La crise grecque montre que les démocraties ne se valent pas. Il y a celles qui sont intouchables et d’autres blâmables. En effet, dès l’annonce, par Alexis Tsipras, d’organiser un référendum pour le 5 juillet 2015, son initiative est attaquée tous azimuts. Et pourtant, le recours à cette voie démocratique par excellence –dans la mesure où la décision émane du peuple –reflète l’avis de la majorité que chaque dirigeant revendique dans son propre pays.

Dans ce cas, les critiques d’une telle démarche sont-elles dues au fait qu’elle remet en cause certains intérêts ? La crise grecque révèle que le « monde de la finance » et le monde de la politique ne font pas bon ménage. La prépondérance de celui-là par rapport à celui-ci est désormais actée.

Toutefois, bien qu’on ne puisse pas comparer l’esprit fondateur de l’Union européenne, dont la devise est la construction des États prospères, libres et pacifiques, à celui qui prévaut en ce moment, dont les citoyens ne se sentent guère proches, il n’en reste pas moins que la critique des consultations populaires n’est pas de nature à renforcer les liens entre les petits et les grands États de l’union.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le scepticisme des Européens est proportionnel au mépris des organismes financiers. Du coup, au-delà du résultat de la consultation d’aujourd’hui, Alexis Tsipras lève le voile sur la voracité des financiers. Ainsi, en politisant la négociation avec ses principaux créanciers (FMI, BCE, commission européenne), il dévoile les dérives du « monde de la finance ».

Néanmoins, dans cette crise, la Grèce n’est pas exempte de tout reproche. Car, si elle a contracté des dettes, c’est parce que la gestion des affaires du pays, avant qu’il intègre l’Union européenne en 2001, n’était pas à la hauteur. En fait, pour le pays qui a enfanté la démocratie, pendant de longues années, la politique fiscale était calamiteuse. D’une certaine façon, on pourrait même dire que c’est la Grèce qui leur a tendu le bâton.

Cela dit, dès qu’un pays est en détresse, les financiers du monde s’acharnent pour achever « la bête blessée ». Et si par malheur les autorités du pays résistent, comme le fait Alexis Tsipras depuis janvier 2015, les financiers n’hésitent pas à agiter diverses menaces. Alors que plus de 75% des 350 milliards d’euros prêtés à la Grèce ont servi à sauver les banques de la faillite, la Troïka (FMI, BCE, commission européenne) demande à ce que ce soit aux plus modestes de faire davantage de sacrifice en vue de rembourser la dette grecque.

Dans le plan proposé par les organismes financiers, même le secteur de la santé n’échappe pas à l’austérité en suggérant une coupe de 40% de son budget. Et quand Alexis Tsipras propose d’augmenter la participation des grandes fortunes, la Troïka rechigne à accepter. Comme quoi, les loups du monde ne se bouffent pas entre eux.

Pour conclure, il va de soi que le référendum d’aujourd’hui, 5 juillet 2015, symbolise un acte de résistance. C’est le refus des plus faibles de se faire dévorer par les organismes financiers. Ainsi, quel que soit le résultat du vote, c’est la démocratie qui en sortira grandie. Enfin, pour que cette union n’échappe plus au contrôle des peuples européens, il est de leur devoir de s’unir pour revenir l’esprit initial de l’union : la solidarité entre les peuples.

Boubekeur Aït Benali
5 juillet 2015

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