Le procès du général Hassan, condamné à cinq ans de prison ferme par le tribunal d’Oran, dévoile à quel point la justice algérienne a du mal à se départir de ce qui la paralyse depuis belle lurette : la lutte des clans pour le contrôle du pouvoir. Cela est notamment perceptible à la réaction des membres du clan auquel appartient le général Hassan. Est-il besoin de rappeler qu’une certaine presse joue, dans cette guerre des clans, un rôle prépondérant ?

Ainsi, pour discréditer le clan adverse, le procès du général Hassan est tantôt comparé à l’affaire Dreyfus et tantôt à l’affaire Chaabani. Pour ne pas être hypocrite, il va de soi que le général Hassan ne serait pas aussi  innocent comme l’était le capitaine Dreyfus et Salima Telmaçani n’est pas et ne peut pas être Emile Zola.

Cependant, bien que les griefs retenus contre le général Hassan soient graves, dans un pays où la justice est sous influence, cette affaire aurait pu se régler en interne s’il n’y avait pas eu de réels différends entre le clan du DRS et celui de la présidence. Venant au secours du clan des militaires, Khaled Nezzar prend la défense du premier et qualifie la décision de la justice d’acte grave.

Toutefois, là où la réaction du général Nezzar apporte des éclaircissements, c’est quand il cite la correspondance adressée par le général Toufik au chef de l’Etat. « Il avait souligné qu’en tant que chef hiérarchique direct du général Hassan, il était responsable de tout ce qui pouvait être reproché à ce dernier et qu’en conséquence, il en assumait l’entière responsabilité », écrit-il.

Du coup, est-ce que le général Hassan est uniment une victime collatérale de la lutte des deux clans ? Selon Farid Alilat, tout allait bien entre le général Toufik et le chef de l’Etat jusqu’à l’éclatement des affaires de corruption ayant éclaboussé la Sonatrach. « A l’une de ses vieilles connaissances, le président aurait fait part de sa désapprobation en ces termes : que Chekib Khelil paie pour ce qu’il a fait passe encore. Mais je n’accepte pas que l’on s’attaque à sa famille », note-t-il. Cela veut tout dire.

Quoi qu’il en soit, cette présentation des choses risque de faire passer les membres du clan présidentiel pour des méchants et ceux du DRS pour des gentils. Exceptés Salima Telmaçani et quelques-uns de  ses collègues qui croient à cette thèse, la réalité est tout autre. Les deux clans ont profité du système opaque pour se servir au lieu de servir le pays.

D’ailleurs, il suffit de comparer les rythmes de vie en Algérie pour s’apercevoir qu’il y a d’un côté la majorité du peuple algérien broyé par la crise et de l’autre côté les deux clans et leurs clientèles ne manquant de rien. Sur ce plan, force est de reconnaître que les deux clans se confondent.

De la même manière, cette différence peut être aisément perçue sur le plan judiciaire. Alors que le citoyen lambda est livré à lui-même, les membres des deux clans bénéficient d’une médiatisation dissuadant les membres du clan adverse d’aller plus loin.

Ainsi, malgré la condamnation du général Hassan –une affaire plus politique que judiciaire –, tous les Algériens rêveraient de bénéficier de la même campagne de solidarité. Pour cette raison, le général Hassan n’est pas le plus malheureux des Algériens, et ce, bien qu’il ne mérité peut être pas une telle sanction.

Pour conclure, il va de soi qu’il est grand temps pour que l’Algérie bâtisse une institution judiciaire transparente et équitable. Pour y parvenir, il faudrait que le pays soit libéré de l’emprise des clans. Dans le cas contraire, il ne faut pas s’étonner à ce que des affaires pareilles se renouvèlent régulièrement. Chaque clan essaiera évidemment de défendre son pré carré. Et à chaque fois, cela se fera au détriment de l’Algérie.

Boubekeur Aït Benali
1er décembre 2015

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