« L’idéologie est par essence un masque par lequel l’homme remplace une impossible science universelle et qui lui permet en réalité d’abord de ne pas voir ce qui n’entre pas dans le schéma d’analyse proposé par l’idéologie », extrait du livre de Pierre VIDAL-NAQUET.

Aveuglés par une conception de l’identité réduite à la supériorité des « purs » Kabyles, les séparatistes s’en prennent cette fois-ci à une paisible jeune fille, élue Miss Kabylie, pour ne pas avoir parlé en Kabyle dans une émission de télévision. Il faut dire que ces ultras saisissent la moindre occasion pour s’attaquer à ceux qui ne pensent pas comme eux.

Ainsi, bien que l’appartenance à la région n’obéisse à aucune règle préétablie, le fait qu’elle réponde en arabe devient un scandale. Voilà une conception réductrice d’un mouvement qui bâtit son projet sur le rejet de l’arabe.

Dans le fond, ce qui est reproché à la jeune Miss Kabylie, c’est ce que nous vivons quotidiennement dans les villages. Selon l’écrivain, Rachid Oulebsir, « la sortie de cette Miss…est révélatrice de la régression du parler kabyle ! Alors, ceux qui hurlent et appellent au châtiment feraient mieux de regarder autour d’eux dans leur propre famille combien parlent encore kabyle. »

En un mot, ce qui est reproché à Miss Kabylie, c’est ce qu’eux-mêmes reproduisent quotidiennement. Toute la différence se situe dans le panache à utiliser : Kabyle-arabe ou kabyle français.

Cependant, les signes avant-coureurs existaient bien avant cette campagne. En juillet dernier, Ferhat Mehenni ne déclarait-il pas à Algérie Focus, à propos d’un futur État qu’il comptait créer –c’est comme si les habitants sont des moutons à qui on demande de rentrer dans la bergerie –, qu’il y avait forcément des bons et des mauvais kabyles.

Et s’il y avait eu, à ce moment-là, la conscience collective, les habitants de la région auraient dû  répondre que cette belle région d’Algérie ne tombera jamais dans l’escarcelle de ceux qui veulent la définir sur la base raciale.

Car, dans toute son histoire, la Kabylie a toujours accueilli et accueille encore –c’est vrai de moins en moins –tous les courants politiques. Dans ces pires moments de l’histoire, à l’instar du quadrillage de l’ANP en 1963-1965, la Kabylie n’a jamais été animée par ce sentiment de racisme, étranger de surcroit à nos traditions.

En somme, avec la multiplication des insultes, des brimades, les habitants de la région ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas au courant. Et si la région veut manifester un quelconque particularisme en plus de son attachement indéfectible à la nation algérienne, il faudra que ce projet se rapproche des valeurs universelles et non pas d’une quelconque référence à la race, dont le recours par le passé à ce genre de concept a causé de terribles conséquences.

Boubekeur Aït Benali
20 janvier 2016

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