« Nous aurions même, plus modestement, pu être occupés par un débat sur les modes de scrutin ou les prérogatives institutionnelles de telle ou telle assemblée et cela n’aurait pas été déprimant compte tenu de l’évolution permanente des conditions de l’exercice politique et démocratique à travers le monde et l’histoire », message de Hocine Ait Ahmed, le 17 février 2012.
Cet extrait résume à lui seule l’échec du régime algérien à instaurer la démocratie en Algérie. Bien que la pratique démocratique ne soit pas un luxe à l’aune du XXIème siècle, force est de reconnaître que les conséquences de l’usurpation du pouvoir en 1962 se ressentent jusqu’à nos jours. Et le maintien d’une façade démocratique, notamment depuis la pseudo ouverture politique, génère des tensions à chaque moment décisif de notre histoire, à l’instar du rendez-vous électoral du 17 avril prochain. Ce dernier, qui doit a priori renforcer la légitimé des institutions ne semble pas susciter l’adhésion des Algériens. L’animateur des meetings du candidat Abdelaziz Bouteflika en sait surement quelque chose. En fait, les Algériens –comme c’est le cas de tous les peuples –n’aiment pas qu’on les ridiculise.
En fait, en phagocytant toutes les organisations, le régime algérien croit –à tort évidemment –se pérenniser en réduisant le processus démocratique à sa seule dimension électorale. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis le coup d’Etat de janvier 1992, les élections ne donnent pas lieu à un débat sur les grandes orientations du pays. A chacun de ces rendez-vous, le vainqueur est connu d’avance. A ce titre, celui du 17 avril prochain ne dérogera pas à la règle. « Le FFS tout comme l’opinion publique ont refusé de s’inscrire dans ce scrutin car ses résultats sont connus d’avance », plaide le premier secrétaire, Ahmed Betatache.
De toute évidence, bien que les représentants du régime claironnent leur attachement à la démocratie, les Algériens, hormis bien sur une clientèle qui s’élargit de plus en plus, ne font pas confiance à ce régime. Hélas, ce fossé conduit dans certains cas à des échanges violents. Mais, peut-on bâtir des institutions irréprochables en recourant à la force ? C’est à cette question que tente de répondre l’instance présidentielle du FFS dans un document rendu public le 7 avril 2014. « Sur certaines questions d’intérêt national, un consensus sur les politiques à mener est d’une importance vitale pour faire renaître la confiance », préconise-t-elle. En plus, pour les amnésiques, cette ligne politique n’est pas dictée par l’agitation actuelle. Lors du 5ème congrès, tenu en main 2013, le FFS a plaidé, rappelons-nous, pour la nécessité d’un consensus national.
De la même manière, à plusieurs reprises, le FFS a mis en exergue l’impérieuse nécessité de parvenir à une entente entre les acteurs politiques en vue de concrétiser un changement sans heurts. N’était-il pas d’ailleurs le sens de la participation tactique du FFS aux élections législatives de mai 2012 ? Malheureusement, la campagne de déstabilisation de la presse et les atermoiements de la classe politique ont retardé l’aboutissement de ce projet. Est-il encore trop tard ? Pour la direction du FFS, l’espoir est toujours permis, pour reprendre l’expression de l’ancien président emblématique du FFS, Hocine Ait Ahmed. Enfin, la transition à laquelle appelle le FFS est celle qui doit permettre la restitution du pouvoir au peuple. Et pour peu qu’on aille dans ce sens, toutes les contributions sont les bienvenues, comprend-on en lisant le document déjà cité. Allant dans le même sens, le député Arezki Derguini n’a pas tort de signaler qu’un tel « consensus ne peut être construit sans le consentement de l’Etat-DRS ». « Chacun connait sa capacité de nuisance et ses ressources », poursuit-il.
Pour conclure, il va de soi que la position du FFS se situe en dehors des luttes pour le pouvoir. Cela dit, en se démarquent du faux rendez-vous électoral du 17 avril, le FFS ne se désintéresse pas de l’avenir du pays. C’est le sens que l’on peut donner à sa proposition de construction d’un consensus national pour alternative pacifique. Pour être au diapason des attentes citoyennes, il faudra que le parti parvienne à ressembler toutes les énergies en vue de construire un projet national viable. Pour l’instance présidentielle, « le but est de parvenir à définir ensemble un certain nombre de règles permettant un meilleur fonctionnement de l’Etat et des institutions acceptées et respectées par tous. » ainsi, et de façon définitive, les institutions ne seront plus prises en otage par les aventuriers.
Boubekeur Ait Benali
12 avril 2014