Livre Blanc sur la Répression en Algérie (Tome II)

“J’ai u le cheikh Cherrati réguler dans la cour le flux des détenus. Il portait le Coran dans la main droite, bras levé vers le ciel. Il appelait ses frères “à ne pas répondre aux provocations”. “C’est un complot pour nous décimer, rejoignez vos cellules, que Dieu vous protège !” a-t-il lancé avant de reprendre la récitation de versets du Coran. On était en fin d’après-midi, entre 17 et 18 heures. Soudain, un coup de feu a ralenti. Nous avons vu Cherrati vaciller et lâcher le Livre. Du sang giclait de sa tête. Il a continué à réciter le Coran de manière saccadée, en s’effondrant…” (témoignage d’un rescapé du carnage de Serkadji). Serkadji, l’ancienne Barberousse de la nuit coloniale, a été transformée en un véritable bagne régi par les seules lois de la terreur et l’arbitraire. Cette prison s’illustrera par une tragédie et un carnage qui resteront à jamais gravés dans les mémoires de tous les Algériens. En effet, une machination des “services” s’est terminée les 21 et 22 février 19952 par l’assassinat de 105 détenus et de quatre gardiens dans des conditions horribles. Ce second tome du Livre blanc illustre le bilan dramatique de la guerre qui sévit en Algérie. La première partie dévoile les diverses facettes de la terreur et de la répression à l’aide de témoignage et de listes, nécessairement non exhaustives, de victimes. La seconde est consacrée exclusivement au carnage de la prison de Serkadji. Des preuves irréfutables de crimes contre l’humanité sont livrées pour l’histoire. Et seule, demain, l’histoire jugera.