Annulation du colloque sur l’impunité en Algérie

La réponse (que nous reproduisons in extenso ci-dessous) que vient de nous faire parvenir le Chef du Cabinet du Maire de Paris, M. Loïc Rousseau, soulève bien des interrogations sur la façon dont le problème algérien est perçu. En ce qui concerne l’article L 52-1 du code électoral (qui interdit aux collectivités, depuis le 1er septembre, d’organiser des opérations de promotion de leur politique ou de leurs actions), en l’occurrence vis-à-vis de la communauté kabyle de Paris, cet argument est à notre avis tout à fait fallacieux, voire dangereux. Ainsi, si l’on comprend bien, les violations des droits de l’Homme de l’Algérie ne concernent que les Kabyles (et encore de Paris !).

Donc exit les Kabyles non-parisiens, les Algériens non-kabyles de Paris, les Algériens de façon générale et tout citoyen français (ou autre) attaché aux droits de l’Homme et soucieux de comprendre la situation algérienne. Une manière très peu républicaine de voir les choses !

Si l’on en croit M. Rousseau, la population parisienne ne serait pas composée de citoyens mais de communautés (berbère entre autres) que la République ne reconnaît pas dans son principe. Ceci est maintes fois martelé par les médias, intellectuels et politiques français quand il s’agit du risque de dérive communautariste que M. Rousseau semble au contraire promouvoir.

M. Rousseau avance, en l’espèce, un argument indigne pour justifier une honteuse annulation d’un colloque qui, n’en déplaise à tous les communautaristes, concerne non seulement tous les Algériens mais tout être humain sensible au drame vécu par la population algérienne qui se voit (sous peine de poursuites !) sommée de se taire sur son passé le plus récent.

Appelons un chat, un chat : l’annulation de ce colloque est tout simplement un signe patent d’allégeance de la Mairie de Paris qui se fait en France le relais des oukases du pouvoir algérien. Un bien mauvais coup asséné aux idéaux démocratiques et républicains.

Anouar Koutchoukali

La Haye, le 15 octobre 2007

La réponse de M. Loïc Rousseau (Paris, le 11 octobre 2007) :

La mise en cause de la Ville de Paris suite à l’annulation du colloque sur le thème « la consécration de l’impunité comme mode de gouvernance et son incidence sur la problématique des droits humains : le cas de l’Algérie » qui devait se tenir à l’Hôtel de Ville de Paris le 26 septembre nécessite plusieurs précisions.

La décision de ne pas mettre à disposition des organisateurs de ce colloque un salon de l’Hôtel de Ville n’a en aucun cas été prise sous la pression de qui que ce soit. Ce choix a été fait en respect de l’article L 52-1 du code électoral qui interdit aux collectivités, depuis le 1er septembre, d’organiser des opérations de promotion de leur politique ou de leurs actions.

Considérant que la communication autour de ce colloque aurait pu être assimilée à une opération de promotion de la politique Ville à l’attention de la communauté Kabyle parisienne, les services de la mairie de Paris on fait le choix de la prudence et ont préféré qu’elle ne se tienne pas à l’Hôtel de Ville.

Par ailleurs les salons de l’Hôtel de Ville accueillent depuis deux ans les berbères de Paris pour célébrer Yennayer, le nouvel an berbère, et un colloque s’y est tenu en avril dernier, à l’occasion des 20 ans de l’assassinat de Ali Mecili. Les services de la mairie de Paris sont d’ailleurs disposés à étudier avec les associations concernées la tenue d’une manifestation à l’occasion des 10 ans de l’assassinat de Lounès Matoub.

Enfin la décision de la mairie n’est intervenue que peu de temps avant le 26 septembre car si la demande de réservation d’un salon a bien été effectuée en août, les informations quant au contenu et aux participants de ce colloque n’ont été fournies aux services compétents qu’une semaine avant le début de cette manifestation.

Le Chef du Cabinet du Maire de Paris
Loïc Rousseau

Comments are closed.

Exit mobile version