TSA : Le FLN a décidé de saisir Bouteflika sur ce qui se passe dans le sud. Pourquoi ?

Saadani : Certains veulent le saisir par son fauteuil et le balancer dans la poubelle de l’histoire, mais ce n’est pas mon avis, car il n’y a presque plus de place dans cette poubelle. En tant que parti majoritaire, nous avons estimé essentiel d’attirer l’attention du président sur la tension qui règne dans plusieurs wilayas du Sud. Mais il faut y aller mollo avec lui : d’abord le convaincre qu’il est président, ensuite que nous sommes en Algérie, qu’en Algérie les voleurs du pouvoir vivent de pétrole, et qu’enfin le pétrole se trouve au Sud…

Nous avons envoyé nos cadres dans la région, avec tout le matériel nécessaire à la persuasion : derbouka, bendir, mais aussi qabqabou, zdeg zdeg ya loulou ! Ils ont été chassés sans pitié… on ne savait pas que la chasse était ouverte là-bas…

Vous avez déclaré que le Sud a été abandonné. Qui en est le responsable ?

Le peuple en premier lieu, mais aussi les gouvernements successifs avant Bouteflika, les partis politiques, les associations, la société civile, Khalti Traki, Didi Baratchou, Boubagra, Omar Guetlatou, tout le monde. Il est triste de constater qu’à ce jour nous n’avons pas de stratégie clairement définie pour développer le Sud, zdeg zdeg…

Vraiment ?

Il y a kamême une stratégie, mais elle n’est pas écrite noir sur blanc. Elle consiste à sucer le maximum de gaz et de pétrole sous les pieds des gens du Sud, le vendre pour notre compte, et leur importer une bonne quantité de misiriyya pour qu’ils ne puissent jamais sortir la tête de l’eau, j’veux dire du sable, y a même pas d’eau là-bas. Ça c’est la vision stratégique globale, mais c’est top secret, j’ai rien dit…

Donc vous voulez changer de stratégie ?

Au moins donner cette impression. Il y a plein de potentialités au Sud. Il y a beaucoup de scorpions, des vipères de toutes sortes, etc. Les revendications de la population n’ont pas été prises en charge. En particulier, il faut lui donner assez de sérum anti-venin pour que les gens de Tam ou Ain Salah n’aient pas à se déplacer à Ghardaïa pour sauver leur peau. Le FLN tire la sonnette d’alarme grâce à ma derbouka, zdeg zdeg…

Quelles sont, concrètement, les propositions du FLN ?

Dans notre lettre au Président, nous allons parler de la qualité des gestionnaires envoyés dans le Sud. Il faut envoyer au Sud des gens « compétents » comme Chakib ou Khalifa. Donnez-leur 10 ans, et il n’y aura plus de sable. La méditerranée coulera par miracle jusqu’à Tam…

Que pensez-vous de la protestation contre le gaz de schiste ?

Le merguez de schiste n’est pas bon pour l’estomac. Nous allons convaincre les gens du Sud qu’il faut nous laisser extraire cette pourriture de leur sol et l’envoyer pour incinération dans les pays du Nord…

Vous avez comparé la colère dans le Sud aux printemps arabes. Pourquoi ?

Le printemps arabe a commencé en Tunisie avant de toucher la Lybie, la Syrie et l’Egypte. En Algérie, les troubles ont débuté à Ouargla, puis Touggourt, Tamanrasset et In Salah. Ça monte, ça monte, ça bouge ya bouguelb…

Quelle est donc l’atmosphère au sein du pouvoir assassin, avec ces troubles qui s’étendent et le pétrole à 45 dollars ?

El-bouligua intégrale khou, celle qui fait danser un twist endiablé… comme si nous avions le feu au derrière et que nous étions en même temps pourchassés par une meute de rottweilers en furie…

Mounir Sahraoui
14 janvier 2015

Comments are closed.

Exit mobile version