Par Mohamad Mustapha HABES : Genève / Suisse 

Les causes possibles d’un déclin d’une civilisation comprennent les catastrophes naturelles, la guerre, les épidémies (peste,covid, ..), la famine et la dépopulation. Une société effondrée peut revenir à un état plus primitif, être absorbée dans une société plus forte ou disparaître complètement. Pratiquement toutes les civilisations passées ont subi ce sort, quelle que soit leur taille, leur puissance ou leur complexité. 

Aujourd’hui, la pandémie de coronavirus frappe presque tous les pays du monde sans faire de distinction ni de différence entre les pauvres et les riches, quel que soit le degré de leur développement scientifique ou économique ! Elle est devenue une bête affamée et vicieuse qui mange le corps des humains et les envoie en masse  à la mort. Ce phénomène n’est pas nouveau, il frappe la race humaine à un moment indéterminé sans avertissement préalable. Aujourd’hui, même les plus grandes nations avec d’énormes équipements n’ont pas échappé à ces malheurs, la grande Chine étant à la tête de ses premières victimes, où l’infection s’est propagée depuis son commencement, laissant des milliers de morts, et en quelques semaines le virus a fait des ravages sur la population de la grande Amérique la hissant au sommet de la pyramide des pays les plus touchés. 

 Signes de dislocation  et de mort dans les corps des groupements, des associations, des institutions et des sociétés 

A propos de ces terribles chiffres accélérés en Amérique et ailleurs, certains spécialistes en épidémiologie, sociologie et en statistiques se sont enquis de la crise économique et de la mort de différents secteurs de la société. En oubliant que la mort des pandémies est passagère, par contre la mort des institutions qui ronge nos sociétés est le fruit de moult facteurs, surtout dans nos pays du tiers monde.  

Les anthropologues, les historiens et les sociologues ont proposé une variété d’explications pour l’effondrement des civilisations impliquant des facteurs de causalité tels que le changement environnemental, l’épuisement des ressources, la complexité non durable, le déclin de la cohésion sociale, les inégalités croissantes, le déclin séculaire des capacités cognitives, la perte de créativité et la malchance. Comme le montre si bien cette analyse du Dr Osama Al-Ashqar, spécialiste en sociologie, qui dans son étude intitulée  »Signes de mort dans les corps des groupements, des associations, des institutions et des sociétés », montre clairement que les partis, les groupements, les organismes et sociétés meurent dans les quinze cas suivants :   

1. Si les compétents dotés de hautes qualités, ainsi que les cadres du premier et du deuxième rang se retiraient et se désespéraient de les réformer.  

2. Si elles ne sont pas en mesure de créer des cadres d’une stature nouvelle, qui suffisent à compenser son vide.  

3. Si les proches fidèles qui lui viennent au secours en cas de disgrâce se sont mis à l’écart.  

 4. S’il n’y a pas de nouvelles réalisations et d’œuvres distinguées.  

 5. S’ils vivent dans l’ombre des anciennes réalisations, ils les perdent lentement une à une.  

 6. Si l’hypocrisie, la flatterie mensongère gagnent du terrain, et les filous grimpent et occupent des positions sans mérite aucun.  

7. Si les honnêtes gens, qui donnent des conseils en pratiquant une critique positive, ont été écartés.  

8. S’il y a brouillement des cartes, une distanciation avec toute idée objective, toute velléité de précision, pour laisser place à des analyses erronées et des soupçons maladifs au détriment des informations et des données justes.   

9. Si les nouvelles idées ont peur de se montrer.   

10. Si les gens de Consultation (Choura), se sont enfermés sous le joug de temps révolus, des sphères atrophiées difficiles à remédier ou réviser.  

11. Si les investissements reculent, les endettements augmentent, en plus d’un appauvrissement en matières premières, et qu’il ne reste plus qu’une seule ressource dans laquelle ils puisent pour le reste de leur vie.  

12. Si les appels au sectarisme et les conflits abondent au niveau des élites, la masse qui suit se heurte à des ragots, des rumeurs et des médisances.   

13. Si la jeune génération ne trouve nullement une grande opportunité pour elle, parmi les ”grands” dans la position de responsabilité et de consultation.  

14. Si les dirigeants prennent des décisions et analysent la situation loin des réalités scientifiques concrètes. 

15. Si l’appât des intérêts personnels bas devient une fin en soi et l’emporte sur l’équilibre de l’esprit en isolant les critères objectifs, qu’adviendra-t-il de  »celui à qui le diable a embelli les mauvaises œuvres au point qu’il les voit belles » (Sourate Le Créateur, Fâtir, verset 8). 

Vie et mort d’une civilisation : 

 De son côté, l’écrivain valaisan Pierre-André MILHIT, écrit dans le nouvelliste sous le titre « Vie et mort d’une civilisation », en date du 13.01.2021 : « Enfant, il m’était difficile de comprendre comment une civilisation pouvait s’éteindre. Les Perses, les Grecs, les Romains ont perdu de leur hégémonie alors que tout leur était permis et promis. Aujourd’hui, je peux vivre en direct la fin de la civilisation occidentale industrielle. Malgré tous les progrès scientifiques, sanitaires, économiques, un tout petit grain de sable vient mettre à mal une civilisation florissante, inventive et la plus sécuritaire. A force de tout vouloir aseptiser, maîtriser, elle s’enraye elle-même de sa propre force centripète ».. « Toutes les autorités compétentes s’agitent, prennent des mesures. Rien n’y fait, et rien n’y fera. L’humain en est réduit à travailler et se nourrir. Le reste du temps il est enfermé dans son logement. Le seul divertissement autorisé est la pratique religieuse, mais contrôlée et réglementée. Les musées fermés, ce sont nos racines que l’on coupe. Les bibliothèques fermées, c’est notre mémoire que l’on renie. Les théâtres et les cinémas fermés, c’est notre capacité à nous émouvoir et à réfléchir que l’on bannit. Les cafés et les restaurants fermés, c’est le vivre ensemble que l’on étrangle. On interdit le voyage, l’aventure, l’effusion, le sentiment, la rencontre, la solidarité, tout ce qui façonne notre âme humaine. Nous sommes ces troupeaux de lemmings affolés, guidés vers la noyade par nos petits écrans. La civilisation qui nous succédera s’inspirera de la fourmilière : un cerveau collectif piloté et programmé par les algorithmes de l’intelligence artificielle. Plus tard, les archéologues qui tenteront de comprendre notre histoire seront sidérés et curieux de constater que les dernières activités humaines de notre civilisation se concentraient autour des remonte-pentes. Enigmatique cérémonial sacrificiel ». 

 La perte des savants engendre la mort des institutions et des sociétés !  

A la lumière de cette analyse du sociologue Osama Al-ASHQAR et de l’écrivain Suisse Pierre-André MILHIT, nous nous souvenons de la parole du messager d’Allah صلى الله عليه وسلم dans le hadith dont l’authenticité est unanime, rapporté par ‘Abdullah ibn’ Amr ibn al-As, qu’Allah soit satisfait des deux, que le Messager صلى الله عليه وسلم a dit :  « En vérité, Allah n’enlève pas la science en l’arrachant du cœur des hommes, mais il enlève la science par la mort des savants. »   

Ce noble hadith montre l’importance de la science et de la grandeur du rang des savants, et que leur perte et leur éloignement (par la mort) n’est rien d’autre qu’un enlèvement de la science, et qu’Allah, le Puissant et le Majestueux, ne l’enlève pas du cœur des hommes, par laquelle une personne l’a posséderait et puis alors deviendrai une personne qui ne la possède plus, mais il l’enlève par la mort des savants, et il a dit صلى الله عليه وسلم : « Et en effet, les savants sont les héritiers des prophètes. Et en vérité, les prophètes ne laissent pas un dinar ou un dirham en héritage, mais ils laissent derrière eux la science. Donc, quiconque s’en empare, a acquis une part énorme. »  

C’est le rang des savants, et c’est l’état des savants que le Messager choisi a décrits comme étant les héritiers des prophètes.  

Et comment cela est un excellent héritage, la science bénéfique : la science tirée du Livre d’Allah, le Puissant et le Majestueux, de la Sunna de Son Messager et le noble savoir de la sagesse humaine. 

La mort des savants est un vide dans la religion et une perte pour l’humanité  

 Et comme cela est connu et mentionné dans les paroles de certains des gens de science : la mort des savants est un vide dans la religion et une perte pour l’humanité quand ces savants à qui ils se référent, dont ils tirent profit, qui les dirigent et leur donnent de la perspicacité et les éclairent, en effet, c’est une perte énorme pour les gens.  

C’est l’occasion de rappeler que dans les derniers mois est survenue la mort d’un grand nombre de remarquables savants dans le monde arabe, entre autres : Le Cheikh et penseur illustre, à l’œuvre encyclopédique, le Docteur Muhammad Amara, qui nous a quittés, cela fait presque une année, le 28 février 2020 après une brève maladie, nous léguant un trésor intellectuel varié qui enrichit la bibliothèque arabo-islamique.  

Le Docteur Amara s’est doté de provisions intarissables dont il tirera de bonnes récompenses (hasanat) et des bénédictions (barakat) dans l’au-delà.  

Avec le décès de ce grand homme, une étoile parmi d’autres de l’authenticité (al-asala), vient de disparaître non seulement du monde musulman, mais du ciel du monde entier.  

Biographie et trajectoire du penseur encyclopédique, l’homme à l’œuvre la plus féconde, qui a enrichi la bibliothèque arabo-islamique  

Le Docteur Amara est né en 1931 dans une famille modeste de paysans. Il a commencé à mémoriser le Saint Coran à l’école coranique dans son village natal alors qu’il allait à peine sur ses 6 ans.  

Plus tard, il se mit à donner des prêches, à l’occasion de la prière du vendredi à la mosquée de son petit village.  

En 1945, il rejoignit l’Institut Azharite où, après la fin de ses études primaires et secondaires, il fut accepté à l’institut secondaire Al-Ahmadi lié à l’Université d’Al-Azhar, puis à la Faculté Dar Al-Ulum de l’université du Caire où il poursuivit des études de philosophie et de langue arabe.  

Dr Amara est passé par de nombreux stades dans le domaine des idées, et malgré son éducation religieuse et azharite, il embrassait, au début de sa carrière, d’autres idées. Il fut tout à tour, un ardent militant de gauche, un nationaliste arabe, et enfin, un théoricien de la pensée marxiste !  

Au cours des années 1930 du siècle passé, le Cheikh Amara a rejoint le parti de Misr Al Fatat (La Jeune Egypte) et se dévoua à la défense de l’arabisme et à l’anticolonialisme.  

En 1949, il milite au sein du parti socialiste et, après la Révolution du 23 Juillet, qui a renversé la monarchie en Égypte, il a adhéré au mouvement de la gauche où il a milité pendant toute une décennie,  

Ses pensées et ses positions politiques lui ont causé l’exclusion de l’Université pour ensuite culminer à son incarcération en 1959. C’est alors que le Docteur Amara tira profit de son séjour en prison qui a duré six années, pour écrire quatre livres qui ont constitué des prémices pour un changement de pensée tout à fait nouveau. Son parcours intellectuel a eu pour issue son adhésion à la tendance islamique.  

Le grand penseur Amara a refusé d’entrer dans la fonction publique, la considérant comme une sorte d’asservissement malgré qu’il se soit vu octroyer plusieurs postes officiels.  

En effet, il fut membre de l’Académie des Recherches Islamiques de l’Université d’Al-Azhar et rédacteur en chef de sa revue mensuelle.  

Le Dr Amara a publié environ 240 livres entre autres :  

L’Islam et la politique, réfutations des soupçons des laïcs  

L’Islam et l’Avenir  

L’interprétation marxiste de l’Islam.  

Dans ce dernier ouvrage, il a réfuté les écrits de Nasr Abu Zayd. Il a publié aussi des recherches sur des hommes illustres du renouveau islamique comme le Cheikh Muhammad Abdou, Abd al-Rrahman al-Kawakibi, ainsi que le Tunisien Kheireddine Pacha.  

Pr Amara critique même les courants islamiques concentrés sur le domaine politique 

Le Dr Amara a critiqué les courants Islamiques qui se sont concentrés sur le domaine politique tout en négligeant le projet réformiste et la question de la justice sociale. 

Il s’est engagé dans des débats enflammés avec le patriarche Chenouda et l’Eglise copte. Il incita les chrétiens à « s’affranchir de la tutelle de l’Eglise et de s’engager dans le mouvement de la société civile », selon ses propos. 

Muhammad Amara fut un des plus fervents défenseurs de la révolution du 25 janvier 2011 qui a mis fin au règne du président Hosni Mubarak. Cette révolution qu’il a décrite comme une « épopée populaire », et a considéré les événements du 3 juillet 2013 comme une déviation de la gouvernance civile et un coup d’Etat contre les revendications des masses populaires. 

Il avait publié alors un manifeste sollicitant l’armée à regagner les casernes et respecter le processus démocratique. Cette prise de position audacieuse lui a attiré maintes critiques, notamment émanant des sbires médiatiques du régime militaire égyptien. 

Nombreux sont ceux qui considérèrent cette position comme une attitude idéologique qui a révélé ses penchants politiques pour le président élu Mohammad Morsi « que Dieu ait son âme ». 

Le Dr Mohammad Amara, s’est efforcé à léguer aux générations futures un lexique fertile, riche de militantisme, de défis, et de dons. 

  Avec la disparition d’une telle sommité intellectuelle, on ne peut que nous consoler et consoler la Oumma islamique en particulier, ainsi que le monde entier en général, de la perte de ce regretté penseur qui a légué aux générations du mouvement islamique un lexique fécond riche de militantisme, de défis, et de dons énormes, ainsi que de résistance et de sacrifices. C’est ainsi que meurent les grands hommes. Mais non pas leurs œuvres car ces dernières ne s’éteindront jamais. Allah le Tout-Puissant le dit dans Son noble Coran « En vérité, c’est Nous qui ressuscitons les morts, c’est Nous qui faisons enregistrer leurs actes et leurs traces. En fait, tout est recensé par nous dans un livre d’une clarté limpide. » (sourate Yasin, verset 12) 

La disparition du Dr Amara, a privé la bibliothèque islamique d’une colossale partie de ses valeureuses étagères 

Pour ma part, le sort divin ne m’a pas honoré de connaître de près le Docteur Amara, sauf pour quelques jours à la fin des années 1980 au cours du Séminaire annuel sur la pensée islamique et d’un colloque à l’université de Constantine sur le thème: « La méthodologie dans l’Islamisation des connaissances », sous la tutelle de l’éminent Institut international de la Pensée Islamique avec le concours de l’Université de Constantine. J’ai cité ce colloque tout particulièrement, car le grand penseur Mohammad Amara m’avait réservé ainsi qu’à mes jeunes collègues venant d’Alger la part du lion. En effet, il s’est donné à nous corps et âme chaque matin avant l’ouverture des travaux du colloque pour enregistrer avec nous une série de cours et d’interviews d’une grande importance. 

Une remarque doit être citée dans ce contexte : je me suis intéressé non seulement à sa méthode et son style très convaincant, mais surtout à la fluidité et la richesse de ses idées, chose que je n’ai pas trouvée chez la plupart des oulémas de son temps comme le Cheikh Mohammad Al-Ghazali, le penseur soudanais Hassan al-Tourabi, ou bien le Dr Jamal al-Din Atiya et le Dr Mohammad Ameziane du Maroc. 

Il faut dire que nous avions été très satisfaits des enregistrements du Dr Amara. Avant de repartir dans son pays, il a demandé à mon collègue cameraman de lui envoyer une copie de ces enregistrements pour que « d’autres en tirent profit » en Egypte et en  Orient. 

Son parcours missionnaire est demeuré profondément lié à sa foi religieuse et aux préoccupations essentielles de la communauté (Oumma) 

  Et, quelqu’un dira peut-être que le docteur Amara est spécifique et très doué et que chaque homme a sa vocation et chaque âlim (savant) a son art et que chaque époque a ses hommes. 

Et chaque époque a ses œuvres. Une époque ce n’est pas seulement le facteur temps, mais c’est surtout les hommes et la quantité d’œuvres réalisées. L’époque – comme dit un de nos érudits -, est une mastication dans une bouche dont la mâchoire supérieure est constituée d’hommes, et la mâchoire inférieure est composée d’actes ! 

 Amara a consacré ses compétences intellectuelles à construire une prise de conscience de l’universalité, l’humanisme, du message de la grande mission. 

  Ou comme l’a écrit notre Cheikh Tayeb Berghout, à cette occasion, et qui a côtoyé Dr Amara et connu de près : « Malgré le passage du Dr Amara par divers milieux intellectuels, sa trajectoire générale d’homme de mission est demeurée profondément attachée à ses origines religieuses et les questions vitales de la Oumma musulmane. Cela s’est concrétisé clairement au cours des 5 dernières décennies de la vie du Dr Amara en particulier car il s’est rangé d’une manière décisive et profonde au cœur même de l’identité civilisationnelle de la nation musulmane (Oumma). Amara a consacré la plupart de son précieux temps, de son énergie, et de ses compétences intellectuelles à construire une prise de conscience de l’universalité, l’humanisme, et la grandeur du message de la grande mission. 

Pr Amara avait des positions, des attitudes intrépides, connues et appréciées et, avec cette œuvre encyclopédique scellée par l’équilibre, il se distingua de beaucoup de oulémas et penseurs. Ce qui l’a sauvé de « la dualité discordante » au niveau des idées et de l’éthique. 

Dr Amara fut profondément rationaliste, sans pour autant être un séculariste marginal et « calciné » 

Il fut aussi un conservateur et un adepte de l’authenticité mais sans être pointilleux en marge de sa société et de son temps mais vivant au cœur de son époque avec sa spécifiée et son identité. » 

Amara fut un flambeau allumé dans les ténèbres de l’ignorance et de la décadence 

En effet, poursuit Dr Berghout, « Amara fut un flambeau allumé dans les ténèbres de l’ignorance et de la décadence. Nous avions, en Algérie surtout, tiré un grand profit d’une manière directe, par le biais de sa participation infatigable et continuelle aux Séminaires de la pensée islamique qui se tenaient annuellement en Algérie pendant une semaine environ et qui regroupaient d’éminents oulémas et penseurs même non-musulmans des quatre coins du monde. Le docteur Amara était l’un de ses grands « cavaliers » caractérisé par son analyse minutieuse, sa verve, sa ferveur et son verbe propre aux hommes de mission. Nous étions attirés par ses conférences et ses propos. Nous étions tous oreilles attentives pour ses thèses. Nous en tirions grand profit surtout concernant la réfutation des stéréotypes sur l’Islam et la mise en lumière de la force et la grandeur de l’Islam ainsi que la spécificité et l’énergie de la civilisation musulmane.  » 

 Les grands hommes meurent mais seul l’élément terrien de leurs sépultures disparaît. 

  Avec cette perte énorme qu’est le décès du Dr Mohammad Amara rahimahou Allah, notre seule consolation, se trouve dans les paroles du grand savant Algérien  Mohammad Bachir El Ibrahimi – qu’Allah le comble de sa miséricorde – à l’occasion du décès du maître spirituel de la guerre de libération nationale Algérienne, le Cheikh Abdelhamid Ibn Badis, rahimahou Allah. Il a dit: 

  « Les grands hommes meurent mais seul leur élément terrien disparaît et revient à son origine. Mais leurs vertus resteront vivantes à jamais sur terre : un lien qui unit, une lumière qui guide, et une essence qui anime ! » 

(Uyun al-basa’ir, Ed. Dar al-Gharb al-Islami, Beyrouth, page 673). 

Et c’est cela le vrai sens de la grandeur, et c’est ce qui traduit la grandeur sublime en Éternité. 

Tout simplement, car la mort d’hommes illustres de la trempe du Dr Amara est, pour leurs peuples et nations, une vie ! Tout simplement ! Si leur mort survient dans une terre d’exil, alors c’est une vertu qui les honore, si leur mort est la conséquence d’une quelconque injustice, c’est un ornement, s’ils sont morts pour la cause nationale, elle constitue un honneur et un ornement embellissant. Si elle est survenue après une spoliation de gloire, de dignité, et de royauté, elle se couronne d’ornement et de plénitude comme une consolation pour la communauté affligée par ton décès, ainsi qu’un réconfort pour les cœurs de disciples blessés par ton départ à jamais. 

La récompense que tu recevras ici-bas, oh savant du monde arabe et occidental, c’est une belle renommée, et une valeureuse récompense dans l’au-delà ! 

On ne peut que dire à notre cher regretté : « repose en paix, dans la béatitude ! » 

Les vers de l’illustre poète algérien Mohammad Laid Al-Khalifa, quand il a évoqué le Cheikh Ibn Badis le grand Imam à sa mort, te sont aussi destinés : 

« Repose en paix, ton peuple après toi est mûr. Il suivra ta voie dans la lumière de la foi et avancera à pas sûrs. N’aie pas peur ! Car ce que tu as légué ne sera pas perdu ! Les héritiers de ton trésor sont nombreux ! Les héritiers de ton legs sont très nombreux. » 

Salam sur toi parmi les hommes pieux, les martyrs. Ce sont ceux-là la belle compagnie. 

Salam à toi parmi les anciens et les nouveaux bons guides. 

Salam sur toi, parmi ceux des croyants qui mettent en pratique leur foi, et Salam sur toi jusqu’au jour de la Résurrection. 

Nous ne pouvons que te féliciter pour tes nobles œuvres qu’Allah apprécie et nos sincères condoléances pour tes disciples et élèves que tu as guidés et éclairés. Notre rencontre sera -in cha’ Allah- dans le vaste paradis qu’Allah réserve aux pieux et nobles croyants. 

 « Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournerons. » Allah a certes dit : « Ceux dont les anges reprennent l’âme – alors qu’ils sont bons – les anges leur disent: « Paix sur vous! Entrez au paradis, pour ce que vous faisiez » (Al-Nahl, verset 32). 

Avec mes condoléances sincères et mon affection pour ses élèves, sa petite famille, et sa grande famille à travers les quatre coins de la planète. 

(A suivre avec liste des références, In Cha Allah) 

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