Désormais, le projet du FFS est clair. Aux mauvaises langues qui chipotent sur tel ou tel détail, les résolutions du conseil national du FFS du 9 août 2014 lèvent toutes les ambiguïtés. En fait, la démarche consiste à réunir autour d’une même table les acteurs de la scène politique nationale. Pour le membre de l’instance présidentielle du FFS, Mohand Amokrane Cherifi, « le consensus que propose le FFS n’est pas défini à l’avance par un programme ou une plateforme. Il est à construire par toutes les parties prenantes. La conférence que propose le FFS est une occasion pour tous les acteurs de faire leur proposition. »

En ce sens, on peut dire que la démarche du FFS diffère littéralement de celles qui sont entreprises par d’autres opposants –pour la plupart, ils ont été des alliés du pouvoir dans un passé pas si lointain –en vue de sortir le pays de la crise. On est même tenté de dire que ces acteurs politiques cherchent un consensus partiel. Quant à la démarche du pouvoir qui consiste à doter le pays d’une nouvelle constitution en demandant au mieux l’avis de l’opposition, force est de reconnaitre que son arrogance risque de mener le pays à la catastrophe. Bien qu’il se dise prêt à dialoguer avec l’opposition, il est difficile, en l’état actuel de chose, de croire à la bonne foi du régime. Cela dit, s’il accepte de se joindre à la conférence que projette d’organiser le FFS, ce sera un grand pas vers la solution de la crise politique qui cloue le pays au sol depuis belle lurette.

En tout cas, en s’excluant mutuellement, les deux démarches, celle de la CNTLD et celle du régime, ne peuvent aboutir. Or, pour le FFS, l’opposition et le pouvoir, auxquels il faut associer la société civile, doivent amorcer un dialogue sans exclusive. Doté d’un capital de crédibilité –cette initiative aurait eu encore plus de chance d’aboutir s’elle avait été entreprise sous la présidence de Hocine Ait Ahmed –, le FFS est le mieux placé pour réunir les différents courants politiques autour d’une même table. D’autant plus que l’objectif du parti est de « jouer le rôle de facilitateur entre toutes les parties à l’occasion de la conférence nationale sur le consensus. » D’ailleurs, il n’y a aucun préalable à la tenue de cette conférence si ce n’est celui de son caractère inclusif. Ce consensus « sera construit par l’ensemble des parties, dans un cadre neutre, transparent permettant à chaque acteur, du système et de l’opposition, d’avancer ses propositions pour une meilleure gouvernance du pays sur le plan politique, économique, social, culturel et environnemental », lit-on dans la déclaration du conseil national du FFS du 9 août 2014.

Toutefois, pour que la conférence sur le consensus réussisse, il faudrait que tous les efforts tendent vers une seule préoccupation : placer les intérêts de l’Algérie avant toute autre considération. Pour ce faire, chaque partie devra écouter les autres points de vue et ne pas faire de ses propositions un projet sur lequel doivent s’aligner les autres participants. « Pour éviter un échec, l’élaboration du programme doit être un travail commun des parties prenantes de la conférence », recommandent les membres du conseil national du FFS. De la même manière, bien qu’il faille parvenir à élaborer une plateforme consensuelle, cela ne signifie pas, selon les membres du conseil national du FFS, « ni la perte d’autonomie des acteurs, ni la fin de la compétition politique encore moins l’abandon de toute opposition. »

Pour conclure, il va de soi que la solution à la crise politique algérienne passe indubitablement par le dialogue. C’est ce que s’attelle de réaliser le FFS. Pour ceux qui voient un quelconque revirement, ne faut-il pas rappeler que cette devise a été mise en place par l’emblématique chef historique, Hocine Ait Ahmed. D’ailleurs, s’il y a une seule chose à regretter, c’est que le projet ne soit pas porté personnellement par l’un des hommes les plus probes d’Algérie. Malgré cette absence, la conférence aura toutes les chances de réussite si le pouvoir ne saborde pas cette énième initiative de l’opposition. Dans ce cas, le pouvoir sera le seul responsable devant l’histoire. Mais, si le pouvoir accepte de se joindre à la conférence au même titre que les autres acteurs, l’Algérie inaugurera alors une nouvelle ère porteuse de changement. Et c’est à ce moment-là que l’on pourra parler de la restitution progressive du pouvoir au peuple algérien.

Boubekeur Ait Benali
18 août 2014

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