Les bébés parlent au bout d’une année. Il en a fallu neuf pour que Chadli parle. Chacun son rythme. Pour dire quoi en fait ? Qu’il n’a jamais volé, qu’il est abrité par sa belle famille, qu’il se fait rembourser par la sécurité sociale…bref, la misère quoi.

Passons.

De son vivant politique, Chadli n’avait daigné faire qu’une seule conférence de presse en treize années de règne. Chacun son rythme. Aujourd’hui, il revient d’outre-tombe et donne trois interviews en une seule journée. Pourquoi ce forcing ?

Certainement pas à cause d’une bouffée d’orgueil, car si Bouteflika l’a bien insulté en le qualifiant d’ignare sur un média étranger, cela fait déjà plus d’une année et demi.
A bien regarder, on est conduit à penser que Chadli est en fait outré par le plagiat aggravé qui est en train de prendre forme, puisque Bouteflika reconstruit peu à peu le diagramme politique des années 80 en invitant le général Belkheir à venir s’occuper de son cabinet et en mettant sur orbite Messaadia pour la présidence du Sénat.

Le secret de l’irruption Chadlienne viendrait de là : non ! il n’accepte pas que l’on fasse du Chadlisme sans Chadli, jamais ! O Bouteflika, elle n’était pas si noire, ma décennie, semble-t-il s’écrier. Si la situation se dégradait un peu plus, il est prêt, avoue-t-il.

Et on peut faire dégrader la situation à volonté… En fin de compte, Chadli a des atouts indéniables : il est vieux, il est malade, il est taciturne, il n’aime pas etre dérangé quand il est à la pêche en été ou dans une station thermale en hiver, et il n’invitera jamais l’ONG en Algérie, car ca coûte cher de faire venir des équipes des foot pour des matchs amicaux….

La sortie de Chadli est un ultime avertissement des décideurs à Bouteflika : Après toi, le trop plein. Dix présidents en dix ans s’il le faut. Chacun son rythme.

25 janvier 2001

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