D'une année sur l'autre, les discours de M. Bush sur "l'état de l'Union" – délivrés en Janvier selon la tradition – apparaissent au grand jour, dans leur criante insincérité, au plan moral et dans leur misérable inconsistance, au plan intellectuel. Et dire que ce sont des escouades d'experts et autres "stratèges" qui sont commis à la rédaction de telles platitudes.

 

Epuisée et épuisante. Ces deux épithètes suffiraient à elles seules, pour résumer la dramatique indigence qui caractérise depuis plus de six ans, la rhétorique guerrière d'un M. Bush censé être le leader de la première puissance mondiale. Nous sommes bien loin aujourd'hui, de l'arrogante assurance du grand chevalier de la démocratie des premières années de son mandat, partant en guerre contre le "terrorisme international", contre l'Afghanistan des Talibans, contre l'Irak des armes de destruction massive, et que sais-je encore.

Aujourd'hui, en ce mardi 23 janvier 2007, c'est l'image du piètre avocat d'une politique catastrophique que M. Bush vient de délivrer de lui-même, au Peuple des Etats-Unis. Un Peuple des Etats-Unis fatigué, révulsé et indigné par six années de mensonges, de corruption et d'incompétence de la part du clan politico mafieux, en charge de l'Exécutif des Etats-Unis et qui vient de le faire savoir coup sur coup, d'une part en envoyant récemment une majorité démocrate dans les deux Assemblées Législatives et d'autre part, en désapprouvant massivement sa politique belliciste, ainsi qu'en témoignent les tout derniers sondages, donnant seulement 26% d'opinions favorables à Bush, contre 74% des opinions du Peuple américain hostiles à la guerre en Irak ou ailleurs. On n'avait pas vu un tel désaveu populaire depuis Nixon, avec le scandale du Watergate en 1973. Ecoutons plutôt le navrant plaidoyer d'un Bush pitoyable.

"Notre pays déploie une nouvelle stratégie en Irak. Et je vous demande de lui donner une chance. (…) A ce jour, à cette heure, il est encore possible de peser sur l'issue de la bataille. En nous efforçant de retrouver toute notre détermination, nous pouvons encore modifier le cours des choses en notre faveur".

N'est-ce pas là déjà le langage d'un Président défait et d'un homme déconfit que même certains de ses plus proches partisans commencent à abandonner, devant tant d'obstination de celui qui n'est plus à leurs yeux et aux yeux de l'opinion internationale, qu'un petit chef de clan buté, dont les insuffisances intellectuelles et morales, constituent une menace réelle pour la paix du monde, en tant que M. Bush est encore en charge hélas, de la plus grande puissance de la planète ?

Au demeurant, et, à moins d'une grossière manœuvre guerrière, destinée à tromper la vigilance de l'Iran, l'envoi d'une vingtaine de milliers de soldats supplémentaires, – composée en majorité de mercenaires en attente de naturalisation –, pourra-t-il vraiment résoudre l'enlisement de près de deux cents milles hommes de troupe américains et de plus du double, de leurs supplétifs irakiens qui n'arrivent même pas à contrôler la sécurité dans la seule ville de Baghdad ?

Devant ce qui ressemble de plus en plus à une fuite en avant d'un Président américain discrédité, le monde serait-il à la veille d'assister à l'engagement contre M. Bush, – à l'initiative du Pouvoir Législatif américain -, d'une procédure de destitution, pour l'empêcher d'entraîner les Etats-Unis dans une nouvelle guerre, cette fois-ci contre l'Iran et qui sonnera probablement le début d'un troisième conflit mondial ? Les prochains jours le diront.

Abdelkader Dehbi
24 janvier 2006

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