Chers Harraga,

Je connais votre calvaire. Moi-même suis un ancien Harrag, j’avais quitté le Maroc pour le Mali en 1959-60, poursuivi par les services anti-terroristes du monde entier… Mais à l’époque il n’y avait pas d’embarcations de fortune pour traverser la mer qui nous sépare du Mali, donc j’avais dû prendre l’avion dans des conditions khalliha ou khlass… Enfin je vous passe toutes les péripéties de l’épreuve, l’essentiel : j’ai réussi ma Harga et je suis devenu président par la suite. En cette qualité, je vous lance un appel solennel: restez, restez, je vous prie ! Je veux dire : une fois passés en Italie ou en Espagne, restez-y, et ne pensez plus revenir ici, y a que dalle pour vous, déjà que pour nous y a pas grand-chose… Khalifa a tout pris, le vaurien !

Je vous demande aussi, si c’est possible, d’emporter avec vous vos proches, même les plus réticents… je suis sûr qu’avec un peu de bonne volonté, vous trouverez assez de place pour fourrer tout ce beau monde dans les yachts que vous utilisez… De cette façon, quand il vous arrivera ce qu’il vous arrivera, eh bien vous serez entourés d’êtres chers !

Avant de vous quitter, je voudrais vous transmettre les chaleureux remerciements du général Toufik, car en décidant El Harga, vous lui épargnez la tache d’avoir à vous torturer ou tuer lors des soulèvements populaires qui sont prévus dans les mois à venir… Il vous informe en sus qu’il ne faudrait pas croire les rumeurs selon lesquels l’ANP aurait acheté des hélicos pour poursuivre les Harragas. Rien n’est plus faux. Ces hélicos sont destinés en fait à vous montrer la direction « NORD » au cas où vous seriez déboussolés au milieu des flots en furie. Ils sont équipés pour laisser échapper des traces en forme de flèches, vous n’aurez qu’à lever la tête pour voir le chemin du paradis…

Toufik tient aussi à vous signaler que si jamais vous sombrez en mer sans laisser de traces, eh bien il décline dors et déjà toute responsabilité dans cette malencontreuse disparition. Son domaine de compétence à lui, c’est les disparitions sur terre ferme. Enfin, il tenait à clarifier les choses pour qu’il n’y ait pas de confusion des genres.

Bon vent, et sachez que j’admire votre courage, même si comparée à l’odyssée Malienne, El Harga vers l’Italie n’est pas la mer à boire…

Signé :
Boutef,
Haggarnison d’El Mouradia

Mounir Sahraoui
5 mai 2008

3 commentaires

  1. Harrag = Illégal
    En fait, si nous prenons la signification « juridique » du mot « Harrag » cela veut dire illégal (au noir); Harrag dans un bus, Harrag à l’étranger etc …

    Quant au régime d’Alger, satire mise à part, ce sont effectivement tous des Harraga du pouvoir qui ont réussi leur harga en traversant la mer de sang du peuple algérien qui relie les rives de Oudjda à celles d’Alger; à bord de chars de fortune(s), la flotte de Boussouf menée par le « Raïs » Boukharrouba flanqué du matelot Bouteflika ont permis entre autres à des officiers (dormants?!) de l’armée française de débarquer sous faux drapeaux et de régner sur l’Algérie jusqu’à nos jours.

    Donc, cher Mounir, ta belle satire est tout à fait réelle, Boutef est un Harrag, illégal, illégitime de même que le pouvoir effectif qu’il sert et protège.

    Et je t’encourage à persévérer dans cette voie de la satire; car mariée à notre unique sens algérien de l’humour c’est l’un des moyens les plus puissants pour dénoncer et démystifier ce Taghout installé sur la poitrine de notre pays.

  2. boutef aux harraga
    bien dit, je suis sur que c’est le regime qui est derriere la mediatisation a grande echelle de ce grave fleau.c’est vrai beaucoup de jeunes veullent quitter l’algerie, mais cette poussee suicidaire c’est le pouvoir qui est derriere.

    boutef a fait tout le tour du monde pour ramener des invistisseurs, surtout europeens, alors vous ne voulez pas venir pour sauver le regime, alors vous allez voir, on est tres fort dans la fabrication des problems, et le sabotage, et bientot c’est des bateaux de la CNAN qui vont les ramener.

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