Les réactions des deux partis du pouvoir, le FLN et le RND, à propos de la conférence nationale de consensus (CNC) du FFS, doivent interpeller les Algériens sur leur arrogance et sur leur refus de débattre. Ainsi, bien que le FFS ne renonce pas pour autant, il n’en reste pas moins que leur esquive est la preuve, s’il en faut encore une, que le régime ne veut se parler qu’à lui-même.

Et pourtant, la proposition du FFS ne vise ni la chute brutale du régime ni ne consiste à remplacer l’équipe dirigeante. Pour les initiateurs de la CNC, la démarche consiste à rassembler les décideurs, les opposants et les représentants de la société civile pour qu’ils se mettent autour d’une même table de dialogue. La seule condition se résume au caractère inclusif de participation.

Ainsi, si la conférence a lieu, les Algériens pourront, pour la première fois depuis l’indépendance du pays, se parler librement sur l’organisation des institutions. Hélas, après avoir fait croire à sa disponibilité au dialogue, le régime fait marche arrière. Mais, cela n’étonne que les naïfs. Car, ne dit-on pas : « chasser le naturel, il revient au galop ! » Du coup, de réticence en reculade, les partis du régime se ravisent. En guise de parade, ils posent la condition suivante : s’ils doivent participer à la CNC, ils devront imposer leur critère de participation. Or, l’Algérie a trop souffert de leurs choix.

Cependant, ce qui est reproché au pouvoir peut l’être fait envers la pseudo-opposition, dont la démarche est incohérente à tous les niveaux. Alors qu’elle refuse le dialogue, elle ne croit pas non plus à l’épreuve de force. D’ailleurs, même si elle veut, les Algériens la suivront-ils pour autant ? Ce n’est pas sûr, comme en témoigne la faible mobilisation du 24 février 2015. Et quand un responsable politique se fixe pour objectif de marcher jusqu’à la Grande Poste, les Algériens n’ont vraiment rien à attendre de cette mouvance.

Quoi qu’il en soit, malgré les attitudes des uns et des autres, l’initiative du FFS ne doit être mise aux oubliettes. Car, une telle démarche doit avoir une portée lointaine. Bien que la presse se déchaine à chaque fois que le parti réaffirme son choix, il est évident que les Algériens devront, tôt au tard, se parler sereinement en vue de trouver la solution à la crise politique que vit le pays depuis l’indépendance. Mais, force est de reconnaitre que ce chemin est semé d’embuches.

Quoi qu’il advienne, l’initiative du FFS a le mérite de montrer les limites du débat politique en Algérie. Alors que le pouvoir s’est dit prêt à dialoguer, en 2011 lors des révoltes nord-africaines qui ont conduit à la chute de plusieurs dictateurs, et ce, pour peu que la rue ne recoure pas à la violence, les partis du pouvoir font tout –maintenant que le risque est passé –pour que le débat sur l’avenir de l’Algérie n’ait pas lieu. À vrai dire, cette attitude ne choque que ceux qui croient à la probité de ceux qui nous gouvernent. Enfin, si la voie pacifique ne peut pas être remise en cause, celle-ci ne peut aboutir que lorsque ce projet est porté par la société en coordination avec les partis.      

Boubekeur Ait Benali
27 février 2015

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