Dans les pays où le droit prime sur les intérêts de clans, une affaire, comme celle d’El Khabar, serait une simple transaction commerciale. En effet, malgré les états d’âme des adversaires d’un tel acte commercial, il n’en reste pas moins que les groupes de presse sont le domaine des grandes fortunes. En France, par exemple, personne ne peut contester ce droit au richissime Dassault, propriétaire du Figaro.

Hélas, en Algérie, la presse est conçue comme une arme politique, au sens où le détenteur cherche à combattre ses adversaires. Bien que le clan dominant ait assez de journaux et de télévisions assurant, à longueur de journée, sa propagande, l’acquisition d’un journal de grande audience par le clan adverse constitue une véritable menace.

En dépit des déclarations des dirigeants inamovibles, à la veille de la révision constitutionnelle, sur la consécration de l’État de droit, la réalité les rattrape aussitôt. Cela dit, pour qu’il n’y ait pas d’ambigüité, le clan auquel appartient Issad Rebrab ferait la même chose.

Du coup, dans la bataille qui annonce la lutte acharnée pour la succession présidentielle, le clan le plus faible sera appelé forcément à disparaître. Bien évidemment, les vainqueurs vont présenter ce triomphe comme la victoire de l’Algérie. Dans la réalité, quel que soit le nom du vainqueur, l’Algérie ne tirera aucun avantage. Au contraire, elle en pâtira de cette domination.

Cependant, bien qu’il ne faille pas blâmer le peuple algérien d’avoir laissé se perpétuer ce climat politique malsain, il n’est pas pour autant exempt de toute critique. Et tant qu’il continue à pratiquer la politique de l’autruche, les affaires du pays vont être gérées de la même façon.

Pour conclure, il va de soi qu’en l’état actuel des choses, il est difficile de considérer l’achat du groupe El Khabar comme une simple transaction commerciale. Ce qui explique la réaction du clan adverse. Car, les enjeux sont colossaux.

Malheureusement, sur fond de la succession, le peuple algérien, comme dans les périodes décisives postindépendance, se contente d’observer la joute. Mais, ce qu’il ignore, c’est qu’il commet une erreur grave. En effet, tant qu’il ne prend pas son destin en main, il n’y aura ni la presse libre, ni la justice équitable, ni la gestion transparente des affaires du pays.

Boubekeur Aït Benali
22 mai 2016

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