Chers Ghozali, Hamrouche et Benflis,

Je vous écris ces quelques lignes rouges pour vous souhaiter une bonne année 2015. Qu’elle soit pour vous pleine de bonheur, de méditation, d’introspection et de silence. Vous avez le droit à un avocat, et l’obligation de garder le silence, car tout ce que vous dites peut être retenu contre vous devant un tribunal militaire, seul habilité à statuer dans les questions de haute trahison et d’intelligence avec l’ennemi.

Parlant d’intelligence, je dois vous dire que j’ai trouvé particulièrement bêtes vos appels en ma direction afin que l’ANP dégage Boutef et vous mette à sa place. Vous voulez restaurer la démocratie ? Soit ! Moi aussi il faut me restaurer, car j’ai faim ya bouguelb ! Sardjane Bouras ! Il est 10 heures, amène mon sandwich. Miam, miam, délicieux ce méchoui, il manque un peu de graisse, mais sinon, miam, miam…

Ecoutez : Il vous faut respecter l’ANP, et surtout préserver sa stabilité. Vous savez, quand un chef d’état-major pèse 160 kg, et qu’il est debout en train de dévorer son sandwich de 30 kg, il faut faire gaffe à sa stabilité, car s’il tombe, surtout sur des gens chétifs comme vous, il y aura forcément des dégâts irréparables. Il faut ensuite s’abstenir d’essayer d’impliquer l’ANP dans les questions politiques. Les généraux ne font pas de politique, ils font des affaires, et il ne faut donc pas les distraire de leurs commissions constitutionnelles. Boutef est légitime, tout comme vous étiez légitimes quand vous étiez premiers ministres. Si vous persistez à le trouver illégitime, car nommé par les généraux, il faut par tautologie accepter que vous étiez tout aussi illégitimes du temps de votre splendeur, et dans ce cas, je crois que vous êtes passibles de la peine de mort, sinon plus…

C’est sûr que le pouvoir vous démange, mais d’après le code de la déroute, il ne peut y avoir qu’un seul passager dans un fauteuil roulant présidentiel. Boutef est certes malade, mais vous autres aussi. En effet, il faut être vraiment malade pour me demander de balancer Boutef avec son fauteuil hors d’El Mouradia. Pourquoi le ferais-je ? Pour vos beaux yeux ? Allons ! Lui est sympa, il me reçoit souvent, même quand il est dans son hôpital à Paris, et il me laisse faire tout le business que je veux avec mes amis russes pour écouler leurs Sukhoi avariés sur le marché algérien. Voyez-vous, il ne dit jamais « non ». Il ne dit pas « oui » non plus, mais quand il hoche la tête dans n’importe quelle direction, il parait que cela veut dire « fais ce que tu veux ya ejjeune !». Enfin, je le prends comme ça, et il ne m’a jamais contredit à ce jour…

Pour finir, sachez que l’Algérie est confrontée à de nombreux défis sur le plan militaire et sécuritaire, ce qui nécessite la fermeture des bouches civiles trop bavardes, et la posture garde- à-vous de tous ceux qui ont gouté aux délices du pouvoir, mais qui, à cause du mauvais œil qui les poursuit, ne peuvent malheureusement plus faire un autre tour de manège…

Mounir Sahraoui
18 décembre 2014

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