Les réactions des Algériens, suite à la visite de François Hollande, indiquent à quel point ils ne sont pas maitres de leur destin. En effet, les critiques sur une éventuelle immixtion de la France dans la succession présidentielle étayent la thèse selon laquelle les rendez-vous déterminants pour le pays échappent à leur contrôle. Cela dit, bien que la France ne s’immisce pas officiellement de cette question, en coulisse Paris insiste, selon Hasni Abidi, invité dans l’émission « c’est dans l’air », pour qu’elle se fasse en douceur.

De toute évidence, incapables de peser sur le choix politique, les Algériens assistent impuissants à la déliquescence de leur pays. Et pour cause ! Il suffit que les prix des hydrocarbures dégringolent pour que la crise pointe son nez. Bien que le discours officiel soutienne le contraire en alléguant que la crise est un thème utilisé par les réfractaires en vue de semer la discorde, il n’en reste pas moins que les signaux avant-coureurs sont latents.

D’ailleurs, l’engagement politique de l’armée en faveur du FLN, le retour d’Ahmed Ouyahia à la tête du RND et le refus de tout dialogue avec l’opposition et la société civile sont autant de facteurs corroborant la panique du régime. Cela dit, le terme panique est un peu fort. Car, la faiblesse de l’opposition et le renoncement du peuple algérien –à tel point que sa voix est totalement étouffée par une clientèle du régime assez bruyante –ne sont pas de nature à bouleverser la situation.

À ce propos, quand Mouloud Hamrouche exprime des appréhensions quant à une réaction violente de la rue, il ne dit pas si ce mouvement pourrait toucher tout le pays ou il serait sporadique  et géographiquement localisable.  À vrai dire, la crainte du régime est inhérente à la disparation subite du chef de l’État. En effet, contrairement à l’affirmation de François Hollande sur l’alacrité du chef de l’État, les images montrent un homme très diminué.

Par conséquent, la question qui se posera dans peu de temps sera la suivante : comment réagiront les différents clans se disputant le pouvoir ? De la même manière, pour l’équilibre du pouvoir –à défaut que ce soit la séparation des pouvoirs selon Tocqueville –, les différents clans arriveront-ils à désigner un candidat capable de les fédérer ?

Enfin, c’est à cette question que la France et d’autres pays occidentaux essayeront de faire face. Lors de l’émission déjà citée, on avance même l’idée que François Hollande serait le premier à accepter de travailler avec le successeur de Bouteflika, et ce, pour peu que l’Algérie continue à jouer son rôle régional. Hélas, cette stabilité factice sera néfaste pour le pays. Car, c’est en sacrifiant l’avenir du pays que le régime algérien bénéficiera des soutiens requis pour sa pérennisation.  

Boubekeur Aït Benali
17 juin 2015

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