Enfin une enquête internationale sur la violence qui sévit en Algérie. Ces crimes odieux commis contre les populations civiles et dont nous sommes nombreux à dire qu’ils sont commandités et instrumentés par des clans au pouvoir. Des mafias qui ont pris le pays en otage. Des criminels contre l’humanité qui ont toujours bénéficié d’une passivité internationale complaisante.

Cette décision tant attendue, réclamée à cor et à cri par les défenseurs des droits de l’homme, par des politiciens intègres et par de nombreuses familles des victimes du terrorisme, représente un tournant capital dans la tragédie qui ensanglante le pays depuis 16 ans.

La junte qui s’est emparée du pouvoir, qui exerce sur le pays une emprise mafieuse, qui a pris le contrôle de toutes les institutions et tous les pouvoirs réels, y compris celui de decider qui doit devenir le Chef de l’Etat, et dont les Algériens savent qu’elle contrôle, instrumente, régule et dote en moyens logistiques et financiers le terrorisme islamiste, a toujours réussi à empêcher toute enquête internationale sur la violence terroriste en Algérie. Ces généraux, criminels de masse, tortionnaires, pillards, avaient mis à profit cette violence pour s’imposer comme la seule alternative contre le "péril vert", le rempart de l’occident contre l’islamisme, les sauveurs de la République. Ils se sont servi à outrance de leurs relais médiatiques nationaux et étrangers, d’une société dite civile qu’ils avaient truffée de leurs agents et de leurs journalistes, pour altérer la vérité et dissimuler leurs crimes.

Ne cessant d’agiter l’épouvantail islamiste et la menace contre la sécurité en Europe, pour empêcher toute forme d’enquête sur le terrorisme en Algérie, sur la torture, les carnages collectifs, sur les assassinats de journalistes et d’intellectuels, sur les enlèvements, sur les séquestrations, sur les disparitions et sur les véritables connections du terrorisme avec le grand banditisme, ils ont mis à profit la décennie de terreur qu’ils avaient fait s’abattre sur le pays, grâce à leurs islamistes armés et aux islamistes djihadistes qui ne savaient pas qu’ils étaient les instruments aveugles des généraux, pour ériger des fortunes colossales.

Pourtant un faisceau de lourdes présomptions pesait sur eux, notamment d’innombrables témoignages de victimes et même d’officiers de l’Armée. Riches à milliards, usant sans compter de la manne du pays pour corrompre des hommes politiques et des médias occidentaux, contrôlant totalement l’Armée, les services de sécurité, les partis, les syndicats et les médias nationaux, ils avaient toujours réussi à empêcher que la lumière soit faite sur leurs criminelles entreprises, pourtant connues sous leur véritable jour par toute la population algérienne. Les médias, malheureusement, ont joué dans cette tragédie un rôle honteux et ont contribué, non seulement à taire la vérité, mais à permettre aux criminels janvieristes de commettre leurs crimes à huis clos.

Au cours des derniers mois, rendus fous par la proximité des flots d’argent frais issu des augmentations des hydrocarbures, les principaux généraux et leurs clientèles respectives se mirent en guerre les uns contre les autres. Le rapport des forces se déséquilibra et le noyau dur des généraux janvieristes se fissura. Le clan présidentiel qui avait réussi à rallier autour de lui une partie des décideurs et des relais, fit craindre au dernier carré des janvieristes d’être éclipsé de la scène et surtout de la décision politique, donc éloigné de la rente financière.

Ce carré d’irréductibles, composé essentiellement des chefs du DRS, encore très puissant, allié à des hommes politiques et d’affaires américains, liés à la Maison Blanche, ayant la haute main sur des services de sécurité, sur la haute administration, sur une partie de l’Armée et surtout sur les groupes terroristes, entreprit d’envoyer des avertissements codés au clan présidentiel, par la voie des attentats, notamment celui de Batna qui était censé viser le Président Bouteflika lui même. Ce clan mafieux, qui ne recule devant aucune extrémité qui a réussi, non seulement à infiltrer et à prendre le contrôle des groupes islamistes armés, a réalisé l’exploit de berner Al Qaida, puisque celle-ci est convaincue que le GSPC lui a fait allégeance, ignorant qu’elle venait de se faire infiltrer par les émirs du DRS.

La lutte des clans, avec l’émergence de celui du Président Bouteflika qui s’avéra plus coriace que prévu, et qui rogna dangereusement, au goût des décideurs, sur les lignes rouges qui lui avaient été fixées, la perte d’influence sur des pans très importants du microcosme, comme l’UGTA et une partie de la presse, par exemple, fit craindre aux principaux animateurs du clan DRS d’être éclipsés du premier cercle du pouvoir. Ce fut alors que les chefs du clan DRS et d’autres milieux de l’Armée décidèrent de réactiver la menace terroriste par des actions de haute portée psychologique.

Parmi elles des attentats contre des cibles occidentales emblématiques, pour créer un climat de psychose et de lourde menace. Des attentats contre L’ONU et la Tour Eiffel semblaient les plus spectaculaires, et furent annonvés via leur relais de l’AQMI, pour donner de l’Algérie l’image d’un pays très menaçant pour l’occident, sur le point de basculer dans l’irakisation. Un tel attentat serait donc à même d »imposer le DRS comme l’ultime recours contre ces périls mortels. Dans un pays qui est aux portes de l’Europe.

Mais échaudé par les révélations sur son implication dans les attentats de 1995 dans le métro parisien, le DRS a décidé d’une action qui soit spectaculaire mais sans risque d’être éventée. Il n’avait plus les moyens médiatiques des années 90 et ne pouvait pas se risquer à une enquête impartiale qui aurait pu le démasquer. Il a donc décidé de faire donner, par ses islamistes de service, un grand coup à l’occident, sans sortir de l’Algérie. Quoi de plus idéal et de plus opportun qu’un attentat, kamikaze en plus, contre le siège de l’ONU.. mais à Alger. Dans son fief. Là où il a un total contrôle sur les enquêtes. Il y a fort à parier que les enquêteurs ont été désignés avant même l’attentat.

Cela avait donc le double avantage du grand impact médiatique et psychologique sans le risque d’être découvert, puisque l’enquête serait menée par le propre commanditaire de l’attentat. Comme d’habitude depuis seize ans. Le DRS était à mille lieux de penser qu’une enquête internationale pourrait être diligentée par le secrétaire général de l’ONU lui même.

Cette décision du Secrétaire de l’ONU, qui semble avoir été suggérée en douce par le président Bouteflika, sera un coup fatal pour les chefs du DRS, si elle est menée à bien. Dans l’esprit des Algériens, il n’y a aucun doute que le DRS et ses associés sont derrière ces attentats. Si cela est confirmé par l’ONU, plus rien ne pourra empêcher toute la vérité d’éclater, car cela ne manquerait pas d’entraîner une réaction en chaîne. Le DRS et les généraux janvieristes le savent. La menace d’une enquête internationale va certainement resserrer leurs rangs.

Le DRS va s’opposer à cette décision et tenter de tout faire pour la faire échouer. Il va activer tous ses relais médiatiques et partisans, ses militants des droits de l’homme, ses représentants des victimes du terrorisme et autres agents, pour crier à l’ingérence étrangère et à l’atteinte à notre souveraineté nationale. Mais quelle que soit l’issue et les conclusions de cette enquête internationale, un grand pas pour la justice et le droit vient d’être franchi. Les ogres qui ont déchiqueté la nation savent maintenant qu’ils ne seront plus à l’abri de la justice des hommes. Que cette enquête sera suivie de bien d’autres, et que leurs crimes odieux seront connus du monde entier. Les nervis qui leur servent d’aboyeurs ne leur seront d’aucun secours.

Djamaledine Benchenouf
15 janvier 2008

Tahia Bladi

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