Quand on les entend discourir ou quand on lit ce qu’ils écrivent, on a la folle envie de les verbaliser pour insulte à la culture car on se rend facilement compte que si on leur parle de tube de l’été c’est une crème solaire qui leur vient à l’esprit.

Présomptueux, ils excellent dans l’art d’enfoncer les portes ouvertes et de terminer deuxième dans les concours où il n’y a qu’un seul candidat. Françisants, francophones, francophiles et même atteints de francomanie, ils se distinguent par des perles à ramasser copieusement. Ainsi lorsqu’on cite Corneille, c’est à l’oiseau qu’ils pensent ; et ils baillent… Quant au Cid, on n’ira pas jusqu’à leur demander l’impossible tout empêtrés qu’ils sont dans les clips et le brouhaha des stades. C’est çà leur milieu et leur culture. J’ai évoqué devant l’un d’eux Lamartine et il m’a affirmé connaitre cette brave dame. Même pour les connaissances de base il faudra donc repasser ; quant à l’effort de réflexion, on n’est pas sùr de la disponibilité de l’équipement mental, car réfléchir peut faire mal. Mieux vaut donc ne pas tenter le diable.

Comme tout clerc ou thuriféraire qui se respecte, notre intellectuel n’a de source d’inspiration que l’encens nauséabond qu’il propage en haut-lieu et l’argent sale qu’il reçoit en retour sous forme de chèque, de nomination à un poste inespéré ou même une gifle bien placée qu’il prend pour un compliment. Effectivement, il est intelligent voire brillant, perspicace, mais selon les seuls critères du politiquement correct ; en dehors de ce cercle il est incolore, inodore, invisible. Et comme le ridicule ne tue pas, les intellectuels de gauche, libéraux, réformateurs, nationaux, nouvelle vague, donc toutes tendances confondues, ne se contentent pas d’encenser la médiocrité, ils promeuvent la nullité et glorifient la bêtise érigée en vertu cardinale où penser est inutile et même préjudiciable car le pensoir est, justement, là, chez ces intellectuels à qui il faut faire confiance parce qu’ils ne lisent pas, ne réfléchissent pas, ne s’encombrent d’aucun bagage si ce n’est la selle de service, et sont donc le modèle rêvé de tous les ignares de cet espace damné qui est le notre.

Ah! si, dans l’ensemble ils ont un physique soigné, beaucoup de muscles, mais ignorent – ils que pour un intellectuel les muscles du cerveau comptent aussi ? On ne dirait pas qu’ils font grand cas de cette lapalissade, c’est pourquoi ils lâchent la proie pour l’ombre et ne risquent pas de mourir d’humilité. Ils affectionnent le monologue alors qu’on aimerait les voir et les entendre écouter, dialoguer, débattre, se remettre en question. Car c’est ça l’intellectuel.

Abdelaziz Kahil
17 juillet 2016

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