Cher professeur
Dans ces heures sombres qui voient le pays de Descartes perdre la raison, j’ai de la peine, une grosse et lourde peine. D’abord pour toi qui en subis de plein fouet les meurtrissures, ensuite pour ce grand peuple de France que la déraison est en train de dépouiller de sa substantielle moelle. Ceux qui  ont considéré que ta place est en prison, qu’ils le veulent ou non, apportent leur pierre dans à la déliquescence qui se fait lorsque la raison s’en va. Rien ne me rend plus triste, rien ne peut atténuer ma peine  que de voir le pays à qui je dois une grande partie de ma culture, de mon esprit et de mon âme, être si démuni face au délabrement moral et intellectuel. Ma tristesse, je ne sais pourquoi, appelle au secours ces vers d’Aragon:

Jours carolingiens Nous sommes des rois lâches
Nos rêves se sont mis au pas mou de nos vaches

A peine savons-nous qu’on meurt au bout des champs
Et ce que l’aube fait l’ignore le couchant.

(Extrait de  «Vingt ans  après»)

Joyau de la poésie française, le chant du Fou d’Elsa est baume et réconfort. Dans la grisaille de ta cellule, ça ne serait pas de trop, mon cher… Je ne l’ose pas encore ce mot que tu devines. C’est que nous nous ne connaissons pas. Et pour parler vrai, avant  que ne viennent te salir ces accusations de viol, tu m’indifférais autant que la danse des fourmis. Tu étais assez souvent sur les plateaux télé, invité par des journalistes que je ne tenais pas dans une grande estime parce qu’à mon sens ils ont troqué leur noble métier contre celui d’agent de communication au service d’une idéologie, celle de leurs milliardaires de patrons. Je me disais, s’ils l’invitent si souvent, c’est qu’ils y trouvent un intérêt pour leur propre cause, je m’éloignais en haussant les épaules. Il y a aussi que les péroraisons sur les religions m’assomment. Je suis tolérant, je respecte et je comprends ceux qui croient en un Dieu unique ou en une divinité composée. Peu m’importe. Je me dis si leur foi leur apporte sérénité et raison de vivre – même si la raison est à la foi ce que le loup est à la brebis –grand bien leur fasse. J’ai en cela l’exemple de mon père, qui fut bon croyant sans qu’il eût besoin d’embêter quiconque. A mon athéisme survenu à l’âge de quatorze ans, il ne répondit que par un soupir de navritude, merci royale «bravitude » ! Je te vois  sourire, rien ne me fait autant plaisir ! Le rire comme l’amour est revanche sur l’ennui, l’injustice de la vie et les malfaçons du monde. Le rire peut être moyen de sublimation et je te sais capable de faire face avec grandeur au mal  qui te frappe.
Oui, je suis athée et fier de l’être. Cependant, je ne rejette pas tout dans les religions. Je me suis forgé une opinion à ce sujet. Peut-être n’est-elle que personnelle. Appelées par des conditions historiques particulières, elles naissent comme une déterminante force morale qui, selon le paradigme de Moïse libérant les Hébreux du joug du Pharaon, se dresse contre une tyrannie au bras puissamment armé. C’est une fois l’oppression terminée que ça ne va plus.  En évoluant, elle se scinde en deux tendances opposées, se fondant pourtant sur le même texte, l’une justifiant les privilèges des nantis, le fameux droit divin et l’autre servant de déresponsabilisant aux plus démunis qui n’ont plus à la bouche que le fameux, je n’y peux rien, c’est la volonté  du Créateur. A sa naissance, la religion quelle qu’elle soit m’émerveille et m’amuse autant qu’un bébé faisant risette. Excuse-moi si ça choque ta croyance.
Mais enfin, je ne t‘écris pas  pour parler religion. Je le fais pour t’assurer de mon soutien et de ma fraternelle solidarité. De tout cœur je suis avec toi. J’aimerais te dire combien ta souffrance est mienne et combien l’iniquité doublée de cruauté dont tu pâtis m’horrifie et me torture. A moins que des preuves concrètes, irréfutables, accablantes viennent corroborer les accusations de viol, ce qui est peu probables, le procureur se serait fait un plaisir  de nous en donner ne serait-ce qu’un avant goût, je te crois victime expiatoire d’une machination politique et idéologique, ourdie par des gens  dont le cœur comme l’esprit sont gangrénés par la haine et la peur. Haine pour ta personne et ce qu’elle véhicule en tant qu’intellectuel de haut niveau et peur de ton talent de débatteur, de ta facilité à argumenter et à convaincre, de ta rigueur comme de ta prestance. Ne pouvant te combattre avec loyauté, argument contre argument, pensée contre pensée, bon sens contre bon sens,  la haine et la peur les poussent à recourir à des armes douteuses, puantes aussi  comme l’ignominie et autres méthodes peu scrupuleuses. Oui, cher professeur, certains de leur coup, les charognards attendent – non ! fêtent déjà ripailles.
L’obstacle religieux n’interdit pas la concordance sur d’autres sujets. Je sais maintenant que beaucoup de choses nous lient. Je ne  le sais que depuis l’apparition de cette affaire de viol qui te vaut déjà plusieurs mois de prison, dans des conditions bien plus sévères que celles réservées à Monsieur Marc Dutroux, pourtant violeur et meurtrier de plusieurs adolescents. Serais-tu un meurtrier sans qu’on le sache ?!!Et même cela ne justifierait pas que tu sois assimilé à un terroriste et différé devant un procureur spécialisé dans ce domaine.
Rien ne m’affecte plus que l’injustice et l’arbitraire, même pas la mort de ma mère ou de mon père. Les deux maux ne m’affectent pas moins lorsqu’ils frappent mes ennemis, car un ennemi se combat à la loyale par la confrontation des idées et accessoirement  par la justice et non par des procédures indignes. Est sans doute inscrit dans mon ADN, la conviction que rien n’est plus préjudiciable, attentatoire à une opinion, à une idée, à une pensée historique que l’appel au mensonge et  à la calomnie.
Cher ami. Je me décide à le dire ce mot, je le prononce avec  émotion et gratitude. Car je te dois des excuses. Je l’avoue, en ce qui te concerne, ma vigilance a été prise en défaut. J’ai pour principe de prendre toujours à contrepied  les médias et soupçonner la vérité que dans le contraire de ce que TV, radios, presse écrite, affirment dans une synchronisation qui sent la campagne idéologique à des kilomètres à la ronde. Tu sais comment le système médiatique  fonctionne, sa méthode repose sur ce que j’appelle « l’effet osmotique  », cela consiste à diffuser en continu des faits non vérifiés, orientés, tronqués, parfois tout simplement contraires au bon sens, contraires à ce qui s’appelle en bonne définition une info et, à force d’être ressassées à longueur de journée, ces  fausses informations, vous pénètrent par les pores alors même que vous ne l’écoutez que d’une oreille distraite, en personne occupée à faire autre chose. L’extraordinaire et c’est tout le talent de ses bonimenteurs de marché recyclés en grands spécialistes de la communication et de la désinformation – l’auditeur ingurgite ce qu’il      entend, se l’approprie, et voilà que macérées par son inconscient, la tendance aux raccourcis aidant, des infos frelatées deviennent sa propre opinion, sa propre vérité, fruit da sa propre pensée. Ces mécanismes je ne les connais que trop et pourtant je me suis laissé prendre.
Qu’est ce qui a fait sauter le verrou de mon indifférence à ton égard ? – BFMTV et sa star de l’info officiant en début de soirée, donc à l’heure de grande écoute. Elle recevait ta première accusatrice, bien avant ta rencontre avec les juges et ta mise en examen, c’est important de le noter. Idoine l’expression tendre le crachoir, crachoir servi avec la complaisance d’un Dieu pour son Messie ! Y avait-il un contradicteur comme toute vraie recherche de la vérité l’exige ? Pourquoi faire ! Ça gâcherait tout, ça rendrait les paroles de la plaignante moins bonnes à boire. Et ce n’est pas encore le plus grave : concluant l’émission notre super professionnelle de l’info, laissant son cœur parler, s’écria, sic « Il persiste à nier, en dépit de ce témoignage accablant ! »  Journaliste, agent de communication, juge, partie civile, grande sœur et que sais-je encore. Emballée l’affaire, tambour battant. Messieurs les juges d’instruction, vous pouvez appeler le fourgon cellulaire Je savais le contradictoire banni des universités françaises. Est-il en train de subir le même sort dans nos institutions judiciaires et dans nos organes d’information ? J’estimais le principe contradictoire valeur universelle chère à l’esprit de cette France que j’aime tant, indispensable clé de voute pour la vérité, la justice et le savoir. Vrrt ! Sacrifié quand il s’agit de t’enfoncer. Cela s’appelle raison d’Et…- non raison idéologique. Perdre le contradictoire, c’est perdre la raison, il semble bien que la raison n’a plus de raison d’être dans le pays de Descartes. Je ne sais comment,  j’ai retenu ma colère, je peux t’affirmer mon cher que mon poste télé s’en est tiré à très bon compte. Quant à la présomption d’innocence fondement de notre Justice et inscrite dans la loi n° 2000-516 flinguée en plein vol par ceux-là même qui doivent la faire respecter, ferme tes yeux mon ami et répète après moi : personnes en France n’est au-dessus de la loi. Surtout ne t’empêche pas de rire.

Cher déchu de la présomption d’innocence,
Laissant la colère passer, je suis allé sur YouTube  et j’ai visionné toutes tes vidéos. Dit en passant, j’ai trouvé l’émission t’opposant à De Villiers très amusante. J’ai ri de bon cœur. Maintenant je peux te dire que je te connais, je veux dire que je connais tes pensées et tes multiples talents. Et connais la mauvaise foi de certains de tes contradicteurs. Je dois dire qu’ils recourent avec un art consommé à la ficelle du « voleur qui crie au voleur ». Les sacrés faiseurs de fake news hurlant au fake news, on aura tout vu en ce bas monde : les communicants modernes ont une prédilection particulière pour les vieilles ficelles. C’est vrai que c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes. Tes détracteurs, relayés par la presse unanime t’ont baptisé « Prédicateur controversé », slogan rédhibitoire fabriqué en accolant  deux vocables, comme si un seul ne suffisait. Es-tu prédicateur ? Je dois dire en aucune façon, compte-tenu de ce que j’ai vu et entendu. Par définition est prédicateur celui qui prêche la parole de son Dieu, menaçant de l’enfer celui qui répugne à suivre à la lettre la parole divine. Est-ce le cas ? Non, tu dis et tu répètes seulement que les préceptes de l’Islam sont parfaitement solubles dans la République et ses lois. Ce ne sont pas lois et préceptes qui font la vie, c’est la vie qui appelle et détermine lois et préceptes. De ce fait même, ton raisonnement te conduit à dire que les règles de l’Islam sont adaptables et évolutifs. Est-ce là  paroles de prédicateur ?  Un prédicateur est un homme de foi à qui il est interdit d’essayer de justifier la parole de son Dieu, car la foi demande croyance sans condition, cela pour éviter la subversivité du doute. Recalé donc pour la fonction de prédicateur, d’abord tu argumentes trop, tes citations ne s’arrêtent pas au Coran, tu émets tes opinions sans menacer personne de l’enfer, tu ne gesticules pas et ne tempêtes pas. Et tu ne peux être un prédicateur car tu ne te mêles pas de prosélytisme, dans toutes les vidéos je ne t’ai pas entendu ne serait-ce qu’une fois exiger la conversion à l’Islam. En vérité ta problématique ne relève pas de la religion, elle est entièrement d’ordre laïc. Ce qui te préoccupe, c’est le  droit des musulmans de France à pratiquer librement leur culte sans avoir à se cacher, et tu insistes pour dire que cet exercice doit être respectueux de toutes les lois de la République. Les Musulmans n’ont-ils pas droit à la laïcité ? Est-ce un délit que de batailler  pour le bon droit des croyants musulmans, cela en plein accord avec les  articles  1 et 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Est-ce un délit de demander que les Croyants de toutes les religions se pratiquant en France doivent jouir à égalité de droits et de devoirs, de leur liberté d’expression et de pratique. Etrange que cette chose qui voit les chantres de laïcité  crier à l’ogre quand il s’agit de revendiquer son respect plein et entier pour les fidèles de l’Islam.
Quant au terme de « controversé », n’est-ce pas un honneur que de l’être. Tous les hommes qui ont fait avancer tant soit peu l’art, la science et la pensée humaine, ont été en long et en large controversés, Socrate, Darwin, Marx, Einstein, Picasso pour ne citer que quelque uns. Toute la mauvaise foi de tes détracteurs éclate au travers de ce « controversé » utilisé à contresens pour  faire croire que tu es le  seul penseur  contesté et contestable.
J’en profite pour relever un des moyens d’expression de l’art de la publicité pour vendre ce pourquoi elle a été sollicitée : il s’agit  de l’inversion de sens  et des valeurs, cela est devenu un must pour faire oublier le défaut du produit. Ainsi un principe tout ce qu’il y a d’anti démocratique devient l’expression même de la démocratie, le bien l’expression du mal et le mal l’expression du bien, l’inique l’expression du juste et l’égalité l’expression de l’inégalité. Même si cela peut paraître éloigné du sujet, je ne résiste pas à l’opportunité qui m’est donné pour citer l’exemple du libéralisme employé pour sous-entendre la liberté d’être et de faire alors qu’en réalité le libéralisme recouvre une dictature intransigeante, la dictature de la finance dont la politique a pour but d’enrichir les riches qui ne produisent que du vent et d’appauvrir les pauvres qui produisent pourtant les richesses du pays et de leur assigner une fonction sinon d’esclaves du moins de serfs.
Concernant  le reproche de « double discours » boof !  Je crois que ça n’a pas d’autres buts que celui de troubler la limpidité de ton discours.
Cher prisonnier et victime expiatoire de la haine islamophobe,
Critiquer la justice est toujours une attitude malsaine. Mais peut-on en faire l’économie dans ton cas ? Ça me pèse de donner une réponse. J’en dirais tout de même deux mots. Pour le reste, je laisse juger en conscience tous ceux que la dite « affaire Ramadan », amuse, inquiète, révolte ou satisfait. La première qui pose problème est le temps mis à organiser les confrontations, incarcéré le 2 février 2018 pour être à la disposition de la justice c’est le 18 septembre qu’aura lieu la dernière confrontation, soit 7 mois et demi plus tard, sept mois et demi de privation de la liberté, est-ce normal ? Et encore n’aurait-il pas été pertinent d’organiser une seule confrontation réunissant les trois plaignantes, qui, fait avéré, se connaissent et communiquaient entre elles via une tierce personne. Mais il est vrai que chaque juge, et là il y en a trois ce qui complique les choses, a sa propre façon de faire, façon aussi impénétrable que celle de Dieu. En deuxième lieu, il y a  dans l’ordonnance du 19 juillet 2018, motivant ton maintien en prison, une expression qui me laisse dubitatif : …˝la plaignante a eu des déclarations hésitantes quant à la date et au lieu du viol présuméʺ, est-il écrit ! alors même que pour la deuxième fois les déclarations de la première plaignante sur la date et le lieu de son  viol  ont été démentis pas les faits. Tant d’indulgence de la part de juges qui jugent un crime me laisse sans jugement !
Les plaignantes méritent – elles qu’on en parle ? La lumpen prolétarisation rampe comme un  serpent vénéneux. Pauvres filles, il faut bien qu’elles gagnent leur vie. Ne m’en veux pas si j’essaye de leur trouver des circonstances atténuantes : une call-girl  condamnée par la justice, une militante d’extrême droite qui n’a que le mot « sexe »  à la bouche, une ancienne  salafiste passée à la machine à laver et transformée en sainte vierge à paroles d’évangile, même si par deux fois elle a donné de fausses dates et faux lieux de son viol, (mais c’est vrai, ce ne sont là que « des déclarations hésitantes »)  De pauvres hères ces filles ! Mais tout  de même pas nées de la dernière pluie, pour se faire violer si aisément. Hé ?! pourquoi ne parle-t-on jamais de ces femmes d’une autre étoffe, pas forcément musulmanes d’ailleurs, que tu as aimées et qui t’ont aimé et dont certaines sont venues témoigner en ta faveur, chantant ton tact, ta douceur et ta tendresse dans l’acte amoureux. Motus et bouche cousue ! Ah je ne peux m’empêcher de m’exclamer : que c’est beau une  instruction à charge et à décharge ?!
Cher controversé au double discours,
Si seulement tes juges voulaient bien arrêter de se cacher derrière des prétextes qui, de plus est, sont fabriqués de toutes pièces pour t’instruire des vrais motifs de ton inculpation, je suis persuadé que cette affaire se règlerait  très vite  à l’amiable, entre  gentlemen. Je suis prêt à parier que tu feras comme Gandhi devant ses juges, tu diras d’une voix calme, et pourquoi pas amicale : « Messieurs les juges, je vous le dis, je suis  coupable de ce que vous me reprochez. Dès que j’en ai l’opportunité, je dénonce l’islamophobie cette affreuse sœur de l’antisémitisme, j’ai même lu tout récemment, énoncé par une grande dame de la République et repris dans la presse française, qu’il n’y a pas lieu d’avoir peur de se faire traiter d’islamophobe. Je plaide coupable de dire tout haut que la laïcité bien comprise donne le droit aux Musulmans de France de pratiquer en paix leur culte dans les limites qu’impose la loi française, je plaide coupable de reconnaître aux Palestiniens le droit de se battre pour leur terre. Messieurs le juges, j’avoue que rien ne m’horripile plus que les coups d’Etat d’où ils viennent et quelle que soit la bannière qui les justifie, un putsch, c’est toujours un grand malheur pour le peuple qui le subit, oh ! messieurs les juges vous ne pouvez savoir combien le pays de mes parents a souffert et continue de souffrir de cette calamité. En résumé, je combats tout ce qui blesse l’homme, je lutte, sans haine et sans violence contre ce qui a valu à Mandela 27 ans et demi de prison, contre la ségrégation que Luther King a payé de sa vie, contre la misère et l’indignité d’où qu’elle vienne. Je dénonce tout ce qui dégrade la femme, le faible ou l’infirme. Pour le croyant que je suis, le racisme est la plus grave injure faite à notre Créateur. A l’égal de mes yeux, j’aime l’humanité vivant dans la paix et le respect de la dignité de chacun. Je respecte le croyant de toute religion et je respecte autant l’athée. Je suis pour le doute, car le doute  est un ferment pour l’esprit. Voilà, messieurs les juges de quoi je suis coupable. J’attends votre sanction.  Mais me mettre sur le dos des viols de femmes, ce n’est vraiment par fair-play… »
Malheureusement, on n’en est pas là. Cette sale affaire a de longs mois, voire des années devant elle. T’enlever toute crédibilité, cureter l’esprit de ceux qui te font confiance, te ʺdésymboliserʺ si je puis  dire la chose comme ça, va prendre énormément de temps.
Excuse –moi, je crains de te compliquer les choses en mettant dans ta bouche les grands noms de la lutte pour l’égalité des hommes. Si cela vient à l’oreille de certains politologues et autres éditorialistes, je le vois d’ici, leur tête va sauter au plafond. J’ai vu une fois sur Cnews, un invité qui a osé comparer ton cas avec celui du ministre Darmanin, accusé lui aussi de viol, s’attirer les foudres de Zeus et des Dieux de l’Olympe assis devant lui. Je précise à tous ceux qui veulent bien  m’entendre, que les paroles que j’ai mises dans la fiction de tes aveux à la barre des accusés, sont  entièrement de moi, virgules et fautes comprises.
«Tariq,  Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font… », tu vois je paraphrase la Bible, athée je reconnais de très belles choses dans les textes religieux. En effet,  ceux qui veulent t’avilir ne savent pas qu’ils sont en train de faire de toi une vraie force morale. Leur défaite est donc certaine.
Il m’arrive dans des moments d’abattement de regretter de ne pas avoir un Dieu à qui  je pourrais demander aide et réconfort  pour toi et pour toute victime des tribunaux des hommes.
Oui, je sais, je me fais long et tu es malade, et tu souffres et tu pries,…
Et moi aussi je souffre, une grande peine m’habite depuis que je suis sur cette affaire. Où êtes –vous donc héritiers de Jean-Paul Sartre, Hubert Beuve-Méry, Jacques Charby et bien d’autres, allez-vous laisser mourir cette belle tradition des intellectuels français se dressant avec fermeté contre la guerre,  l’injustice et la torture ? Votre élévation morale se serait-elle mise au pas mou de nos vaches ?
Pour terminer, il m’est impossible de zapper un des plus grands poète français, éternellement d’actualité, je veux parler de Monsieur  Jean de La Fontaine,  que je ne me lasse jamais de lire et de relire :
Des malheurs qui sont sortis
De la boîte de Pandore,
Celui qu’à meilleur droit tout l’Univers abhorre,
C’est la fourbe, à mon avis
Dans  la déréliction le rire est meilleur, alors surtout ne t’en prive pas, ris comme le tonnerre gronde, ris à percer les murs de ta prison.
Encore une fois, de tout cœur avec toi. Je te serre la main et t’embrasse.

Hassen Bouabdellah, cinéaste et écrivain

 

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