On se souviendra longtemps de l’ex-premier ministre Abdelaziz Belkhadem. On lui doit entre autres la fermeture de 2700 cafés, bars et autres lieux de sédition. Les femmes se souviendront longtemps de lui pour avoir fait voter, en 1984, le Code de la famille algérienne, faisant ainsi régresser les droits de la femme au moment-même où les tunisiennes jouissaient d’une plus grande liberté. De mémoire, c’est le seul premier ministre à s’être vêtu d’une gandoura lors d’une conférence de presse ! Confond-il politique et religion lorsqu’il dit : « La Constitution de l’Algérie est le Coran ! » (Marianne n° 582) . Cette phrase nous renvoie à un souvenir des années quatre-vingt-dix, tristement célèbre et suffisamment douloureux pour qu’on ne s’y attarde pas ici. Tant d’autres indices montrent que les choix politiques de Monsieur Belkhadem étaient imprégnés d’un zèle religieux qui le poussait parfois à prendre des décisions arbitraires, sans réflexion rationnelle. Est-il parvenu à mêler dogmatisme religieux et nationalisme dans l’exercice politique actuel ?

La séparation de la religion et du pouvoir politique n’est pas clairement définie dans notre Constitution et ce sujet reste un vrai tabou. Nous n’avons pourtant pas besoin d’une longue réflexion pour dire que la religion doit être séparée de l’exercice du pouvoir. La laïcité est le pilier d’une république qui doit être basée sur la citoyenneté et non sur la fidélité à une religion. La religion, comme nous l’avons déjà écrit à plusieurs reprises, est de l’ordre personnel. Peut-on légiférer selon la conviction personnelle ?

La laïcité n’est pas synonyme d’athéisme, idée indûment répandue dans notre société algérienne. Au contraire, elle garantie à tout individu la liberté de pensée et du choix de vie. Elle permet qu’aucun courant dogmatique, religieux, politique ou autre, ne soit imposé aux citoyens. Elle permet en outre d’ancrer une vertu cardinale de la République : la tolérance.

La tolérance ne doit pas rester qu’une idée énoncée dans les textes. Elle n’a de légitimité pleine et durable que si elle s’applique réellement aux individus. La tolérance n’a de vertu que si elle ouvre à l’autre. Elle est faible si elle consiste à mettre en pratique la négation de l’autre. Ses valeurs ne sont concevables sans séparation du religieux et du politique. Dans un système laïc, il n’y a de place ni pour la haine, ni pour la violence, ni pour l’injustice car nous sommes tous égaux devant la loi. L’expérience tunisienne, syrienne et turque doit être suffisamment étudiée pour choisir la société dans laquelle nous souhaitons vivre dans les années à venir. Pour renforcer les valeurs et les institutions républicaines, nous devons non seulement œuvrer pour renforcer la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et juridique, mais aussi pour garantir l’indépendance des médias et du pouvoir financier.

C’est seulement lorsque la séparation de ces pouvoirs sera effective que nous pourrons parler de république. Or, à l’heure actuelle, ces conditions ne sont toujours pas réunies. En effet, les institutions étatiques demeurent fragilisées par des pratiques archaïques qui malheureusement se généralisent. Cet état de fait peut être à l’origine de l’anarchie omniprésente qui se situe au niveau de l’individu et de la société tout entière. Il est alors urgent de stabiliser les institutions et de se conformer à la loi constitutionnelle. Pour ce faire, il faudrait revoir en premier lieu le contenu des livres scolaires et du système éducatif…

Yazid Haddar
26 juillet 2008

6 commentaires

  1. Rectifications
    Pourquoi vous accusez Belkhadem à tort?

    ça prouve que vous ne connaissez pas l’histoire

    contemporaine de l’Algerie.

    En 1984, Abdelghani était premier ministre.

    Et Rabah Bitat était président du

    parlement(A.p.n)

    Benbella était le premier, à interdire l’alcool

    en 1963; revoyez le journal officiel.

    • Réponse à Monsieur Beggou
      Bonjour Monsieur,

      En premier lieu, je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à ma réflexion.

      Pour répondre à vos interrogations, je n’ai pas écrit dans mon article que Monsieur Belkhadem était premier ministre en 1984 ni qu’il était président du parlement.

      Une partie de mes sources se trouve sur le site Wikipedia. Si elles sont fausses, vous avez la possibilité de les rectifier par le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelaziz_Belkhadem. Merci d’avance pour votre contribution.

      En ce qui concerne l’interdiction de l’alcool, je vous précise que je n’ai pas écrit que Monsieur Belkhadem a interdit l’alcool mais qu’il a ordonné la fermeture de certains bars et cafés pendant son mandat. Voir la revue Marianne n° 582 de cette année. A ma connaissance, Monsieur Belkhadem n’a pas démenti officiellement ce que cette revue a révélé.

      Cordialement,

      Yazid HADDAR.

  2. on essaie toujours de comprendre pourquoi tout cet acharnement contre les religieux, vous dites que la laïcité est le pilier d’une république, le peuple algérien ne veut pas de cette laïcité que vous essayer à tout prix de l’importer et de l’adapter, votre discours est standard, on dirait que vous faites du copier coller, surtout lorsqu’il s’agit de religion, la religion n’est pas personnelle, et vous êtes bien informé du moment où vous parliez comme un connaisseur.

    si les algériens (la majorité) sont musulmans c’est qu’ils acceptent ce que l’islam impose, donc ce n’est pas à vous de décider si elle est personnelle.

    Les femmes musulmanes aussi, et tout le monde le sait, elle sont musulmanes par conviction ou par tradition, ça n’influe pas sur le fait qu’elle soient libres, elle sont libres, et elles ont choisi leur vie….

    svp les algériens connaissent cette chanson, et ils ont en marre de vos répétitions. soyez au moins à la hauteur, vous êtes allé jusqu’a critiquer le port d’une guendoura.

    • réponse à Monsieur Nadjib Sekket
      Bonjour Monsieur,

      En premier lieu, je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à ma réflexion.

      Je souhaite attirer votre attention sur le fait qu’il ne s’agit pas de ma part d’un acharnement contre les religieux, et en particulier contre la religion musulmane que je respecte au même titre que toutes les autres convictions religieuses. Cependant, mon article se veut être une réflexion sur l’influence des convictions religieuses dans les pratiques politiques. Je ne prétends pas parler au nom de tout le peuple algérien. Il ne s’agit ici que de mon opinion personnelle sur la question. Mon ambition n’est ni d’imposer mon point de vue, ni d’étendre une quelconque influence occidentale. Sachez que de nombreux intellectuels musulmans ont réfléchi sur ce sujet (comme Mohamed Arkoun, algérien comme vous et moi, vivant en France). A ma connaissance, on ne peut pas imposer à un individu une conviction religieuse quelle qu’elle soit, tel qu’il l’est écrit dans le Coran (II, 256) : « Pas de contrainte en religion. » Enfin, pour aborder la question de la liberté de la femme musulmane, il me semble que ce sujet nécessite une large réflexion qui fera probablement l’objet d’un prochain article.

      Cordialement,

      Yazid HADDAR

      • Un Musulman laic est un « rond carré ».
        Bonsoir

        Notions élémentaires.

        1 / La laicité est comme une figure géométrique plane, horizontale qui n’est rien d’autre qu’une idéologie matérialiste athée. Le peuple est Souverain. Et les lois établies par des hommes pour les hommes. La finalité de toute vie sur terre est le Néant.

        La laicité n’est pas neutre. Les Pères fondateurs de la laicité étaient tous anti-religieux. La laicité exclut de sa sphère de compétence toute référence aux valeurs religieuses. Les droits de l’homme SANS DIEU supplantent les droits de Dieu ou les droits naturelles. Un laic met en avant ses droits qui prévalent sur les devoirs et l’intérêt général(le droit des minorités homosexuelles,pédérastes ou lesbiennes: mariage-adoption des enfants ).D’où le crash démographique en Europe. La loi civile prime sur la loi morale et naturelles : avortement de confort, l’euthanasie érigée en méthode de gouvernement selon Mr Attali Jacques.. La vanité de l’humain mis à la place de Dieu et Dieu détrôné. C’ est une REVOLUTION c’est à dire le RENVERSEMENT.

        2 / L’ Islam est un ensemble de principes INDISSOCIABLES politiques, économiques, sociaux culturels.Le Messager de Dieu,MOHAMMAD,Ier chef d’Etat islamique. La langue arabe en est le vecteur et le ciment unificateur et rassembleur.

        Un Musulman « laic » est un  » rond carré ».

        L’Islam est à la fois, verticale et horizontale : par une dimension verticale à travers les cinq prières quotidiennes que le Musulman consacre à Dieu et à Lui seul; une dimension horizontale par une vie terrestre en conformité avec les commandements de Dieu souverain. Le Musulman vit du berceau au tombeau dans un cadre auquel il ne doit pas déroger. La crainte de Dieu et des fins dernières sont les marques indiquant le tracé de sa vie terrestre.

        La vie de la Cité est régie par des Musulmans selon les valeurs et les principes islamiques.

        Nous écrivons en français et nous finissons, pour beaucoup d’entre nous, à penser à travers une optique et un prisme altérés par une influence de pensée rationaliste importée en contradiction avec nos valeurs spirituelles séculaires. Bien des mots utilisés ne font pas partie du lexique arabe. Cela fausse le sens du débat et réclame bien des énergies.

        De ce que je sais de l’ héritage spirituel de nos ancêtres.Et de la « tolérance » « je n’en connais que les maisons » (selon le bon mot de Léon Daudet ).

      • La « tolérance » revue et corrigée.
        A Mr Yazid Haddar.

        Vous écrivez:

        « La laïcité n’est pas synonyme d’athéisme, idée indûment répandue dans notre société algérienne. Au contraire, elle garantie à tout individu la liberté de pensée et du choix de vie. Elle permet qu’aucun courant dogmatique, religieux, politique ou autre, ne soit imposé aux citoyens. Elle permet en outre d’ancrer une vertu cardinale de la République : la tolérance ».

        vraiment?

        Ecoutons le « p’tit père Combes » Président du Conseil dans son discours à l’Assemblée nationale en 1904 sur la séparation des églises et de l’Etat: : extraits.

        « Messieurs, le système politique(la laicité ) en question consiste dans la subordination de tous les corps, de toutes les institutions, quelles qu’elles soient, à la suprématie de l’Etat républicain et laïque.

        Il a pour base, en thèse générale, le principe fondamental de la Révolution, la souveraineté nationale, pour formule dernière et pour conclusion, la sécularisation complète de la société.

        Le Ministère actuel entend que la République de nos jours l’affranchisse absolument de toute dépendance, quelle qu’elle soit, à l’égard du pouvoir religieux.

        Tous ses actes depuis son avènement au pouvoir ont été calculés vers ce but.

        …de la réaction cléricale, la plus insidieuse et la plus redoutable de toutes, parce qu’elle est le trait d’union des trois autres(loyaliste-bonapartiste et nationaliste) et qu’elle déguise sous un masque républicain son projet d’asservissement intellectuel et moral.

        (Applaudissements).

        Nous avons proposé et fait voter par les Chambres la suppression des congrégations (religieuses) enseignantes.

        Conformément à ce vote, nous avons fermé aussitôt leurs établissements, partout où nos écoles communales disposaient de locaux assez vastes pour recevoir leurs élèves.

        Car il nous tarde plus qu’à qui que ce soit de pouvoir dire en toute vérité qu’en France l’enseignement congréganiste a vécu.

        (Bravos)

        ….et s’occuper d’abord des établissements d’enseignements, les plus dangereux sans contredit pour l’avenir de la République.

        A l’heure actuelle, sur 16 904 établissements d’enseignement congréganiste, 13 904, près de 14 000, ont été fermés. Nous nous proposons d’utiliser les crédits inscrits au budget de 1905 pour prononcer 500 fermetures nouvelles sur 3 000 établissements qui restent à sup-primés.

        (Vifs applaudissements.)

        Les insolences de la Papauté Messieurs, c’est beaucoup, on en conviendra, pour un Ministère forcé de combattre à tout instant pour son existence propre, d’être parvenu à expulser de notre France les ordres religieux qui aspiraient à la subjuguer.

        Je n’ajoute pas, remarquez-le, pour cause d’incompatibilité d’humeur. Car il ne saurait être question, dans l’espèce, d’accès d’irritation et de mauvaise humeur. Il s’agit d’une chose bien autrement sérieuse et grave ; il s’agit d’une incompatibilité radicale de principes.

        (rires et applaudissements)

        FIN de l’extrait.

        ———————————————

        l’Affaire des Fiches: sous la tyrannie antichrétienne de la IIIe République, des centaines d’officiers ont été chassés de l’armée, bloqués dans leur avancement, parfois réduits à la misère la plus noire pour le seul crime d’être catholique ou d’avoir une femme se rendant à la messe… Ce fichage supervisé parle général André, ministre de la Guerre dans le gouvernement d’Émile Combes,provoquera la démission de ce dernier!

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