Aussaresse… Çà sonne curieusement comme OAS… Une sorte de mauvaise augure annonçant déjà en 1957, ce qui allait être l'organisation de l'armée secrète, cette phalange criminelle de colonialistes extrémistes, partisans de ce qu'ils appelaient "l'Algérie française". Une organisation terroriste, spécialisée aussi bien dans l'assassinat de leaders politiques que dans le plastiquage d'habitations civiles; maniant aussi bien les voitures piégées explosant parmi les foules musulmanes dans les marchés publics que les incendies criminels des écoles et des universités…

Aussaresse… Un tortionnaire qui, – dans l'interview donnée au journal "Le Monde" le 5 mars 2007, à l'occasion du 50ème anniversaire de la mort en martyr, du chef du FLN, Larbi Ben Mehidi – a confirmé pour la seconde fois, la thèse de l'exécution par pendaison et sans jugement, du héros de la Guerre de Libération. Parlant des circonstances immorales et sordides qui ont accompagné l'accomplissement de ce forfait, Aussaresse a ajouté sans le moindre sens de la pudeur et encore moins celui de l'honneur militaire: "Ce n'est pas bien ce que je vais vous dire, mais çà a provoqué un fou rire général".

Tout Aussaresse est là… Un nom hideux et lourd à porter désormais. Un nom aussi hideux que la prothèse en cuir qui cache l'œil borgne de ce tortionnaire. Un cuir dont on peut être presque sûr qu'il doit être plus sensible à l'émotion que la peau de vache de cet animal d'assassin qui s'enorgueillit en toute quiétude d'un véritable crime de guerre caractérisé. Encore que le plus révoltant dans cette affaire, réside moins dans l'attitude quasi complaisante du Gouvernement français, que dans le silence misérable d'un pouvoir politique algérien totalement discrédité, à l'intérieur comme à l'extérieur et qui donne la terrible impression que la seule conscience qui lui reste encore aujourd'hui, c'est celle de sa propre impuissance.

Quant à ce pauvre quotidien "Le Monde", on ne peut pas décemment lui reprocher de courir après les thèmes du sensationnel. Il faut bien vivre… Même si les regrettés Hubert Beuve-Méry ou Jacques Fauvet doivent se retourner dans leur tombe, à l'idée que leur créature éditoriale qui, durant près d'un demi siècle, s'enorgueillissait de ses références à l'humanisme et à la morale, en est réduite aujourd'hui, comme un vulgaire "Charlie Hebdo", à aller fouiller dans les poubelles du colonialisme pour y trouver sa subsistance. Quelle triste faim ! Pardon, je vous dire quelle triste fin !

Abdelkader Dehbi
7 mars 2007

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