des exactions et des menaces d’un ordre d’expulsion ou d’une arrestation qu’ils subissent en permanence.

Ainsi, ni les diverses résolutions de l’ONU, ni les accords d’Oslo, ni la conférence d’Annapolis et sa perspective d’une solution à deux États, ni les visites du monde occidental, ni les condamnations, ni “les sages”, etc. n’ont permis de mettre à la raison les dirigeants de cet “État” factice partisans du “tout pour moi et rien pour vous”.

Si la solution pour deux États “s’accepte” sans arrêt de la colonisation du peu de terres qui restent, Israël va là où il n’y aura plus rien à partager et où il va se constituer un “seul État” où les Palestiniens (Arabes et chrétiens) seront majoritaires. Le partage du pouvoir étant hors de question, les sionistes d’Israël ont créé, malgré eux, à défaut d’expulsion, des “bantoustans”, sans continuité territoriale, sans pouvoir et sans droits à l’intérieur des terres dépendant d’eux ! Ils se retrouvent ainsi dans une situation — inacceptable du point de vue des “droits de l’homme” —, soit de créer une majorité “artificielle”, soit de faire dépendre les droits de citoyenneté de l’ethnie ou de la religion. Dans les deux cas, se posera le problème de légitimation dans l’exercice du pouvoir et son partage. On comprend dès lors la stratégie de “la reconnaissance d’Israël comme ‘État du peuple juif’” sans en préciser les limites qui ne peuvent être que la totalité du territoire. Ils doivent présumer que les Palestiniens, devenant majoritaires, ne pourront réclamer par le jeu “démocratique” d’autres droits que ceux entrant dans le cadre d’un “État juif” avec obligation de lui jurer loyauté, sous peine d’être déchus et expulsés et rien d’autre. Mais vers où ?

L’Occident, pressentant sûrement l’issue fatale, envisage la proclamation d’un État palestinien sans territoire précis. Les Palestiniens et les Arabes le veulent selon le droit international, c’est-à-dire avec les frontières de 1967. Israël, empêtré dans ses contradictions insensées, le veut un “État” sans trop de conviction tout en continuant la colonisation et le démantèlement méthodique de toute continuité territoriale, transformant le terrain des réalités physiques de façon menant tout droit vers un “seul État”.

Lors d’une rencontre d’universitaires qui s’est déroulée le 6 juillet 2007, à Madrid, ayant pour thème “Palestine/Israël, un pays, un État”, Leïla Farsakh, de l’université du Massachusetts et auteur de Independence, cantons or bantoustans. Whiter the palestinian state ?, a déclaré ceci : “La réalité territoriale, économique et démographique de la Palestine montre que nous n’avons jamais été aussi proches de l’état unique. Le territoire de la Cisjordanie n’a jamais été aussi fragmenté, les bantoustans sont de fait déjà là, les Palestiniens dépendent d’Israël pour leurs déplacements, ils n’ont aucune souveraineté sur la terre… D’ici cinq ans, les Palestiniens seront majoritaires. Les deux états sont morts, il faudra au moins une génération pour réaliser l’état unique…”

Rappelons que depuis sa création, Israël ne fait que violer les lois et accords initiés par cela, même qui sont à l’origine de son existence, y compris la déclaration de Lord Balfour, de1917, qui disait précisément : “Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif… étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine…”

Il n’y a effectivement pas d’autres alternatives face à une réalité du terrain qui rend irréalisable un État palestinien viable. La problématique de création d’un “seul État laïque” avec l’exigence de l’égalité des droits civiques et politiques pour tous reste l’issue inéluctable qui réglera définitivement ce conflit.

Revient-on à la vieille proposition de l’OLP, de l’extrême-gauche israélienne antisioniste et de certains sionistes avant la naissance d’Israël (Martin Buber et Judah Magnes, partisans d’un État binational et démocratique en Palestine)?

Amar Djerrad
1 novembre 2010

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