« Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée » (Saint Coran 89/27)

Que dire de plus sinon prier que le regretté Rabah Benlatreche, qui vient de nous quitter ce 30 septembre 2009, puisse être parmi ceux qui sont agréés par le Créateur. M. Benlatreche était malade et il savait plus que tout autre que ce jour, celui de son dernier voyage, se rapprochait inéluctablement.

On le savait souffrant mais il a été un exemple dans la dignité, ne faisant jamais prétexte de sa maladie, qui ne lui laissait pas d’accalmie, pour retarder une tâche ou un devoir. Et le devoir pour M. Benlatreche était noble et grandissait le combattant qu’il a été : il incarnait le combat des familles de disparus en Algérie.

J’ai eu le plaisir de connaître personnellement Si Rabah et de voir de près son travail. Force est de constater qu’il était un exemple de dévouement, de quête de perfection dans tout ce qu’il entreprenait. Malgré son âge, il cherchait à apprendre et à parfaire son action. Il est le père d’un disparu et la façon dont il parlait de son fils Fayçal m’a toujours ému. Pas seulement par le fait de voir un père évoquer le crime commis par un pouvoir criminel et la blessure profonde qu’a laissé cet acte ignoble et la privation de faire son deuil. Non, Si Rabah m’a maintes fois répété qu’il n’était pas seulement en train de défendre la vérité, la justice. Il insistait beaucoup sur le respect de la mémoire de son fils.

Ses paroles qui résonnent encore dans mes oreilles : « Il faut aussi que le combat qui a été celui de mon fils et pour lequel il a sans doute payé de sa vie – et ce « sans doute » est pour moi source de torture car je n’ai pas eu le droit de faire mon deuil -, il faut que ce combat soit respecté. Mon fils avait une cause et je ne puis accepter que sa cause soit trahie ou discréditée. Chacun a le droit de ne pas la partager mais je ne permettrai jamais à quiconque d’insulter la mémoire de mon fils. Mon fils n’était pas un égaré. Je ne peux accepter leur « réconciliation » qui justement insulte la mémoire de mon fils après l’avoir fait disparaître. Non, jamais ça. Mon combat pour la vérité, la justice et le respect de la mémoire de mon fils et de tous les disparus sera mon quotidien jusqu’à la fin de mes jours ». Et il tint parole!

Il avait en quelques mots défini le combat digne, courageux, honnête et inattaquable d’un Homme.

Si Rabah était un « bosseur », très éxigeant. Il voulait et insistait que le combat des familles de disparus en Algérie soit exemplaire. Certains ont dû se sentir offusqués par ses remarques franches et sans complaisance, y compris parmi les parents de disparus qui le cotoyaient et luttaient avec lui. Mais personne, j’en suis convaincu, ne remettra en cause son dévouement, son ardeur et sa sincérité.

J’ai pu le contacter il y a moins d’une semaine pour lui exprimer ma reconnaissance pour une action récente qu’il venait de mener pour les familles de disparus. Ce fut l’une de ses nombreuses actions, empreintes de sincérité et « loin des projecteurs », dont seul le Créateur pourra le gratifier.

Repose en paix Si Rabah, tu le mérites amplement. Tu resteras un modèle du combattant éclairé, désintéressé, honnête et persévérant.

Mourad Dhina
1er octobre 2009

Source : www.rachad.org

Un commentaire

  1. Ce grand Monsieur, je ne l’ai connu que de réputation, c’est-à-dire à travers son engagement militant pour défendre la cause des disparus et de leurs ayants droits. Puisse sa mémoire, ainsi que celle de toutes les victimes du régime des généraux putschistes d’Alger et de leurs complices, hanter les nuits des criminels qui ont conduit le pays là où il en est.

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