Quand le régime algérien est enrhumé, c’est toute l’Algérie qui ressent les effets de cette maladie. En tout cas, à l’image de son président, dont la santé est chancelante, l’Algérie vit –et c’est le moins que l’on puisse dire –sous une perfusion permanente. À ce titre, il est illusoire de prêter une quelconque volonté au régime algérien pour qu’il sorte le pays de la crise endémique. Car, en plus d’être le premier responsable de la crise, et ce, pour avoir construit un système violent, celui-ci n’admet même pas l’existence de la crise, une réalité qui saute aux yeux.

Et pourtant il y a quelques années, au moment où les dictatures nord-africaines s’écroulaient les unes après les autres, le chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, promettait « des réformes profondes ». Craignant, sans doute, une chute semblable à celle de ses homologues, le chef de l’État amadouait alors l’opinion dans le sens du poil. Bien qu’il ne soit qu’un élément d’un maillon, appelé le régime, dans ses discours de 2011 et de 2012, il engageait tout le régime. Et s’il y avait un moment où des observateurs croyaient aux promesses présidentielles, c’est lorsque le chef de l’État a affirmé à Sétif : « Tab Djenana : notre temps est fini ».

Hélas, dans une Algérie où le contrôle de la rente pétrolière constitue la raison d’être du régime, les bonnes paroles ne sont qu’un effet de style. En fait, dès que le risque d’un renversement n’est plus d’actualité, le mépris et le dénigrement du peuple algérien reprennent leur place. Rejetant toutes les propositions –de l’opposition sérieuse incarnée par le FFS comme celle de la pseudo-opposition dont les espoirs reposent sur l’intervention de l’armée –, le régime ressort sa vieille recette : la révision de la constitution. Alors que les populations du Sud souffrent de la politique gouvernementale, à l’instar de la population d’In Salah qui manifeste contre la destruction de son cadre de vie, le régime leur tourne le dos. Pour occuper le terrain, il ordonne à ses chargés de mission de vendre le projet constitutionnel.

Mais, est-ce que l’Algérie –après avoir raté les meilleures occasions de se développer –peut se contenter d’une politique de replâtrage ? La réponse est évidemment non. Dans le fond, ce dont elle a besoin, c’est d’un changement radical et pacifique. Et si le régime ne veut pas gâcher l’avenir de millions et de millions d’Algériens, il faudra qu’il associe le peuple algérien, à travers toutes ses représentations, à la recherche de la solution. Ainsi, pour la première fois depuis l’indépendance, les Algériens devraient se parler sereinement.  En tout état de cause, c’est à ce moment-là, où seul l’intérêt de l’Algérie constitue le fond du débat, que le pays pourra entamer une nouvelle ère. Sinon, ça sera le statu quo mortifère pour l’Algérie.

Boubekeur Ait Benali
29 mars 2015

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