Lorsque le destin d’une nation est capté indûment par des usurpateurs, ceux-ci ne peuvent se maintenir à sa tête qu’en usant de procédés immoraux et corrupteurs. C’est une vérité immuable.

Ce pouvoir illégitime n’a d’autre choix, pour s’imposer au peuple, que de s’approprier tous les attributs de la légitimité, en les dénaturant, en en faisant des coquilles vides, des façades de pure forme qui n’ont d’autre finalité que de le servir, aux dépens de la nation, et au risque d’altérer l’esprit même de cette dernière, sa cohésion, et les grands principes de justice et d’égalité devant la loi qui fondent son existence et sa destinée même.
Une telle situation ne peut qu’empirer. C’est une logique inexorable. De jour en jour, et quelles que soient les richesses naturelles du pays et quels que soient les discours triomphalistes et trompeurs du régime.

Nous avons pu mesurer cette logique dans toute son implacable réalité depuis que la flambée des prix des hydrocarbures ont permis à notre pays d’engranger des recettes inespérées. Toute cette richesse, qui aurait pu soulager la misère des plus démunis d’entre nous, et mettre en place des mécanismes rationnels de redressement économique, n’a eu d’autre effet que de décupler la voracité de l’oligarchie, et de servir à des plans pseudo économiques, improvisés et relativement exorbitants, qui n’auront d’autre résultat que ceux d’un cautère sur une jambe de bois.

Cet argent miraculeux, qui aurait pu servir à nous remettre sur la voie d’une gestion rationnelle et raisonnable du pays, puisque ces moyens colossaux étaient suffisants pour une réelle relance économique, a été utilisé, sans compter, pour faire de notre pays un immense bazar, une véritable khourda où la consommation débridée et démagogique en soi, ne profite réellement qu’aux barons du régime.

Aujourd’hui, à la veille des « élections » présidentielles, dignes de l’ère stalinienne et qui se sont préparées dans l’orchestration folklorique que nous savons tous, et qui devraient faire honte aux barons de ce régime, si tant est qu’ils sont susceptibles de ressentir la moindre pudeur, nous assistons à un usage immodéré de l’argent du peuple, à des fins démagogiques et populistes, alors que l’essentiel de nos richesses est pillé par une minorité et ses réseaux mafieux. Nous observons que ce pouvoir illégitime, même s’il a mué autant de fois que cela lui fut nécessaire, est en passe de nous précipiter dans une situation dont nous ne pourrons plus nous tirer, pour peu que la conjoncture économique mondiale s’aggrave un tant soit peu. Il s’agit d’une véritable fuite en avant – suicidaire pour le pays – d’un régime en phase terminale.

Nous ne pouvons plus continuer à assister en spectateurs à notre propre déchéance, et à l’assassinat de notre nation ! Nous n’en avons pas le droit. Ce serait un crime de non assistance à nation en péril. Notre propre nation. Celle pour laquelle nos aînés ont donné leur vie.

La résistance à la destruction de sa propre patrie est un devoir sacré.

Nul ne peut nous en dénier le droit.

Car l’Algérie n’est la propriété de personne, ni d’un quelconque clan. Elle est celle du peuple algérien, de tous les Algériens qui ont le devoir de la prémunir des périls.

Le moment est venu de cesser les palabres stériles et de nous enfoncer dans des zizanies paralysantes. Le moment est venu de poser les vrais problèmes et de trouver les véritables solutions.

Le pouvoir doit revenir au peuple, et au peuple seul. Sans manigances et sans récupérations sordides. Le fleuve détourné doit retrouver son lit ! Ce fleuve de la dignité qui a charrié le sang de tant des nôtres. Et seul un changement radical et pacifique du système politique permettra de régler définitivement la crise de légitimité du pouvoir qui perdure depuis 1962.

Le moment d’une action politique est venu. Une action pacifique et éminemment politique. Nous userons de tous nos droits en tant que citoyens libres, pour voler au secours de notre patrie.

Une action qui s’imposera en alternative démocratique, qui devra fédérer toutes les forces vives de la nation, sans exclusion ni exclusive, loin de toute démagogie et de tout opportunisme.

Le devoir nous appelle !

Nous n’avons pas le droit d’hésiter et encore moins de démériter. Parce que force doit revenir au droit et à la justice.

Pour une Algérie de toutes et de tous, de justice, de liberté et de démocratie, profondément ancrée dans ses valeurs et grandement ouverte sur l’Universel.

Qu’il me soit permis de faire miennes les paroles d’Aboulqacem Achabbi :

« Si le peuple, un jour, aspire à la Vie,
Force est au destin d’y répondre,
Force est aux ténèbres de se retirer,
Et force est au joug de se briser… »

Que Dieu Guide nos pas !

Salah-Eddine Sidhoum
Alger
5 mars 2009

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