L’individu qui portait la bombe dans un sac en plastique a été repéré par la foule. Il a tenté de prendre la fuite et a été poursuivi par un policier. C’est à ce moment qu’il a actionné la bombe. On ne sait pas encore s’il fait partie des victimes. Selon les communiqués officiels, cet attentat aurait fait 19 morts et 74 blessés dont plusieurs se trouvaient, dans la soirée d’hier, dans un état jugé critique. L’attentat a eu lieu aux abords de la mosquée El Atik, dans le vieux quartier du "Camp", en plein centre ville. Des centaines de gens y étaient massés et attendaient le passage du président de la république qui devait y arriver précisément 45 minutes après l’explosion. C’était lui qui était visé. Essayons d’examiner les faits qui ont été rendus publics.

Zerhouni s’est précipité, comme à son habitude, pour déclarer que rien ne permettait de penser qu’il s’agit d’un kamikaze. Or, il est clair que la mise à feu de la bombe n’était pas à retardement puisqu’elle a explosé au moment où l’individu allait être appréhendé par le policier et la foule. Le système de mise à feu ne se trouvait donc pas à l’intérieur du sac qui contenait la bombe et se trouvait forcément dans la main du terroriste ou du moins sur lui, à portée de main. La fable de mise à feu à distance par un autre acolyte, qui va sûrement être avancée par Zerhouni, comme d’habitude, ne tient pas la route, puisque les évènements se sont précipités et que les choses ne se sont pas produites comme prévu. C’est à dire à l’arrivée du président.

Tout indique, en effet, que c’était le président Bouteflika qui était visé. On imagine mal que le Kamikaze ait seulement voulu se faire sauter au milieu de la foule. Il n’aurait pas attendu, dans ce cas, d’être découvert et n’aurait pas tenté de prendre la fuite. S’il a pris la fuite, c’est parce qu’il a estimé que sa mission ne pouvait pas être menée à son terme, puisque le président n’était pas là, et qu’il a estimé de ne pas se faire sauter inutilement. C’est lorsqu’il a compris qu’il ne pouvait plus échapper à ses poursuivants qu’il a actionné le dispositif.

La bombe était donc destinée à tuer le président Bouteflika. Mais comment se fait-il que cet individu, qui portait un sac, ait pu se mêler à la foule qui attendait la délégation présidentielle sans être repéré? Nous savons pourtant que les déplacements du président Bouteflika sont censés être entourés d’un dispositif sécuritaire particulièrement vigilant. En plus des centaines d’agents de police et de gendarmerie, déployés tout le long du parcours officiel, il y a des centaines d’autres, en civil, appartenant à tous les corps sécuritaires, qui sont postés dans des sites en hauteur, jusque dans les logements des immeubles qui longent le parcours officiel. Ils sont munis de jumelles et de caméras. D’autres, en grand nombre, se mêlent à la foule, observent la physionomie des gens et vont même jusqu’à interpeller et fouiller au corps ceux qui semblent porter un objet dans leurs poches ou sous leurs effets. La veille et tout le temps qui précède l’arrivée du cortège présidentiel, le parcours est littéralement soumis à une sorte de ratissage anti-mines. Même les regards et les avaloirs d’eaux de pluie sont inspectés. De plus, aucun véhicule n’est autorisé à stationner dans les environs immédiats. Sans compter tous les autres protocoles de prévention qui sont mis en oeuvre. Comment, dans cette situation, un homme qui porte ostensiblement un sac relativement volumineux, puisqu’il a fait autant de dégâts, a-t-il pu se mêler à la foule, dans un endroit précis de passage du président? Nous ne le savons pas encore, mais il est fort probable que le président devait marquer une halte à cet endroit précis.

Ces indices troublants, ajoutés à ce que nous savons du DRS et des rumeurs persistantes qui circulaient sur l’imminence, certains disaient la nécessité, de "changer le pouvoir", laissent penser que cet attentat, comme les autres de ces derniers mois, ne sont pas l’oeuvre d’un quelconque GSPC. D’autant que ce dernier ne l’a pas encore revendiqué. Ce qui ne changerait rien de toutes façons, à ce faisceau de présomptions.

Il ne faudra pas attendre de l’enquête qui a été déclenchée qu’elle apporte des réponses à ces questions. Hormis quelques responsables sécuritaires et administratifs, qui vont faire office de fusibles, les vrais commanditaires ne seront pas désignés. Pire encore, les pistes qui pourraient mener à eux vont être brouillés et les intermédiaires liquidés. Ceux qui vont chapeauter l’enquête pourraient être ceux là même qui l’ont commanditée.

Pourtant, même à supposer que cet attentat ait été l’oeuvre de groupes terroristes, une gestion saine des hautes affaires du pays exigerait que les plus hauts responsables sécuritaires et particulièrement ceux du DRS, soient limogés. Même à supposer que ces derniers ne sont pas les cerveaux de cet attentat, ils auront fait la preuve qu’ils sont particulièrement incompétents et que leur présence dans ces structures n’est plus souhaitable.

Malheureusement, ca ne se passe pas comme ça dans notre pays. L’assassinat du président Boudiaf et l’impasse où a échoué la prétendue enquête est encore là pour nous le rappeler. Ceux qui sont derrière cet attentat ont voulu reéditer l’assassinat de Boudiaf en montrant celui de Bouteflika en temps réel, un direct à la télévision. C’est presque une signature.

Si le président Bouteflika avait été tué, une machine inexorable se serait tout aussitôt mise en marche. Le scénario est déjà écrit. Les "décideurs" auraient imposé au peuple algérien un pantin qui est déjà désigné et dont le nom circule depuis quelque temps. Ils auraient, bien évidement, entouré cette désignation d’une parodie d’élections "libres et démocratiques". Les hommes de l’ombre qui sont derrière cet odieux attentat et qui viennent, encore une fois d’endeuiller des familles innocentes, savent ce qu’ils veulent et où ils vont. La formidable masse d’argent accumulée à la faveur de l’augmentation des prix des hydrocarbures a réveillé leur voracité. La "grande bourgeoisie", quel grand mot, qu’ils ont créée de toutes pièces, et qui veut faire main basse sur toutes les sources de richesse du pays, les pousse à "changer de pouvoir", parce que cette association de malfaiteurs veut que l’homme qui se trouve à la tête du pays soit à leur totale dévotion. Jusque là, ils croyaient que la maladie du président allait faire le boulot et qu’il suffisait de patienter. Ils ont décidé de passer à l’acte depuis qu’il s’est confirmé qu’il n’était pas à l’article de la mort et que c’était son clan qui distillait les rumeurs de son agonie et même de son décès.

Bouteflika sait très bien à quoi s’en tenir et qui est derroère tous les complots. La sollicitude qu’il témoigne ouvertement à ces clans, alors qu’il tente de contrer leurs entreprises par des manipulations politiciennes, est énigmatique à plus d’un titre. Croit-il pouvoir les neutraliser par de telles manoeuvres? Son discernement est-il brouillé par son propre parcours politique? Celui d’un apparatchik qui ne voit la réalité des choses que par le prisme déformant de la nomenklatura, et qui considère que le peuple est une chose vague qui ne compte pas en haute politique. Ce n’est pas un secret, en effet, que Bouteflika pense que les Algériens sont un peuple versatile et velléitaire, qui fustige aujourd’hui ce qu’il adorait hier. Un peuple spectateur qu’on mène par le bout du nez. C’est d’ailleurs l’état d’esprit de tous nos gouvernants. Zerhouni, qui est, d’une certaine manière, le plus transparent d’entre eux, nous le démontre tous les jours. Par son mépris affiché de la populace.

Mais Bouteflika a tort de persister dans cette démarche. Car il en sera le premier perdant. Il sait maintenant qu’ils ne reculeront devant rien pour l’éliminer. La prochaine sera peut être la bonne. D’autant que leurs amis américains seraient enchantés de voir l’Algérie entre leurs mains. Il ne serait pas osé de penser qu’ils ont donné leur aval à cette tentative. C’est dans leur mode de fonctionnement. D’autant plus que l’Algérie représente pour eux, depuis quelque temps, un atout stratégique dans leur politique mondiale d’expansion. C’est très probablement les Américains qu’il désignait, lorsque Bouteflika a affirmé, dans son allocution d’hier, que des mains étrangères étaient derrière cet attentat. Voici un extrait de sa déclaration: "les auteurs de l’attentat "oeuvrent pour le compte de capitales étrangères et de dirigeants étrangers".

Le président Bouteflika n’a plus le choix. Il doit prendre le taureau par les cornes. Il a tous les moyens entre les mains et le peuple est encore à ses côtés. Mais plus pour longtemps. Car contrairement à tout ce que pensent tous ces parvenus et ces arrivistes qui tuent l’avenir de nos enfants, le peuple algérien, comme tous les peuples du monde, se rangera tout entier aux côtés de celui qui entreprendra de le débarrasser de ses oppresseurs. Contrairement à ce que pense Bouteflika, qui ne prend pas en compte l’engagement du peuple à ses côtés, et qui ne croit que dans les rapports de force politiciens, le peuple algérien ne sera pas éternellement la proie de ces ogres. Des ogres qu’il exècre. Qui ne sera pas avec lui sera contre lui.

Djamaledine Benchenouf
7 septembre 2007
http://esperal2003.blogspot.com/2007/09/attentat-de-batna.html

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