Décidément, à chaque sortie médiatique de Mohcine Belabbes, son obsession consiste à discréditer la démarche du FFS. Mais, avant que le chameau ne constate la bosse de son vis-à-vis, ne faudrait-il pas qu’il s’en occupe de la sienne. En tout cas, pour les connaisseurs du paysage politique algérien, cette rivalité ne constitue pas une nouveauté. Né dans le bureau du chef de cabinet de la présidence et secrétaire permanent du haut conseil de sécurité (HCS), Larbi Belkheir, le RCD avait pour première mission de contrecarrer le développement du FFS. Pari perdu, puisque les Algériens, et notamment les habitants de la région de Kabylie, savaient faire la différence entre un parti d’opposition et un parti préfabriqué.

D’ailleurs, quand le chef du RCD insinue que son parti n’est pas favorable à un changement à l’intérieur du régime, il est uniment amnésique. Faut-il rappeler à Mohcine Belabbes que le premier parti qui s’engage dans une alliance avec l’actuel chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, n’est autre que sa formation politique. Alors que les six candidats se sont retirés de la course électorale à la veille du scrutin présidentiel pour mettre à nu les pratiques d’un régime ne se souciant que de sa pérennité, le RCD lui apporte sa caution démocratique. Il est de même d’ailleurs du parti islamiste, le MSP, dont le soutien déboussole les chancelleries internationales.

En effet, bien que toute référence à l’islam soit associée, en occident notamment, au terrorisme, le MSP, dont le rôle est défini dans les officines occultes, a légitimé la barbarie commise au nom de la lutte antiterroriste. Quant au RCD, dont le président de l’époque s’affichait, de façon ostentatoire, avec BHL (Bernard Henry-Levy), la démarche s’inscrivait dans la même logique. Pour les oppositions nord-africaines, l’évocation du nom de BHL suffit à expliquer en partie leur débâcle et, par ricochet, le maintien ad vitam ad aeternam des dictatures de leurs pays.  

Aujourd’hui, ces partis, le RCD et le MSP, s’inventent une radicalité particulière à l’égard du régime. Là aussi, ils ne se prononcent pas sur l’illégitimité du régime depuis 1962. De la même manière, ils  ne pointent jamais la responsabilité des services de sécurité dans cette longévité du système. Pour eux, il existe au sein du régime des personnes qui ont mal agi. Il suffit que l’armée intervienne –comme ils ne cessent de le revendiquer à l’envi –pour que la situation redevienne « normale ». Du coup, tous les partis qui ne s’inscrivent pas dans cette démarche sont leurs ennemis.

Ainsi, bien que leur répugnance à tout ce qui vient du FFS ne date pas d’hier, depuis le lancement du projet du FFS sur l’indispensable rassemblement national, le chef du RCD ne rate aucune occasion en vue de tacler le FFS. Dans ce faux procès, il reproche au FFS ce qu’il n’a pas fait, c’est-à-dire le soutien tacite au régime, alors que son parti a été champion en la matière dans les années 90. D’ailleurs, son parti n’est-il pas allé jusqu’à créer les milices civiles pour défendre le régime les armes à la main ? Et pourtant, cette idée devait être bannie en Algérie depuis la création des milices civiles à Guelma en mai 1945 par le sous-préfet Achiary, futur chef de l’OAS. C’est pour cette raison que de tels partis ne peuvent en aucun cas donner des leçons au FFS, pour qui le patriotisme et la démocratie sont indissociables.

Boubekeur Ait Benali
8 février 2015

Comments are closed.

Exit mobile version