Commentaire au sujet de l’article publié par le Matin en ligne daté du mardi 11 Mars 2008 sous le titre: "Un site libanais accuse le quotidien algérien Ech-Chourouk d’être le porte-parole du Hizbollah"
http://www.lematindz.net/news/un-site-libanais-accuse-le-quotidien-algerien-ech-chorouk-detre-.html

J’ai lu – dans le texte – la série d’articles publiés par le quotidien de langue arabe "Ech-Chourouk", sous la signature de son correspondant : Walid Arafat ; Peu de gens ignorent que Beyrouth a toujours été – et demeure aujourd’hui plus que jamais –, un grand carrefour géopolitique de luttes d’influence entre puissances et une plaque tournante incontournable de l’espionnage et de l’intox. C’est une véritable bourse où foisonnent les renseignements les plus vraisemblables à coté des scoops les plus invérifiables. Aussi, le reproche que l’on pourrait faire au journaliste M. Walid Arafat, auteur de ces articles, c’est peut-être d’avoir cédé à l’overdose de l’information et de n’avoir pas su opérer dans son reportage, le tri entre les vraies informations émanant de sources crédibles qu’il a pu contacter et les scénarios catastrophes, ramassés à la terrasse d’un café, ou dans le hall d’un hôtel.

Ceci étant posé, nul n’est besoin d’être grand prophète pour affirmer qu’aujourd’hui, la situation au Moyen-Orient dans son ensemble n’aura jamais été aussi proche de la déflagration généralisée, pouvant même aboutir à un conflit mondial dont nul ne peut prévoir, ni l’ampleur, ni l’intensité, ni la durée, ni l’issue. Les ingrédients de cette crise sont toujours les mêmes, depuis l’édification en 1948 de l’Etat d’Israël sur le territoire de la Palestine, édification parrainée par les grandes puissances, – en particulier la Grande Bretagne et les Etats-Unis – pour maintenir dans cette région pétrolifère majeure, une situation de crise géopolitique et sociale permanente, propice aux intérêts géostratégiques – notamment économiques – de l’Occident. Pour faire court et éviter une longue rétrospective, on peut faire le constat qu’aujourd’hui au Moyen-Orient, et particulièrement depuis la chute du régime dictatorial de Saddam à Baghdad en 2003 et accessoirement celui des Talibans en Afghanistan, les régimes politiques de la région –, à l’exception jusqu’à présent de l’Iran et de la Syrie – ont outrageusement confirmé leur alignement sur la politique impérialiste des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux, afin de conserver leurs pouvoirs respectifs, fournissant ainsi – par défaut –, la preuve patente que les Occidentaux – Etats-Unis en tête – sont moins préoccupés d’instaurer une prétendue démocratie dans les pays de la région, que d’asseoir leur contrôle des ressources énergétiques de ces pays.

Une telle attitude minimaliste – pour ne pas dire collaborationniste – qui vaut à ces régimes, aux yeux de l’Occident, le qualificatif de "modérés" a bien entendu pour corollaire, de leur laisser les mains libres vis-à-vis de leurs propres Peuples. "Laissez-nous défendre la pérennité d’Israël en Palestine et contrôler votre pétrole et nous vous laissons les mains libres pour gouverner vos peuples comme vous l’entendez", tels pourraient être schématiquement, les termes de cet accord non écrit entre les régimes arabes félons et l’Occident. Un Occident qui refuse obstinément de voir la moindre tête dépasser et qui n’aura de cesse par conséquent de vouloir réduire, – d’une manière ou d’une autre –, les résistances iranienne et syrienne à son projet hégémonique.

En face, il y a les peuples. Des peuples quasiment réduits, durant toutes ces années, en simples populations – au sens statistique du terme –, soigneusement tenus en dehors du champ politique et qui souvent d’ailleurs, se détournent spontanément de la politique, tiraillés qu’ils sont entre les difficultés de vivre et les risques d’une répression potentiellement présente, au niveau de la moindre activité considérée comme étant "politiquement subversive" par des appareils sécuritaires qui sont devenus au fil du temps, les vrais détenteurs du pouvoir réel dans tous nos pays, un peu à l’exemple des Janissaires de l’Histoire qui faisaient et défaisaient les Sultans de l’Empire Ottoman…

Or, des éléments nouveaux viennent de faire irruption dans la scène : 1°) l’agression israélienne contre le Liban au cours de l’été 2006 ; 2°) l’échec annoncé de la Croisade de l’Occident en Irak et en Afghanistan ; 3°) le risque fortement potentiel d’une agression conjointe israëlo-occidentale contre l’Iran, ayant pour prétexte, le dossier du nucléaire iranien. Voyons brièvement ces trois points :

1. Concernant le Liban, et ainsi que l’a reconnu une enquête interne de l’Etat sioniste lui même, l’agression israélienne criminelle de l’été 2006 contre ce pays et qui a entraîné plus de 1200 morts parmi les populations civiles libanaises et détruit près du tiers des infrastructures de ce petit pays, cette agression s’est cependant soldée par un échec sans précédent de l’armée israélienne, qui a complètement raté l’objectif stratégique affiché, c’est à dire, l’affaiblissement des combattants et du potentiel de résistance du Hizbollah. Bien au contraire et de l’avis même de certains organes de presse crédibles, en Israël et ailleurs, cette agression a mis fin au mythe de l’invincibilité de l’armée sioniste qui a dû battre en retraite pour éviter une défaite encore plus désastreuse ;

2. Pour ce qui est des guerres en Afghanistan et en Irak, il suffit de se reporter aux différents rapports publiés par la CIA elle-même, pour apprendre que les contingents occidentaux, même fortement épaulés par des bataillons de mercenaires n’arriveront pas à remporter la victoire sur le terrain ;

3. Enfin, l’éventualité – de plus en plus forte – d’une attaque conjointe israélo-occidentale contre l’Iran, et indépendamment de son prétexte affiché, "les intentions nucléaires" de l’Iran, semble aujourd’hui relever d’une certaine course contre la montre dans laquelle se trouve enfermé M. Bush qui va quitter le pouvoir en Novembre 2008 et à qui la presse outre-atlantique prête le dessein de mettre le peuple américain – dont la majorité est hostile à une nouvelle guerre désastreuse pour son économie – devant le fait accompli, en lançant une guerre "préventive" contre l’Iran. Une guerre que ses amis sionistes de Tel Aviv et ses partenaires politiques les néoconservateurs de Washington appellent de tous leurs vœux.

C’est dans ce contexte extrêmement complexe qu’il faudra recadrer la série de reportages du journaliste d’Ech-Chourouk, M. Walid Arafat…

Ensuite, il faudra tout de même s’interroger sur le pourquoi et les objectifs de cette "critique" signée de ce Monsieur "Khaled Asmar" de Beyrouth… Une critique que "Le Matin en Ligne", nous présente, abusivement – à mon avis –, comme étant une "traduction, analyse et synthèse" des articles d’Ech-Chourouk (on appréciera la contradiction sémantique au passage, "analyse" étant antonymique de "synthèse"!…). Une critique qui cherche apparemment à faire gober par les Algériens, une image flatteuse de M. Fouad Siniora, le Premier Ministre libanais. Un Fouad Siniora dont tout le monde se souvient ici, comment en Juillet 2006, lui et son complice Saâd Hariri avaient lâchement déserté leur pays pour effectuer de longues tournées en Europe pendant que l’aviation criminelle israélienne pilonnait les infrastructures du Liban et assassinait aveuglément les populations civiles du Sud, favorables au Hizbollah et à la Résistance contre Israël et l’Occident.

Sans parler ni des détournements honteux de l’aide humanitaire aux Libanais, détournés par le Gouvernement Siniora. Un gouvernement quasi illégitime, actuellement en butte à un autre scandale beaucoup plus grave: celui d’une grosse affaire de corruption, mêlée de trahison, qui vient d’éclater à Beyrouth, à propos de cet accord rocambolesque agréé par Siniora et portant sur la cession à titre gratuit, – dans le texte – par le Liban à la République de Chypre, d’une quantité de 300.000 mètres cubes d’eau quotidiennement. Certains organes de presse parlant déjà depuis hier, d’une opération triangulaire, tendant à fournir à Israël, par le truchement de Chypre, d’énormes quantités d’eau, prélevées sur les besoins vitaux de la population libanaise. "Plus traître que çà tu meurs"…

Mais passons à la suite, c’est-à-dire à un autre "plaidoyer", celui-là en faveur du régime Saoudien que notre critique nous présente "presque" comme une colombe inoffensive quand chacun sait les lourdes relations de dépendance stratégique, pétrolière et financière du royaume, conclues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale entre les Etats-Unis et la monarchie Saoudienne qui se trouve aujourd’hui totalement soumise et aliénée politiquement.

Nous sommes ici en fait, en présence du clivage classique entre les tenants d’une part, du Camp de la résistance à l’occupation sioniste en Palestine et du rejet de l’ingérence Occidentale dans les pays arabes, au Machrek comme au Maghreb, d’autre part, les tenants du défaitisme et du collaborationnisme.

Or, et jusqu’à preuve du contraire, l’Histoire n’a encore jamais donné raison à ceux qui ont moralement tort… Et encore moins à ceux qui ont trahi. Et les poubelles de cette Histoire débordent de noms célèbres comme ceux de Bao Daï ou du Shah, de Abdallah 1er de Jordanie ou de Pétain et autres Bachagha Boualem d’hier et d’aujourd’hui…

Abdelkader Dehbi
11 mars 2008

Comments are closed.

Exit mobile version